Cet article est PREMIUM, et nécessite un abonnement payant pour lire la suite

Je m’identifie
Créer mon compte

Créez votre compte dès maintenant puis contactez-nous pour accéder aux articles Premium et/ou Lettre Export.

Inscription

Temps estimé - 5 min

La classification NOVA catégorise les aliments en quatre groupes : les aliments peu transformés (NOVA 1), les ingrédients culinaires (NOVA 2), les aliments transformés (NOVA 3), et les aliments ultra-transformés (NOVA 4). Cette classification s’est imposée par défaut aux scientifiques du monde entier, qui associent régulièrement la consommation d’aliments NOVA 4 avec des maladies chroniques, voire une mortalité accrue.

Le succès de NOVA repose sur sa simplicité d’utilisation, suggérée par les très nombreuses études épidémiologiques qui ont recours à cette classification. Derrière les apparences, pourtant, les difficultés de classification sont réelles. Les fondateurs de NOVA n’ont en effet jamais établi de liste exhaustive d’ingrédients qui permettrait de savoir si l’on a affaire ou non à un aliment NOVA 4.

Dans cette étude, des chercheurs chiliens font preuve d’une rare transparence, en essayant trois méthodes de classification des aliments selon NOVA. Première méthode : n’utiliser que les caractéristiques extérieures des aliments, c’est-à-dire sa dénomination, sa marque et son type d’emballage (sans regarder la liste d’ingrédients). Seconde méthode : avoir recours à la liste d’ingrédients, sans considération spécifique pour les additifs alimentaires. La troisième méthode est identique à la première, sauf qu’elle tient compte des additifs et de leur classification telle que définie par les fondateurs de NOVA. Ces trois méthodes ont été appliquées à 1861 aliments disponibles au Chili.

En théorie, les trois méthodes sont licites, puisqu’elles sont plus ou moins mentionnées par les fondateurs de NOVA comme des manières d’identifier des aliments ultra-transformés. Cependant, aucun article n’avait jusqu’à présent ni fait preuve d’autant de transparence, ni n’avait comparé ces trois manières de faire. Globalement, les trois méthodes ont permis de montrer que parmi les 1861 aliments, 65% (méthode 1), 67% (méthode 2) et 73% (méthode 3) étaient des aliments ultra-transformés. Derrière ces chiffres relativement proches, les auteurs estiment néanmoins que la méthode 3, qui repose à la fois sur la liste d’ingrédients et d’additifs, est la plus fiable ; ce qui nécessiterait évidemment un listing exhaustif des ingrédients et additifs problématiques. Au-delà de ces moyennes, les auteurs mettent aussi en évidence des disparités selon les catégories d’aliments. Ainsi, dans la catégorie « Laits et yaourts », la méthode 1 sous-estime complètement les aliments NOVA 4 (3,8%), alors que les méthodes 2 et 3 (49,1%, et 60,4%) permettent de corriger le tir. Cette tendance est inversée pour la catégorie « snacks », injustement pénalisés selon la méthode 1 (80,4% ; contre 60,8% pour les deux autres méthodes).

Cette étude est importante car elle met le doigt sur un défaut majeur de la classification NOVA : le manque de précision. Il ne s’agit pas de remettre en cause tous les résultats obtenus avec cette classification ; mais de montrer qu’en l’état, la classification NOVA a des failles qui doivent être corrigées avant d’en faire un outil de santé publique.

 

Impact of the use of food ingredients and additives on the estimation of ultra-processed foods and beverages.

Article publié le 10 janvier 2023 dans Frontiers in Nutrition.

Lien (open access ) : https://doi.org/10.3389/fnut.2022.1046463