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L’alimentation actuelle est marquée par des débats autour des aliments ultra transformés (AUT). Selon des données récentes, aux États-Unis et au Royaume-Uni, plus de la moitié des calories consommées quotidiennement proviennent des AUT. En France, les adultes consomment près d’un tiers de leurs calories sous forme d’aliments ultra transformés, tandis que ce chiffre atteint 46 % chez les moins de 18 ans.

Cette omniprésence des AUT dans nos habitudes alimentaires est accompagnée d’un ensemble inquiétant de problèmes de santé publique. Des preuves épidémiologiques robustes ont établi des liens entre la consommation d’AUT et diverses affections, notamment les maladies cardio-vasculaires, l’hypertension, le diabète de type 2, certains cancers et les troubles gastro-intestinaux.

 

Facteurs ayant favorisé l’essor des AUT

Pourquoi ces aliments ultra transformés ont-ils connu un tel essor ? Plusieurs facteurs sont à l’œuvre. Tout d’abord, ils répondent à la demande d’une société pressée, en offrant des solutions plus pratiques, « prêtes à manger », adaptées au style de vie moderne. De plus, l’ajout d’additifs prolonge la durée de vie des produits, renforçant ainsi la sécurité et la stabilité alimentaire. En outre, ces aliments permettent un enrichissement en nutriments, grâce à des formulations et process complexes, le tout à un prix souvent plus abordable que les alternatives moins transformées.

Débats autour des AUT

La célèbre classification NOVA suscite aujourd’hui de nombreux débats. Le principal point de discorde réside dans le fait que cette classification se base uniquement sur les méthodes de transformation, sans tenir compte de la qualité nutritionnelle des produits. Ainsi, des aliments enrichis et relativement sains peuvent être regroupés dans la même catégorie que des produits à faible valeur nutritionnelle contenant des ingrédients peu recommandés.

Par ailleurs, les AUT sont souvent associés à un débat plus large notamment sur l’émergence des alternatives à la viande, en raison de l’utilisation d’additifs et d’ingrédients complexes.
Cette problématique est aussi présente dans des domaines comme la nutrition sportive, où la consommation de produits enrichis est courante. Concilier ces besoins spécifiques avec une alimentation moins transformée demeure un défi majeur pour les industries agroalimentaires ainsi que pour de nombreux consommateurs.

Prise de conscience des consommateurs et initiatives

Face à ces enjeux, les consommateurs se montrent de plus en plus informés et vigilants. Des études révèlent une augmentation du pourcentage de personnes regardant attentivement les étiquettes des produits, évitant les ingrédients artificiels et favorisant les produits naturels. Le mouvement du « clean label » gagne ainsi en importance, tandis que des initiatives telles que le cahier des charges de l’allégation “INGRÉDIENTS SIMPLES” de l’agence GOUM attirent l’attention des consommateurs en quête de transparence et de naturalité. Les salons comme le CFIA témoignent également d’une croissance des produits plus naturels et moins transformés.

Impact des étiquetages et de la publicité

En parallèle, la question de la publicité et de l’étiquetage des produits alimentaires prend une importance croissante. Des études récentes ont mis en lumière l’impact des étiquettes et des scores indiquant le caractère ultra transformé des aliments sur les décisions d’achat des consommateurs. Les résultats suggèrent que de telles étiquettes pourraient jouer un rôle crucial dans la sensibilisation des consommateurs aux risques associés à la consommation d’AUT.

 

 

En conclusion, l’ultra transformation dans l’alimentation est un sujet complexe, soulevant des questions cruciales quant à notre manière de produire, de commercialiser et de consommer les aliments. Au-delà des débats sur la classification des aliments et de la nécessité de fournir une information claire aux consommateurs, il devient impératif d’explorer des solutions innovantes pour promouvoir une alimentation plus saine et plus durable dans un monde en constante évolution.

 

 

Sources : 

https://www.nutritioninsight.com/, le 20/02/2024

https://www.foodnavigator.com/, le 147/02/2024

https://goum.co/

A randomized controlled trial to test the effects of displaying the Nutri-Score in food advertising on consumer perceptions and intentions to purchase and consume

Article publié le 15/04/2024 dans International Journal of Behavioral Nutrition and Physical Activity

Lien (libre accès) : https://ijbnpa.biomedcentral.com/articles/10.1186/s12966-024-01588-5

 

How Promising Are “Ultraprocessed” Front-of-Package Labels? A Formative Study with US Adults

Article publié le 06/04/2024 dans Nutrients

Lien (libre accès) : https://doi.org/10.3390/nu16071072