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La prise en charge de la dénutrition, aussi bien en France que dans d’autres pays du monde, préconise le recours aux compléments nutritionnels oraux (CNO) afin de répondre aux besoins nutritionnels accrus des personnes âgés. En particulier, les besoins énergétiques et protéiques sont plus élevés pour ces populations. L’alimentation courante ne permettant pas d’assurer de tels besoins, ceci justifie le recours à des produits particuliers, respectant la règlementation pour les Denrées Alimentaires Destinées à Des Fins Médicales Spéciales (DADFMS) au sein de l’Union Européenne.

Dans cet article de réflexion, qui ne présente pas de résultats de recherche originale, des chercheurs américains s’interrogent : les CNO étant souvent des aliments ultra-transformés, y a-t-il un réel bénéfice à les prescrire et à les consommer ? Il est vrai que jusqu’à présent, les fondateurs de la classification NOVA avaient épargné les produits de nutrition médicale, se focalisant surtout sur les produits d’alimentation courante. Pour autant, comme le font remarquer les auteurs de l’étude, plusieurs marqueurs d’ultra-transformation se retrouvent aussi dans les CNO : protéines isolées et purifiées, vitamines et minéraux isolés, mais aussi sucres transformés, et parfois additifs.

Partant des recommandations nutritionnelles américaines, les auteurs s’interrogent sur la compatibilité des CNO avec ces recommandations ; oubliant au passage que ces recommandations sont d’abord destinées à une population en bonne santé, ce qui n’est pas le cas de personnes atteintes de dénutrition. Ensuite, méta-analyses à l’appui, les auteurs suggèrent que le bénéfice clinique des CNO n’est pas totalement certain. Les méta-analyses montrent parfois des effets mitigés des CNO par rapport à une alimentation classique, sur l’état de dénutrition ; mais dans le même temps, les auteurs soulignent les bénéfices des CNO denses en énergie, ce que permet précisément l’ultra-transformation des produits. Évoquant enfin le microbiote intestinal, les auteurs affirment que la consommation des CNO conduit à une alimentation moins riche en végétaux, qui réduirait la diversité du microbiote intestinal. Les additifs sont également pointés du doigt, en rappelant les quelques études montrant un impact de certains additifs sur le microbiote intestinal.

Malgré quelques approximations, l’article soulève néanmoins une question scientifique pertinente sur les CNO, et plus généralement les DADFMS ciblant d’autres pathologies. Il s’agit à notre connaissance du tout premier article sur le sujet. De ce point de vue, il est urgent de comprendre par quel(s) mécanisme(s) les aliments ultra-transformés agissent : en particulier, si certains ingrédients comme les fibres, vitamines/minéraux, ou protéines isolées, sont à blâmer ou non. Par ailleurs, les études sur les populations particulières étant assez difficiles, il ne faudra pas s’attendre à disposer de données spécifiques ; tout devra être extrapolé à partir des données sur la population générale.

 

Recommending ultra-processed oral nutrition supplements for unintentional weight loss: Are there risks?

Article publié le 26 octobre 2022 dans Nutrition in Clinical Practice.

Lien (open access) : https://doi.org/10.1002/ncp.10921