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Avec le vieillissement croissant de la population, la prévention de la fragilité chez les personnes âgées devient un enjeu majeur de santé publique. La fragilité, caractérisée par un affaiblissement progressif des capacités physiques, est associée à un risque accru de chute, d’hospitalisation et de perte d’autonomie. Si l’alimentation est reconnue comme un levier de prévention, le rôle spécifique du café, boisson emblématique riche en composés bioactifs, restait à clarifier. Une équipe de chercheurs néerlandais s’est penchée sur ce lien en s’appuyant sur les données de la cohorte LASA.

L’étude visait à examiner si la consommation habituelle de café, ainsi que celle déclarée pendant la quarantaine (40-65 ans), était associée à un risque réduit de pré-fragilité et de fragilité chez les seniors de 55 ans et plus vivant à domicile.

L’analyse reposait sur la Longitudinal Aging Study Amsterdam (LASA), une cohorte représentative d’adultes néerlandais âgés, suivis depuis 1992. Pour cette étude, 1161 participants âgés de 55 ans ou plus ont été inclus. La consommation de café a été évaluée par questionnaires, et rétrospectivement pour la période de milieu de vie. Les volumes consommés ont été standardisés (tasses de 125 mL), puis classés en cinq catégories : 0, 1 à 2, 3 à 4, 5 à 6 et plus de 6 tasses/jour.

La fragilité a été mesurée selon les critères de Fried, qui reposent sur cinq composantes : perte de poids, faiblesse musculaire (force de préhension), fatigue, lenteur à la marche et faible activité physique.

Les résultats montrent que les personnes consommant entre 4 et 6 tasses de café par jour, ou plus de 6, avaient une probabilité plus faible d’être classées comme « fragiles » par rapport à celles buvant peu de café (1 à 2 tasses/jour). L’effet protecteur s’observait également pour la pré-fragilité chez les consommateurs modérés (3 à 4 tasses/jour).

Concernant les composantes spécifiques de la fragilité, une consommation modérée à élevée était associée à une réduction du risque de perte de poids involontaire et de faiblesse musculaire. À 7 ans de suivi, le risque de devenir fragile était réduit de 59 % pour les participants buvant 3 à 4 tasses/jour.

En revanche, les associations avec la consommation de café durant le milieu de vie (40-65 ans) étaient similaires mais non significatives statistiquement, probablement en raison de la taille d’échantillon plus faible et de l’évaluation rétrospective. Fait intéressant : les analyses stratifiées suggèrent que le café décaféiné pourrait aussi avoir un effet protecteur, bien que les données soient encore limitées.

Cette étude met en lumière une association robuste entre une consommation régulière de café et une moindre probabilité de devenir fragile en vieillissant. Même si l’on ne peut conclure à une relation de cause à effet en raison de la nature observationnelle de l’étude, les résultats sont cohérents avec les propriétés antioxydantes et anti-inflammatoires des composés du café. La piste d’un effet via la prévention de la sarcopénie est notamment évoquée.

En conclusion, boire du café quotidiennement, dans des quantités modérées à élevées, pourrait être un geste simple et accessible pour contribuer à un vieillissement en meilleure santé. Des études complémentaires, incluant des biomarqueurs et des essais d’intervention, seront nécessaires pour mieux comprendre les mécanismes à l’œuvre et confirmer ces résultats.


 

« Habitual coffee consumption and risk of frailty in later life: the Longitudinal Aging Study Amsterdam (LASA) »

Article publié le 24 avril 2025 dans European Journal of Nutrition

Lien (article en accès libre) : https://doi.org/10.1007/s00394-025-03683-0

Photos d’illustration issues des banques d’images Pexels et Pixabay. Crédits: Chevanon Photography & Sabine van Erp