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Les consommateurs sont en recherche permanente de transparence et d’informations relatives aux produits alimentaires. Malgré le règlement INCO introduisant des mesures d’étiquetage obligatoire au sein des pays de l’Union Européenne, les consommateurs sont souvent perdus dans l’interprétation des valeurs nutritionnelles et de la liste d’ingrédients d’un produit, en particulier lorsqu’il s’agit de faire des choix. Le produit est-il bon pour la santé ? Comporte-t-il des additifs alimentaires ? Est-ce un bon choix pour l’environnement ?
C’est dans ce contexte que des scores émergent, visant à synthétiser les informations relatives aux produits alimentaires. Le NutriScore a lancé ce mouvement, visant lui-même à résumer de manière simple ce qui figure déjà sur l’emballage. Depuis, de nombreux scores se sont développés, étant eux-mêmes facilités par l’usage du digital et des applis pour smartphone permettant de scanner les produits alimentaires. Tour d’horizon non exhaustif des différents scores présents aujourd’hui en France, selon trois dimensions : qualité nutritionnelle, degré de transformation et environnement.
Scores nutritionnels
Historiquement, la nutrition humaine s’est focalisée sur le rôle majeur des nutriments sur la santé humaine ; les recommandations nutritionnelles de divers pays, préconisant de consommer certains nutriments, ou au contraire d’en limiter d’autres, découlent de ces travaux. C’est dans cette continuité que les scores nutritionnels, qui reflètent la qualité nutritionnelle d’un produit, ont été développés. À l’échelle européenne, aucun score n’est aujourd’hui obligatoire. Cependant, les choses pourraient prochainement changer, la Commission Européenne travaillant actuellement sur un score nutritionnel unique dans le cadre de la révision du règlement 1169/2011.
En dépit de tous ces travaux de recherche, peu de scores nutritionnels existent à ce jour. Le Nutri-Score fait figure de leader, en France mais aussi à l’échelle européenne. Mis en place depuis 2017 en France sur la base des travaux de l’équipe du Pr. Serge Hercberg, le Nutri-Score est un logo apposé sur la face avant des emballages pour informer sur la qualité nutritionnelle des produits, sous une forme simplifiée et complémentaire à la déclaration nutritionnelle obligatoire. Le Nutri-Score s’appuie donc sur des éléments qu’il est obligatoire de déclarer. L’algorithme du Nutri-Score, transparent et utilisable par tous, peut être amené à évoluer : récemment, le comité de pilotage transnational a publié une mise à jour de l’algorithme, pour tenir compte des dernières connaissances scientifiques sur le sujet. A ce jour, de nombreuses applis s’appuient sur le Nutri-Score pour évaluer la qualité nutritionnelle des produits : Yuka, Open Food Facts, MyLabel, Scan’Up, etc.
Les travaux actuels de la Commission Européenne font émerger certaines alternatives, moins connues en France. C’est le cas du Nutrinform Battery, qui est défendu par le gouvernement italien face au Nutri-Score.
Scores de degré de transformation
Le degré de transformation des aliments prend une place de plus en plus grande, tant sur le plan scientifique que sur le plan des attentes consommateurs. Le Programme National Nutrition-Santé 2019-2023 préconise ainsi de réduire de 20% (apports en énergie totale) la part des aliments ultra-transformés. Le score NOVA, développé au Brésil par Carlos Monteiro dès 2009, fait figure de référence en la matière. Bien que présentant de nombreux défauts, la classification NOVA a en effet été la plus utilisée par les chercheurs pour établir un lien entre degré de transformation des aliments et santé humaine. En conséquence, les applis Open Food Facts, Scan’Up et MyLabel ont recours à cette classification pour informer les consommateurs.
D’autres scores évaluant le degré de transformation d’un aliment existent, mais ne bénéficient pas d’autant de travaux de recherche étayant leur pertinence. Le score SIGA est ainsi en vue à l’échelle de la France. Toujours en France, et plus récemment, l’entreprise GOÛM a développé, avec Scan’Up, une allégation « Ingrédients simples », pour indiquer la présence d’un aliment simplement transformé, qui serait donc compatible avec une bonne santé humaine.
Scores environnementaux
L’aspect environnemental est une autre dimension émergente lorsqu’on parle d’alimentation. La discipline étudiant le lien entre alimentation et santé de la planète (parfois appelée « nutri-écologie ») n’en est qu’à ses débuts, mais déjà des scores non obligatoires sont en place. Par ailleurs, de plus en plus de travaux de recherche suggèrent une corrélation entre le degré de transformation d’un aliment et son impact sur la planète : plus un aliment est transformé, moins son impact sur la planète serait bon.
Pour l’heure, l’Eco-Score et le Planet Score sont les scores plus connus à ce jour : tous les deux présentent cinq modalités, reprenant ainsi les codes couleur définis par le Nutri-Score. L’ADEME joue un rôle actif dans la méthodologie des deux scores. Des différences de notation existent cependant, les deux scores ne s’appuyant pas exactement sur les mêmes critères.
L’Eco-Score des aliments est référencé sur Open Food Facts, Scan’Up ainsi que sur Yuka.
Scores « mixtes »
Par définition, les scores mixtes visent à combiner plusieurs dimensions d’un aliment, pour évaluer sa qualité globale. Yuka est le premier score mixte à avoir été développé, et à bénéficier d’une grande visibilité auprès des consommateurs. En effet, dans son algorithme appliqué aux denrées alimentaires, la qualité nutritionnelle représentée par le Nutri-Score représente 60% de la note Yuka ; viennent ensuite les additifs (30%), ainsi que la dimension biologique (10%). L’entreprise INNIT propose une notation très similaire, du moins en ce qui concerne les pondérations accordées à la qualité nutritionnelle, aux additifs et aux produits bio.
D’autres scores ont été développés dans la continuité de Yuka, en mettant en avant une alimentation personnalisée : libre au consommateur de prioriser ses critères de choix (importance de la qualité nutritionnelle, ou bien de l’aspect environnemental par exemple), de manière à avoir une note « adaptée ». C’est tout le sens de la démarche de MyLabel, mais aussi du score INNIT : en plus de la pondération décrite plus haut, le score est personnalisé selon le genre et les préférences de consommation.
Au-delà de ces scores existants, d’autres sont à l’état d’ébauche, faisant pour le moment l’objet de travaux de recherche avant de lancer des tests grandeur nature. Récemment, les équipes du Pr. Serge Hercberg ont testé un « Nutri-Score 2.0 » combinant Nutri-Score et score NOVA. Comme évoqué plus haut, ce nouveau score répond à la volonté de prendre plusieurs dimensions en compte pour juger de la qualité globale d’un aliment. Dit autrement, la qualité nutritionnelle d’un aliment serait nécessaire, mais pas suffisante, pour juger de son impact global.
Conclusion et perspectives
Les critères de jugement d’un aliment se multiplient depuis plusieurs années, et il n’est pas certain que cette hausse de critères et de scores aide les consommateurs à y voir plus clair. L’historique d’usage a un rôle prépondérant, expliquant pourquoi le Nutri-Score et la note Yuka se démarquent des autres scores en étant connus et utilisés par les consommateurs. Enfin, toujours dans un objectif de mise en avant de certains scores, la démonstration de la pertinence scientifique est très importante : de ce point de vue, le Nutri-Score et le score NOVA ont une grande longueur d’avance.