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On estime que 700 millions de personnes dans le monde sont impactées par les maladies rénales chroniques. Plusieurs dysfonctionnements constituent des facteurs de risques pour les maladies rénales chroniques : l’hypertension bien sûr, mais aussi la rigidité artérielle et la dyslipidémie. Précisément, les acides gras oméga-3, et tout particulièrement les oméga-3 à chaîne longue comme l’EPA et le DHA, sont régulièrement associés à des bénéfices vis-à-vis de ces trois facteurs de risque. En fin de compte, on peut faire l’hypothèse selon laquelle un lien protecteur pourrait exister entre l’apport en ces acides gras, et le risque de maladie rénale chronique.

Cette étude a été conduite dans le cadre du consortium FORCE, qui s’attache à regarder sur plusieurs cohortes le lien entre acides gras et maladies chroniques. Dans cette optique, les chercheurs ont poolé les données de 19 études de cohortes comportant des données sur le diagnostic de maladies rénales chroniques des différents participants ; ce qui représente un peu moins de 26 000 personnes au total. En parallèle, les acides gras circulants ont été analysés chez toutes ces personnes : cette méthode permet non seulement d’être plus précis sur l’apport en oméga-3 chez ces personnes comparativement à un questionnaire alimentaire classique, mais elle permet aussi de différencier les différents acides gras oméga-3. Ainsi, les chercheurs ont pu étudier séparément les cas de l’acide α-linolénique (ALA), de l’EPA, du DPA n-3 (acide docosapentaénoïque n-3), et du DHA.

Deux résultats principaux émergent de la méta-analyse effectuée sur les 19 études de cohorte. Le premier concerne les oméga-3 à chaîne longue, c’est-à-dire le total cumulé de l’EPA, du DPA n-3 et du DHA : plus ce total est élevé, moins le risque de maladies rénales chroniques est faible. Ce résultat n’était pas forcément attendu car, chaque étude prise séparément, un effet neutre des oméga-3 à chaîne longue est retrouvé ; c’est la force de la méta-analyse et du pool des résultats qui fait globalement ressortir un effet significatif. Le second résultat principal concerne l’ALA : un effet global neutre est retrouvé vis-à-vis du risque de maladies rénales chroniques. En fin de compte, l’étude dissocie les oméga-3 entre le précurseur (ALA) et ceux à longue chaîne (EPA, DPA et DHA), dérivés de ce même précurseur.

C’est la toute première étude de cette ampleur à montrer un lien entre oméga-3 à chaîne longue et moindre risque de maladies rénales chroniques. Les chercheurs estiment que ces résultats, même s’ils ne prouvent évidemment pas de lien de causalité, sont globalement cohérents avec les recommandations nutritionnelles soulignant un effet protecteur des oméga-3 à chaîne longue. Pour autant, les quelques essais cliniques menés jusqu’à présent montrent peu, voire pas de bénéfices des oméga-3 à longue chaîne sur la fonction rénale. Cette contradiction entre prévention des facteurs de risque des maladies rénales chroniques, et flou sur les effets directs des oméga-3 sur la fonction rénale, mérite donc plus d’attention, et nécessitera sans doute plus de travaux de recherche ; pas nécessairement cliniques, mais surtout mécanistiques, pour mettre en avant le rôle physiologique des oméga-3 à chaîne longue sur la fonction rénale.

 

Association of omega 3 polyunsaturated fatty acids with incident chronic kidney disease: pooled analysis of 19 cohorts.

Article publié le 18 janvier 2023 dans The BMJ.

https://doi.org/10.1136/bmj-2022-072909