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En 2022, l’ANSES s’est autosaisie pour réévaluer les risques sanitaires associés à la consommation de réglisse, en particulier ceux liés à l’acide glycyrrhizique (ou glycyrrhizine), son principal composé actif. Celui-ci est naturellement présent dans les racines de Glycyrrhiza glabra L. et Glycyrrhiza uralensis Fisch., autorisées dans les compléments alimentaires en France, et est aussi utilisé comme arôme alimentaire (E958) dans diverses denrées : confiseries, boissons, tisanes, compléments alimentaires.
L’acide glycyrrhizique et son sel d’ammonium ont fait l’objet d’avis de l’EFSA en 2008 et en 2015, dans le cadre de la réglementation des arômes, sans définir de dose journalière admissible (DJA).
L’arrêté plante du 24 juin 2014 autorise la consommation des racines, rhizomes et stolons des espèces Glycyrrhiza glabra L. et Glycyrrhiza uralensis Fisch, et fixe une limite maximale de consommation journalière à 100 mg d’acide glycyrrhizique.
Sur les dix dernières années, 107 cas d’effets indésirables ont été recensés en nutrivigilance. La récurrence des signalements et la sévérité de certains d’entre eux a conduit l’ANSES à lancer une étude observationnelle rétrospective des cas d’intoxication à l’acide glycyrrhizique présent dans les denrées alimentaires recensés par les centres antipoison.
En l’absence de NOAEL ou de relation dose-réponse robuste, l’ANSES a établi une valeur toxicologique indicative (VTi) à court terme pour l’acide glycyrrhizique à 0,14 mg/kg pc/j, soit 10 mg/j pour un adulte de 70 kg. Cette VTi vise à prévenir les effets cardiovasculaires, notamment le pseudohyperaldostéronisme, qui se manifeste par une élévation de la pression artérielle et une hypokaliémie.
Exposition
Selon l’avis de l’ANSES, l’exposition moyenne de la population générale reste globalement faible :
- 0,07 mg/kg pc/j chez l’adulte,
- 0,009 mg/kg pc/j chez l’enfant.
Cependant, 60 % des adultes et plus de 40 % des enfants consommateurs de réglisse dépassent la VTi, principalement par la consommation de pastis (avec ou sans alcool), de confiseries, et de tisanes digestives.
Recommandations de l’ANSES
- Pour les consommateurs :
– Éviter le cumul des sources de réglisse (boissons, tisanes, confiseries, compléments).
– Consulter un professionnel de santé en cas de traitement médicamenteux ou de pathologie (HTA, insuffisances cardiaque, hépatique ou rénale, troubles hydroélectrolytiques).
– Ne pas consommer de compléments contenant de la réglisse plus de 4 semaines sans avis médical. - Pour les professionnels de santé :
– Interroger les patients vulnérables sur leur consommation de réglisse sous toutes ses formes. - Pour les fabricants :
– Déclarer tout effet indésirable observé.
L’ANSES recommande que les compléments alimentaires :
- soient réservés à l’adulte,
- soient contre-indiqués chez la femme enceinte ou allaitante, ainsi qu’en cas de HTA, d’insuffisance hépatique, rénale, de pathologies cardiaques ou de troubles de l’équilibre hydro-électrolytique,
- ne doivent pas conduire au dépassement de la VTi, compte tenu des apports alimentaires courants.
Étiquetage
L’ANSES considère que les seuils actuels d’étiquetage (100 mg/kg ou 10 mg/L) sont trop élevés au regard de la VTi, et recommande une information plus précoce sur la présence de réglisse.
L’étiquetage des compléments doit comporter les avertissements suivants :
- « Déconseillé en cas d’hypertension artérielle, de pathologies cardiaques ou rénales, d’insuffisance hépatique, et de tout trouble de l’équilibre hydroélectrolytique. »
- « En cas de traitement médicamenteux, demander conseil à un professionnel de santé. »
- « Déconseillé aux femmes enceintes et allaitantes. »
- « Réservé aux adultes. »
Source: Évaluation des risques relatifs à la consommation alimentaire de réglisse – Avis de l’Anses
Rapport d’expertise collective – Mai 2025