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Le revers de médaille d’un régime amaigrissant est bien connu : la reprise de poids post-régime, mieux connu sous le nom d’effet yo-yo. Depuis plusieurs décennies, les travaux de recherche concordent sur ce phénomène, en grande partie responsable de l’échec de ces régimes sur le long terme. En 2010, l’Anses synthétisait tous ces éléments dans un rapport exhaustif sur le sujet. Et, récemment, l’Anses parlait même des « illusions perdues » concernant les régimes amaigrissants (https://www.anses.fr/fr/content/lillusion-perdue-des-r%C3%A9gimes-amaigrissants).
Si l’effet yo-yo est bien connu, rares sont les explications de cet effet. Le comportement alimentaire est souvent mis en avant, avec une consommation alimentaire accrue. Le rebond post-régime est encore mal caractérisé sur le plan métabolique. Dans ce contexte encore flou, une étude chinoise s’est penchée sur l’hypothèse d’une implication du microbiote intestinal pour expliquer en partie ce rebond.
Dans un premier temps, les chercheurs effectuent une validation de leur modèle rongeur, en démontrant que les souris renourries après un régime amaigrissant reprennent du poids : ce résultat était attendu, mais il valide la pertinence du modèle. Ce gain de poids est largement expliqué par une reprise de masse adipeuse. En parallèle, les chercheurs parviennent aussi à démontrer que ce gain de poids n’est pas dû à une baisse de la dépense énergétique chez les souris : il était important d’écarter cette hypothèse, qui aurait pu expliquer la reprise de poids. Dans la même optique, la consommation cumulée de nourriture par les souris ne varie pas significativement, écartant aussi l’hypothèse d’une hausse de la consommation d’énergie pour expliquer la reprise de poids et de masse adipeuse.
Les chercheurs s’intéressent ensuite à l’intestin, et constatent une hausse de l’absorption des lipides alimentaires. En effet, en analysant les matières fécales des souris, une diminution significative des triglycérides est constatée : signe qu’ils sont absorbés en plus grande quantité au niveau de l’intestin. Ces lipides sont dirigés vers le tissu adipeux, expliquant la hausse précédemment constatée ; mais aussi au niveau du foie, conduisant à un début de stéatose.
Plusieurs régimes sont formulés par les chercheurs pour essayer d’atténuer cette hausse d’absorption des lipides alimentaires : en particulier, un régime riche en protéines atténue cette ré-absorption, ainsi que l’accumulation dans le tissu adipeux. Là encore, les chercheurs parviennent à montrer que ce régime ne fait pas significativement varier la dépense énergétique ; à l’inverse, une baisse de la synthèse des lipides au niveau du tissu adipeux est bien constatée, tout comme une hausse de l’oxydation des lipides.
Enfin, les chercheurs ont creusé la piste du microbiote, et surtout l’implication de ce dernier dans la ré-absorption des lipides alimentaires. En fait, a surtout été constatée une augmentation drastique des bactéries du genre Lactobacillus après un régime amaigrissant. Par la suite, les chercheurs démontrent que ces bactéries spécifiquement parviennent à orchestrer globalement la ré-absorption des lipides alimentaires, conduisant à une reprise de poids. Pour vérifier cette implication réelle du microbiote intestinal, les chercheurs ont eu recours à la fois à des souris dépourvues de microbiote intestinal, ainsi qu’à des antibiotiques.
C’est la première étude montrant une implication du microbiote intestinal sur la reprise de poids. Les chercheurs estiment dans leurs conclusions que l’alimentation ayant un rôle majeur sur la prise de poids, il est nécessaire de se focaliser sur l’effet yo-yo post-régime amaigrissant ; et considèrent que les régimes riches en protéines, voire les antibiotiques, pourraient être des solutions pour maintenir la baisse de poids.
High-protein diet prevents fat mass increase after dieting by counteracting Lactobacillus-enhanced lipid absorption.
Article publié le 1er décembre 2022 dans Nature Metabolism.
Lien (open access) : https://doi.org/10.1038/s42255-022-00687-6
Lire également le commentaire associé à cet article.
Why does fat return after dieting? The microbiome might have a hand.
Article publié le 13 décembre 2022 dans Nature.
Lien (accès restreint) : https://doi.org/10.1038/d41586-022-04387-9