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La notion d’ultra-transformation des aliments prend de plus en plus de place en santé publique. Les nombreuses études épidémiologiques montrant des corrélations entre consommation d’aliments ultra-transformés et santé humaine sont de plus en plus nombreuses, sont concordantes, et sont en conséquence endossées par des politiques de santé publique. Ainsi, en France, le PNNS a préconisé en 2018 une réduction de la consommation d’aliments ultra-transformés de 20%, se focalisant sans surprise sur les aliments comportant des additifs.

L’ultra-transformation demeure un concept flou, aucune société savante n’ayant défini à ce jour à partir de quand l’on pouvait considérer qu’un aliment était « ultra-transformé » (avec la connotation péjorative associée). Des classifications existent pour repérer de tels aliments ; mais derrière le même concept d’aliments ultra-transformés se cachent en réalité des différences conceptuelles. Il ne s’agit pas de savoir quelle classification est la meilleure. Cependant, cette réalité remet en cause le discours volontiers « simpliste » contre les aliments ultra-transformés de manière générale.

En conséquence, en fonction de la classification choisie, on peut s’attendre à des différences en termes de corrélations avec la santé humaine. C’est l’objectif de cette étude originale et sans précédent, qui a été menée sur la cohorte PREDIMED (plus de 5000 volontaires) : des chercheurs espagnols ont utilisé plusieurs classifications et, pour chaque classification, ont regardé les corrélations avec l’incidence des maladies. Le principe est propre aux études épidémiologiques : les consommations alimentaires sont enregistrées d’une part, et d’autre part, des paramètres biochimiques et anthropométriques sont recueillis pour tous les participants. Différentes classifications d’aliments ultra-transformés sont utilisées : la classification NOVA bien sûr, mais aussi celles développées par l’IARC (International Agency for Cancer Research), par l’IFIC (International Food Information Council) et par l’UNC (University of North Carolina).

Le premier constat concerne la consommation estimée d’aliments ultra-transformés en fonction des classifications : la part associée est la plus faible en utilisant la classification NOVA (7,9% des aliments consommés), et la plus forte retrouvée avec la classification de l’IARC (45,9% des aliments consommés). Ces différences influent plus ou moins sur les corrélations entre consommation d’aliments ultra-transformés (en fonction de la classification utilisée) et paramètres biochimiques et anthropométriques (paramètres indépendants de la classification d’aliments utilisée). Des corrélations significatives sont bien retrouvées, pour toutes les classifications, avec le poids et le tour de taille ; en revanche, des spécificités sont retrouvées selon les classifications. Par exemple, avec la classification NOVA, une corrélation positive est retrouvée avec l’IMC, corrélation qui n’est pas retrouvée avec les autres classifications. Inversement, en utilisant le système de l’UNC, une corrélation positive est retrouvée avec la tension artérielle.

Malgré des différences de classifications, plusieurs corrélations communes sont retrouvées, mais pas toutes. Ces résultats montrent bien qu’il n’existe pas vraiment de concordance entre les différentes définitions des aliments ultra-transformés et que, en fonction des classifications mises en avant, certaines corrélations peuvent être mises en évidence mais pas toutes. Ce constat est d’importance, à l’heure où l’Efsa travaille sur un système de notation nutritionnelle à apposer sur les emballages alimentaires.

Notons que la présente étude n’a pas évalué l’utilisation de la classification Siga et son impact sur les liens entre aliments ultra-transformés et santé humaine. Ce point est à souligner car, aujourd’hui, la classification Siga n’a été utilisée dans aucune étude épidémiologique pour relier consommation d’aliments ulra-transformés et santé humaine. En attendant de telles études, dans la mesure où la philosophie de Siga est relativement proche de celle de NOVA, on peut s’attendre à des conclusions similaires concernant les deux classifications.

 

 

Use of Different Food Classification Systems to Assess the Association between Ultra-Processed Food Consumption and Cardiometabolic Health in an Elderly Population with Metabolic Syndrome (PREDIMED-Plus Cohort).

Article publié le 20 juillet 2021 dans Nutrients.

Lien (open access) : https://doi.org/10.3390/nu13072471