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Les apports en sodium (et donc en sel) dans les sociétés occidentales sont considérés comme trop élevés, avec en moyenne 3,9 g sodium/jour. Mécaniquement, un apport de sodium plus élevé conduit à une plus forte rétention d’eau par l’organisme, et donc à une augmentation de la tension artérielle ; en cas de valeur trop élevée de cette dernière, et ce de manière chronique, le risque de maladies cardiovasculaires peut être augmenté. De ce fait, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), mais aussi le Programme National Nutrition Santé (PNNS), préconisent de réduire la consommation de sodium. Plus précisément, l’OMS recommande des apports en sodium inférieurs à 2 g/jour, soit des apports en sel inférieurs à 5 g/jour. Ce plafond n’a pas été choisi au hasard : c’est sur la base de plusieurs études cliniques de court terme, rapportant un effet bénéfique sur la tension artérielle, que le seuil de 2 g/jour de sodium a été défini.

Cependant, plusieurs études cliniques de plus long terme n’ont pas retrouvé au niveau cardiovasculaire de bénéfices d’apports en sodium inférieurs à 2 g/jour. Pire, certaines études prospectives ont même montré une hausse de la fréquence de maladies cardiovasculaires suite à des apports en sels réduits. La causalité inverse peut être suggérée pour expliquer ces résultats contre-intuitifs ; d’autres ont cependant avancé que de faibles apports en sodium pourraient être contre-productifs, et masquer les bénéfices de la réduction de la tension artérielle. Parmi ces inconvénients : la sécrétion de rénine, que l’on sait depuis longtemps augmentée en cas de trop faibles apports en sodium. Or, cette dernière est associée à une hausse des maladies cardiovasculaires, ce qui pourrait expliquer les résultats contre-intuitifs concernant les alimentations pauvres en sodium.

Dans cet article, des chercheurs danois ont effectué une méta-analyse des études cliniques mesurant le lien entre apport en sodium, et l’activité de la rénine plasmatique (plasma renin activity, PRA). Pour cela, les chercheurs ont sélectionné toutes les études cliniques répondant à ce critère, avec une préférence pour les études relativement longues. Au total, 93 études cliniques ont été identifiées.  L’étude montre les éléments suivants : premièrement, que des apports en sodium modérés (entre 2 et 4,6 g sodium/jour) n’ont pas d’impact sur la PRA. Deuxièmement, que des apports en sodium faibles (inférieurs à 2 g sodium/jour, conformément aux recommandations de l’OMS) conduisent à une hausse significative de la PRA.

Il ne s’agit pas de dire que la réduction des apports en sodium est contre-productive, puisque ces apports sont aujourd’hui trop élevés et qu’ils doivent être réduits. Cependant, l’étude soulève la question du plafond de 2 g/jour, qui serait sans doute trop faible pour pouvoir espérer faire pencher la balance dans le sens des bénéfices. Il s’agirait plutôt de viser des apports modérés en sodium (donc entre 2 et 4 g sodium/jour), permettant à la fois une action bénéfique au niveau de la tension artérielle, sans pour autant induire une sécrétion trop élevée de rénine qui effacerait les premiers bénéfices.

Le principal point faible des études cliniques passées en revue (et donc de cette méta-analyse) réside dans la faible durée de supplémentation en sodium : 4 jours au minimum, et 42 jours maximum, toutes études confondues. Par conséquent, les conséquences à plus long terme de faibles apports en sodium doivent être explorées avant de tirer toute conclusion.

 

Influence of sodium intake and change in sodium intake on plasma-renin in man.

Article publié le 3 février 2021 dans EClinicalMedicine.

Lien (open access) : https://doi.org/10.1016/j.eclinm.2021.100750

 

 

Lire également le commentaire associé à cet article.

Low sodium intake increases plasma renin activity

Commentaire publié le 18 mars 2021 dans EClinicalMedicine.

Lien (open access) : https://doi.org/10.1016/j.eclinm.2021.100803