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Céline Le Stunff. D’après les avsi AFSSA et EFSA

Une "boisson énergétique" est une boisson de l’effort spécifiquement formulée pour fournir de l’énergie dans le cadre d’une dépense musculaire intense. Elle répond à des exigences réglementaires strictes.

Une "boisson énergisante" est un terme marketing – qui n’a pas de réalité réglementaire – relatif aux boissons sensées "mobiliser l’énergie" en stimulant le système nerveux.

Saisie par la DGCCRF à plusieurs reprises depuis 2001 pour évaluer l’innocuité et l’intérêt nutritionnel du Red Bull, l’AFSSA a rendu plusieurs avis. Compte tenu des niveaux de concentration des substances comme le glucuronog-d-lactone et la taurine contenus dans une canette de cette boisson (respectivement 5 et 500 fois les doses journalières apportées par l’alimentation), l’Agence a considéré que la sécurité d’emploi n’était pas assurée et que l’intérêt nutritionnel n’était pas démontré. Petit coup d’œil dans le rétroviseur…

Avis du CSHPF, du 10 septembre 1996 : avis défavorable qui conduit à l’interdiction de commercialiser la boisson en France

– Au niveau communautaire, avis SCF du 21 janvier 1999 : suite à l’évaluation des principaux composants, le SCF conclut qu’il ne peut pas assurer avec certitude que les teneurs en taurine et en glucurono-g-lactone relevées dans le produit ne présentent aucun risque pour la santé. Il recommande de procéder à des études plus approfondies pour pouvoir fixer un seuil maximum d’absorption quotidienne de la taurine et de la glucurono-g-lactone.

Avis AFSSA du 27 mars 2001, relatif à l’évaluation de l’emploi de diverses substances nutritives et de caféine dans une boisson présentée comme «énergisante»
Le pétitionnaire présente les résultats d’étude toxicologique de 90 jours réalisée chez la souris, afin d’évaluer les effets toxicologiques à forte dose et à long terme des composants de la boisson. L’AFSSA note que ces nouvelles données toxicologiques souffrent d’un biais méthodologique lié à la privation des animaux de toute autre boisson que le produit testé, ce qui entraîne de nombreux effets indésirables chez les animaux. Par ailleurs, les doses testées ne permettent pas de fixer un seuil maximum d’absorption quotidienne de la taurine et de la D-glucurono-g-lactone chez l’Homme.

Avis AFSSA du 5 mai 2003, relatif à l’évaluation de à l’emploi de taurine, D-glucuronolactone, de diverses vitamines et de caféine (à une dose supérieure à celle actuellement admise dans les boissons) dans une boisson dite «énergétique»

Les nouvelles données présentées par le pétitionnaire apportent des compléments d’information importants. L’AFSSA estime que :
* les enquêtes de consommation montrent que la consommation de ce type de boisson peut être élevée ;
* l’intérêt nutritionnel de la boisson pour les populations ciblées n’est pas démontré ;
* les données expérimentales toxicologiques ne permettent pas de se prononcer sur l’innocuité de la taurine et de la D-glucurono-g-lactone. Elles apportent a contrario des éléments de suspicion de toxicité rénale pour la D-glucurono-g-lactone et d’effets neurocomportementaux indésirables, sinon durables du moins transitoires, de la taurine.
* enfin, l’effet de la taurine sur la glande thyroïde mériterait d’être approfondi.

– Au niveau communautaire, avis EFSA du 9 décembre 2004, concernant les études présentées par la société Red Bull GmbH pour déterminer la sécurité d’emploi de la taurine et du D-glucurono-γ-lactone dans les energy drinks.
Les experts du panel AFC estiment que les biais évoqués par le pétitionnaire ne sont pas suffisants en eux-mêmes pour lever l’ensemble des interrogations suscitées par les effets d’hyperactivité, les effets neuromoteurs et les effets rénaux observés.

Avis AFSSA du 30 janvier 2006, relatif à l’évaluation de l’adjonction de substances autres qu’additifs technologiques dans une boisson présentée comme «énergisante» contenant de la taurine, de la D-glucuronolactone, de l’inositol, et des vitamines : B2, B3, B5, B6 et B12.
Le dossier comporte cette fois une proposition d’étiquetage pour la France et une nouvelle analyse des résultats des études de toxicocinétique et de toxicité subaiguë de la taurine et de la D-glucuronolactone chez le rat produites dans le dossier précédent, en raison de biais méthodologiques non évoqués jusqu’alors. La nouvelle lecture du dossier, selon l’AFSSA, jette un doute sur les choix méthodologiques retenus et la démarche scientifique dans sa globalité.

L’AFSSA estime en conséquence que :
* sur le plan nutritionnel, la formulation du produit ne correspond pas aux besoins des sujets engagés dans une activité intense ;
* la mention sur l’étiquette de ne pas dépasser la consommation de deux canettes par jour ne permet pas d’éviter le dépassement des limites de sécurité pour les vitamines B3 et B6 ;
* les commentaires fournis dans le dossier ne permettent pas de répondre aux questions posées relatives à l’innocuité du produit aux concentrations préconisées.
En conséquence, l’AFSSA estime qu’aucun élément fourni ne l’amène à modifier les conclusions des avis antérieurs.

Avis AFSSA du 9 novembre 2006, relatif à l’évaluation des risques liés à la consommation d’une boisson présentée comme «énergisante» additionnée de substances autres qu’additifs technologiques: taurine, D-glucuronolactone, inositol, vitamines B2, B3, B5, B6 et B12.
Les experts estiment qu’aucun élément n’amène à modifier les conclusions des avis antérieurs. Il n’est pas possible, sur la base des données disponibles et des études expérimentales réalisées, de caractériser le risque présenté par ce produit, notamment au regard des fortes doses de taurine et D-glucuronolactone par rapport aux apports alimentaires. Par ailleurs, les données produites ne permettent pas de garantir l’innocuité du produit dans les conditions d’emploi préconisées. Des études complémentaires sont nécessaires pour lever ou confirmer les suspicions de risque néphrotoxique et neurotoxique, d’une part, et répondre à l’incertitude scientifique sur la sécurité d’emploi de ce produit, d’autre part.

L’AFSSA estime que, si les études transmises par le pétitionnaire ne permettent pas, en elles-mêmes, d’apporter la démonstration irréfutable d’un risque avéré lié à la consommation de cette boisson, ces études ne permettent pas de recommander que ce produit soit remis à la consommation en l’état actuel de son évaluation. Il est nécessaire de pouvoir disposer d’études complémentaires indiscutables au plan méthodologique destinées, entre autres, à lever ou à confirmer les suspicions d’effets secondaires liés aux fortes doses de taurine et de D-glucuronolactone. L’agence souligne par ailleurs que certaines situations d’emploi effectif de la boisson (activité sportive, prise concomitante d’alcool) sont associées, selon les données de la littérature, d’une part à un risque cardio-vasculaire à l’exercice, et d’autre part à un risque de perception amoindrie des effets, par ailleurs conservés, liés à l’alcool.