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Deux macronutriments sont ciblés par la plupart des régimes amaigrissants : les lipides de manière historique, et les sucres suite aux travaux de recherche suggérant une responsabilité de ces derniers dans l’épidémie d’obésité. Sur le plan métabolique, il est acquis que les deux types de restriction ne vont pas agir de la même manière, comme le montrent les différents essais cliniques (qui ne permettent pas pour autant de déterminer quel régime est le meilleur). En ce qui concerne l’aspect cérébral, les choses sont moins claires, du moins chez l’Homme : les études pré-cliniques sur rongeurs (rats, souris) existent, et suggèrent que ces deux macronutriments impactent différemment la sécrétion de dopamine, l’hormone procurant une sensation de plaisir et qui peut influer sur les choix alimentaires.

Pour explorer la situation chez l’Homme, les auteurs de cette étude ont recruté 17 volontaires obèses. Chaque volontaire a effectué deux conditions expérimentales dans un ordre aléatoire : restriction en glucides, ou bien restriction en lipides, les deux périodes étant séparées par quelques jours de wash-out. Les deux conditions expérimentales se décomposent de la façon suivante : un régime standardisé pendant 5 jours, puis restriction (lipidique ou glucidique) pendant 6 jours, et enfin 3 jours d’alimentation libre où les volontaires pouvaient consommer la quantité désirée parmi certains aliments. Des mesures ont été effectuées dans chaque condition expérimentale : d’abord à la fin de la période des 5 jours de régime standardisé, puis à la fin de la période de restriction. Ces mesures sont les suivantes : mesure de l’activité cérébrale par IRM fonctionnelle, suite à la présentation d’images montrant divers aliments, et mesure de la quantité de récepteurs à la dopamine à l’aide de traceurs et d’un PET-scan. Enfin, sur la période de trois jours d’alimentation libre, les chercheurs ont mesuré les quantités d’énergie consommées, ainsi que le type d’aliments consommés.

Les chercheurs ont fait l’hypothèse que la restriction en glucides impacterait plus l’activité cérébrale, que la restriction en lipides. C’est pourtant l’inverse qui a été constaté : en effet, par rapport à la situation initiale, la restriction en lipides conduit à une diminution de l’activité cérébrale (mesurée par IRM), ainsi qu’à une diminution des récepteurs à la dopamine (mesurée par le PET-scan). Aucun effet de la restriction en glucides sur ces deux paramètres n’est constaté. De manière concordante, les deux restrictions n’ont pas eu le même effet sur les aliments consommés pendant les trois derniers jours de condition expérimentale : si le nombre d’extra-calories par rapport aux besoins n’a pas varié entre les deux conditions expérimentales, les chercheurs ont noté une plus grande consommation d’aliments riches en sucres et en lipides, ainsi que de boissons sucrées dans le groupe restreint en lipides, que dans le groupe restreint en glucides.

Dans leur ensemble, ces résultats montrent qu’une restriction en lipides ou en glucides, à énergie équivalente, n’a pas le même impact au niveau du cerveau : la restriction en lipides conduit à une diminution de l’activité cérébrale, une moindre quantité de récepteurs de la dopamine, pour finalement impacter qualitativement la prise alimentaire subséquente à cette restriction. Toutes les calories ne se valent donc pas et, dans la perspective du fameux effet yo-yo bien connu dans le cas des régimes, ces résultats sont intéressants : ils suggèrent qu’une restriction en lipides conduit à une plus grande facilité à « craquer » sur des aliments procurant un sentiment de récompense, comparativement à une restriction en glucides. Cette interprétation est tentante, mais est à prendre avec prudence, car même si les volontaires étudiés sont effectivement obèses (donc plus à mêmes de faire un régime que des personnes saines), l’étude reste de très court terme.  

 

Dietary fat restriction affects brain reward regions in a randomized crossover trial.

Article publié le 22 juin 2023 dans JCI Insight.

Lien (open access) : https://doi.org/10.1172/jci.insight.169759