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Clarisse Lemaitre. D’après les Cahiers de Nutrition et de Diététique, Mars 2013.

Depuis le début des années 1990, de nombreuses études ont suggéré qu’un régime restrictif (jeûn total, rationnement, semi-restriction) était associé à un gain de poids ultérieur et à l’obésité, particulièrement chez les personnes de poids normal cherchant à perdre du poids. Cette relation n’ayant pas été mise en évidence chez les personnes initialement en surpoids, une équipe de chercheurs suisses s’est penchée sur les mécanismes impliqués au travers d’une méta-analyse.

Dans un premier temps, les chercheurs ont établi que plus l’adiposité initiale est élevée, moins grande sera la proportion d’énergie mobilisée sous forme de protéines (masse maigre) et plus grande sera la propension à mobiliser les réserves grasses, et à les déposer par la suite. Ces proportions sont très variables d’un individu à l’autre mais stables pour un même individu au cours du temps.

Les deux aspects mis en évidence lors de la reprise de poids sont l’hyperphagie (fait de manger plus que nécessaire) et la suppression de la thermogenèse (afin d’« économiser de l’énergie »). L’hyperphagie et l’augmentation de la faim/appétit sont dictées par la déplétion de la masse maigre et de la masse grasse, tandis que la suppression de la thermogenèse est dictée uniquement et spécifiquement par le degré de déplétion de la masse grasse. Cette différence explique l’asymétrie existant dans la récupération de la masse grasse et de la masse maigre : plus la perte de poids (masse maigre et masse grasse) sera importante, plus grande sera la suppression de la thermogenèse et donc le dépôt de masse grasse. En général, la masse grasse est donc restaurée plus rapidement que la masse maigre. Etant donné que la déplétion en masse maigre peut induire l’hyperphagie, une conséquence de la disparité entre les 100 % de récupération de masse grasse et la récupération incomplète de masse maigre est que l’hyperphagie continue tant que la masse maigre n’a pas été entièrement reconstituée, entraînant un accroissement de la masse adipeuse.

Connaissant les relations entre hyperphagie/masse maigre et suppression de la thermogenèse/masse grasse, on comprend que l’amplitude de l’excédent de graisse dépendra de l’amplitude de la déplétion des masses maigre et grasse, et par conséquent de la composition corporelle initiale. Par conséquent, un sujet mince confronté à plusieurs cycles de régimes restrictifs subira à terme un excédent de graisse corporelle, ce qui est inquiétant au vu du nombre de personnes de poids normal qui entreprennent des régimes.


Référence : Dulloo A.G, Jacquet J, Seydoux J et col (2013). Comment les régimes amaigrissants font grossir : une perspective d’autorégulation de la composition corporelle, Cahiers de nutrition et de diététique ; 48:15-25.