Cet article est PREMIUM, et nécessite un abonnement payant pour lire la suite

Je m’identifie
Créer mon compte

Créez votre compte dès maintenant puis contactez-nous pour accéder aux articles Premium et/ou Lettre Export.

Inscription

Temps estimé - 5 min

Les additifs alimentaires, quelle que soit leur fonctionnalité, sont extrêmement pointés du doigt actuellement. En cause tout particulièrement : l’incertitude d’effets délétères suite à une consommation à long terme. En effet, le panel d’experts de l’Autorité Européenne de Sécurité des Aliments (Efsa) évalue surtout la toxicité aigüe des additifs, dans la mesure où des études sur ce thème sont disponibles. Au contraire, les études de long terme sur les additifs alimentaires sont peu fréquentes.

Les édulcorants intenses n’échappent pas à la règle, ce qui est paradoxal. En effet, les édulcorants intenses font partie des additifs pour lesquels l’on dispose de la littérature scientifique la plus abondante concernant les risques dits « nutritionnels », c’est-à-dire de bas bruit, et qui s’exprimeront dans la durée (par exemple diabète de type 2, obésité, etc.).

En 2014, l’étude de Suez, publiée dans la revue Nature, avait fait beaucoup de bruit en jetant le doute sur le sucralose (E955) : celui-ci était soupçonné d’altérer la composition du microbiote, créant ainsi un terrain favorable pour le diabète de type 2 et l’obésité. Dans cette étude, des chercheurs canadiens ont souhaité vérifier cette hypothèse sur le plan clinique. Pour cela, 17 volontaires ont suivi pendant 2 semaines une alimentation enrichie soit en sucralose (0,425 g/jour, soir 14% de la DJA en vigueur), soit en aspartame (0,136 g/jour, soir 20% de la DJA en vigueur). Les compositions du microbiote, évaluées à partir des matières fécales des volontaires, ont été comparées entre le début de l’intervention et la fin de l’intervention, pour visualiser l’éventuel impact des deux additifs.

Les résultats sont d’autant plus intéressants qu’ils contredisent les hypothèses émises en 2014 : à savoir qu’aucun des deux additifs n’a changé de manière significative la composition du microbiote. De manière concordante, aucun changement n’a été détecté concernant les quantités d’acides gras à chaîne courte (SCFA), métabolites produits par les bactéries « bénéfiques » et associées à des bénéfices santé.

Ces résultats sont concordants avec une absence de changements cliniques constatés dans la même étude (voir l’autre publication ci-dessous). Il faut cependant souligner la courte durée de l’étude (2 semaines), qui n’est peut-être pas suffisante pour pouvoir observer des effets significatifs sur le microbiote intestinal, s’ils existent. Cette étude illustre en tout cas la difficulté de transposition des résultats obtenus chez la souris (2014) vers l’Homme, et tout particulièrement concernant le microbiote intestinal qui diffère d’une espèce à l’autre. En fin de compte, cette étude va dans le sens des conclusions de l’Anses de 2015 à propos des édulcorants intenses : plus de travaux de recherche doivent être effectués, pour tirer des conclusions sur les risques nutritionnels (diabète de type 2, obésité, maladies caradiovasculaires).

 

The Effects of Non-Nutritive Artificial Sweeteners, Aspartame and Sucralose, on the Gut Microbiome in Healthy Adults: Secondary Outcomes of a Randomized Double-Blinded Crossover Clinical Trial.

Article publé le 6 novembre 2020 dans Nutrients.

Lien (open access) : https://doi.org/10.3390/nu12113408

 

Lire également les autres résultats cliniques (absence d’effets délétères liés aux deux édulcorants) de cette étude : The effect of the artificial sweeteners on glucose metabolism in healthy adults: a randomized, double-blinded, crossover clinical trial.

Lien (accès restreint) : https://doi.org/10.1139/apnm-2019-0359