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Le jeûne et les restrictions alimentaires ont une certaine popularité depuis longtemps, en particulier lorsqu’il s’agit de la perte de poids. Partant du constat que nous consommons trop d’énergie, de nombreux régimes ont gagné en popularité en préconisant des apports caloriques très réduits, avec la promesse d’une perte de poids cliniquement visible.

Au-delà du jeûne, une théorie très populaire consiste à n’autoriser les consommations alimentaires que pendant une certaine période de la journée : c’est le jeûne intermittent. La version la plus en vue du jeûne intermittent correspond à une période entre 8h00 et 16h00, période pendant laquelle les consommations alimentaires sont autorisés ; ces consommations sont interdites en dehors. La popularité du jeûne intermittent provient d’une étude menée en 2012 sur des souris, suggérant qu’une restriction sur une plage horaire de 8h était efficace en termes de poids. Les anecdotes sur internet existent. Cependant, peu, ou pas d’études, n’ont en revanche testé l’effet additionnel de cette plage horaire sur la perte de poids.

Cette étude chinoise a recruté au total 139 personnes obèses, qui ont été réparties en deux groupes : le premier groupe n’a eu qu’une restriction calorique à appliquer, et le second une restriction calorique mais avec des plages horaires bien précises pour manger (i.e., consommations alimentaires autorisées seulement entre 8h00 et 16h00). Cette restriction calorique a duré pendant 1 an, avec des consommations chiffrées entre 1500 et 1800 kcal, et 1200 et 1500 kcal pour les hommes et les femmes, respectivement. Les chercheurs se sont focalisés en premier lieu sur le poids : la variation de poids a donc constitué le premier critère de jugement principal dans cette étude. Les seconds critères utilisés correspondaient à l’IMC, au tour de taille, et d’autres paramètres cardio-métaboliques.

Le principal résultat concerne donc la variation de poids. Dans les deux cas, les participants ont en moyenne perdu du poids : -8 kg dans le groupe soumis à des plages horaires, contre -6,3 kg dans le groupe contrôle. Cependant, aucune différence significative n’est détectée entre les deux groupes. Concernant les critères secondaires de jugement, là aussi, aucune différence significative n’a été constatée.

Dans la mesure où il n’y a aucune différence significative entre les deux groupes sur la perte de poids, les auteurs concluent qu’il n’y a aucun bénéfice du jeûne intermittent. Pour autant, le débat reste ouvert sur les 1,7 kg de différence entre les deux groupes, que certains pourraient considérer comme pertinents sur le plan clinique. Au-delà de la moyenne, un raisonnement individuel peut être plus pertinent : les individus ayant de longues plages horaires ont sans doute une marge d’amélioration (et sont sans doute plus sensibles à cette intermittence), par rapport aux individus ayant une vie déjà bien cadrée et donc des plages horaires restreintes pendant lesquelles les aliments sont consommés. Gardons en tête que la population utilisée dans cette étude n’est pas une population occidentale, qui aurait typiquement de grandes amplitudes dans les plages horaires de consommations alimentaires.

 

Calorie Restriction with or without Time-Restricted Eating in Weight Loss.

Article publié le 21 avril 2022 dans The New England Journal of Medicine.

Lien (accès restreint) : https://doi.org/10.1056/NEJMoa2114833

 

Lire également l’éditorial associé.

Calorie and Time Restriction in Weight Loss.

Article publié le 21 avril 2022 dans The New England Journal of Medicine.

Lien (accès restreint) : https://doi.org/10.1056/NEJMe2202821