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A la lecture du corpus scientifique chaque jour croissant concernant les liens négatifs entre consommation d’aliments ultra-transformés et santé humaine, il est extrêmement tentant de plaider pour une élimination pure et simple de ce type d’aliments. Il est vrai que de très nombreux aspects de la santé humaine sont concernés par ce phénomène : mortalité, cancer, maladies cardiovasculaires, maladies métaboliques, etc. Ce déluge de de travaux de recherches négatifs peut inciter, et tout particulièrement en France, à appliquer à la lettre un principe de précaution qui prend de plus de plus de place dans nos sociétés. De fait, le PNNS préconise une diminution de 20% en quantité de consommation d’aliments ultra-transformés. L’entreprise Siga, qui a développé le score éponyme identifiant les aliments ultra-transformés, suggère quant à elle un maximum de 15% d’aliments ultra-transformés, par le biais du chercheur Anthony Fardet.

Cet article d’opinion, rédigé entre autres par le principal investigateur du seul essai clinique concernant les aliments ultra-transformés, dévoile une vision plus nuancée des choses. Partant du constat – certes alarmant – d’une forte proportion des aliments ultra-transformés dans les sociétés occidentales (près de 69% des calories ingérées aux Etats-Unis proviennent d’aliments classifiés NOVA 4), les auteurs soulignent que ces aliments sont très variés, dont certains répondent à une demande réelle (notamment les aliments à manger sur le pouce). Les auteurs estiment qu’ainsi, une politique de taxation sur les boissons sucrées (comme ce qui a été mis en place aux Etats-Unis) n’aurait pas un effet similaire sur les aliments ultra-transformés : si les boissons sucrées comportent des alternatives peu chères, ce n’est absolument pas le cas pour les aliments ultra-transformés.

Notons que les boissons sucrées font partie des aliments ultra-transformés : pour ces aliments spécifiquement, une taxation peut être pertinente. Il faut donc aller au-delà du NOVA 4, et raisonner par catégorie d’aliments. Pour ceux sans réelle alternative sur le marché, il faut se pencher sur la reformulation : c’est là qu’interviennent la compréhension des mécanismes d’action biologiques des aliments ultra-transformés, dont Foodinnov parlait récemment. Doit-on seulement enlever les additifs, ou bien d’autres ingrédients ultra-transformés ? Et si oui, lesquels ? Faut-il plutôt regarder la capacité rassasiante des aliments ? Seuls des essais, pré-clinique ou clinique, parfaitement montés, pourront donner des réponses à ces questions.

 

Eliminate or reformulate ultra-processed foods? Biological mechanisms matter.

Article publié le 25 octobre 2021 dans Cell Metabolism.

Lien (accès restreint) : https://doi.org/10.1016/j.cmet.2021.10.005