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Alors que l’allaitement exclusif est recommandé jusqu’à l’âge de 6 mois, des pays développés tels que la France compte aujourd’hui une grande partie des nouveau-nés nourrit au lait maternisé, dont des formules à base d’hydrolysats de protéines.

Ces laits se distinguent notamment par leur degré d’hydrolyse des protéines variant de 2 à 7%. L’hydrolyse permet de décomposer les protéines et donc de faciliter leur digestion tout en limitant les réactions immunitaires pouvant être liées aux allergies. Des études se sont penchées sur la répercussion de cette alimentation chez le nourrisson et l’enfant. L’évolution de la croissance physique ou encore le développement du système nerveux ont fait partie des sujets étudiés, ; la croissance est ainsi un prérequis pour une approbation par l’EFSA. Il semblerait par exemple que les nourrissons nourris avec une formule largement hydrolysée jusqu’à l’âge de 8,5 mois ont des résultats cognitifs plus favorables par rapport à ceux nourris avec une formule de lait de vache ordinaire. Les acides aminés libres (largement présent dans les laits à haut degré d’hydrolyse), tel que le glutamate, pourraient en être responsable en agissant sur les fonctions cérébrales.

Afin d’obtenir des informations supplémentaires sur ce sujet, l’étude évoquée dans cet article a examiné les liens entre le degré d’hydrolyse des protéines dans les laits maternisés avec le développement neurologique des enfants jusqu’à 3.5 ans.

L’analyse s’est basée sur la cohorte française ELFE (Étude Longitudinale Française depuis l’Enfance) dans laquelle 7 000 nourrissons nés en 2011 ont été recrutés. Des données sur le lait consommé (marque et degré d’hydrolyse des protéines) ont été collectées entre 2 et 10 mois et entre 12 et 24 mois. Afin d’étudier le développement neurologique des sujets, différents systèmes ont été utilisés tels que le Child Development Inventory, le MacArthur-Bates Communicative Development Inventories ou encore la sous-échelle Picture Similarities.

92,2% des nourrissons sélectionnés étaient nourris avec des préparations non hydrolysées, 6,8% avec des préparations partiellement hydrolysées et 1% avec des préparations avec des hydrolysats poussés de protéines.

Les résultats montrent que le degré d’hydrolyse des laits maternisés ne semble pas être associé au développement neurologique jusqu’à 3.5 ans. En effet, les scores obtenus avec les différentes méthodes de mesure ne sont pas significativement prédits par le degré d’hydrolyse des protéines, d’après les modèles linéaires effectués par les chercheurs.  Cela va ainsi à l’encontre de certaines études ayant montré des effets favorables sur la motricité et la cognition avec des protéines largement hydrolysées.

Ainsi, l’utilisation de préparation maternisé, quel que soit son degré d’hydrolyse, ne semble pas intervenir dans le développement cérébral des nourrissons et enfants jusqu’à 3,5 ans ; autrement dit, un effet neutre du degré d’hydrolyse.

A noter qu’environ 90% des nourrissons étudiés étaient nourris avec des préparations qui n’étaient pas à base de protéines hydrolysées limitant les données analysables pour les autres types de préparations. De plus, la teneur en glutamate n’a pas été évaluée dans cette étude. Enfin, il semblerait intéressant de réaliser des recherches supplémentaires afin d’obtenir des données dans des contextes avec une distribution différente des formules étudiées, ainsi que dans des populations plus vulnérables.

 

Hydrolysed proteins in infant formula and child neurodevelopment up to the age of 3.5 years: the nationwide ELFE birth cohort

Article publié le 6 février 2023 dans British Journal of Nutrition

Lien (open access) : https://doi.org/10.1017/S0007114523000211