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Marine Ducreux. D’après le Ministère de l'Agriculture, 15 nov 2013

Une note d’analyse du Centre d’études et de prospective, publiée sur le site du Ministère de l’Agriculture, se penche sur l’évolution des différences sociales en matière d’alimentation. Elle indique que la différenciation des pratiques alimentaires selon les catégories sociales persiste en dépit de la consommation de masse, de l’industrialisation de la production alimentaire et de la domination de la grande distribution dans l’achat des produits alimentaires. On retient à travers cette étude plusieurs observations : 

La première est que la part du budget consacrée à l’alimentation tend à différer selon le niveau de revenu. Plus une famille est pauvre et plus la part qu’elle va consacrer à la nourriture dans ses dépenses totales sera élevée. Cela ne signifie pas que le montant des dépenses consacrées à l’alimentation soit inférieur pour les catégories aisées. En effet, si la dépense moyenne des Français en matière d’alimentation s’élève à 396 € par mois, les catégories les plus pauvres (revenu mensuel <1 000 € nets) y consacrent 222 € en moyenne (part de 19%), contre un montant de 539 € (part de 14%) pour les catégories les plus riches (revenu >3 500 € nets). 

Autre observation, le type d’alimentation constitue un « marqueur social », c’est-à-dire une différenciation sociale. Ainsi, les catégories les plus riches consomment plus de fruits, de légumes et de poissons que celles qui sont les plus pauvres. En revanche, les catégories populaires consomment davantage de pommes de terre et de riz. Or, ces « marqueurs » peuvent aussi évoluer dans le temps. Par exemple, si la consommation de poisson reste plus fréquente dans les foyers plus aisés, celle de viande, auparavant réservée aux catégories favorisées, est désormais plus importante dans le bas de l’échelle sociale. De plus, le régime alimentaire des catégories aisées semble être plus équilibré que celui des catégories modestes. Car ces dernières consomment davantage de boissons sucrées, de sandwichs, de pizzas et de viennoiseries, tandis que les plus riches se procurent plus de produits biologiques et mangent plus de poissons, de fruits et de légumes frais. 

Enfin, le comportement alimentaire est aussi sous l’influence de la distinction. Un produit, un mode de consommation peuvent être abandonnés dans les classes aisées s’il se démocratise largement. Ce besoin de se distinguer chez l’homme amène certains à affirmer que «l’hypersensibilité alimentaire jouit d’un statut social élevé. Par ailleurs, les allergies et leur prise en charge individualisent et mettent à part, elles fournissent une occasion de se démarquer, de se distinguer». Ainsi, les goûts et les pratiques alimentaires tendent généralement à se diffuser de façon progressive du haut vers le bas de la société. 

En conclusion, les comportements alimentaires resteront «de puissants marqueurs sociaux». Même si de nouvelles pratiques émergent – e-commerce, livraison de repas à domicile, etc. – leur diffusion sociale sera dans tous les cas limitée par les contraintes budgétaires des ménages et de leur niveau de vie.

Source : Les différences sociales en matière d’alimentation. Ministère de l’Agriculture. Analyse n°64 – octobre 2013, 4 p.