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De nombreuses études épidémiologiques ont associé la matière grasse laitière à des bénéfices santé, et ce contre toute attente. Cela concerne surtout le diabète de type 2, l’obésité, mais aussi la stéatose hépatique non alcoolique (NAFLD, non-alcoholic fatty liver disease) chez l’adulte. Dit autrement, plus la consommation de matière grasse laitière est forte, moins le risque de ces maladies métaboliques serait élevé. Ces études restent cependant des associations statistiques, avec une causalité qui n’est pas encore bien cernée. L’hypothèse d’acides gras spécifiques du lait pouvant expliquer de telles associations a été avancée : parmi ces acides gras spécifiques, l’acide pentadécanoïque (C15:0), l’acide iso-heptadécanoïque (iso-C17:0) mais aussi l’acide heptadécanoïque (C17:0), qui sont exclusivement apportés par les produits de ruminants.

La majorité des données concernent la population adulte, chez laquelle la consommation de produits laitiers allégés est recommandée. Chez les enfants, les données sont plus rares, mais le sujet commence à être exploré. Pour l’heure, les recommandations nutritionnelles de pédiatrie aux Etats-Unis recommandent également de consommer des produits allégés. Pourtant, l’an dernier, là aussi contre toute attente, une méta-analyse publiée dans l’American Journal of Clinical Nutrition montrait un bénéfice significatif de la matière grasse laitière sur l’adiposité des enfants, et donc sur le risque d’obésité.

Dans cette étude transversale, des chercheurs américains ont cherché à visualiser la relation entre la consommation de produits laitiers entiers, et le risque de NAFLD chez les enfants. L’hypothèse, compte tenu du corpus scientifique, est de retrouver cette association protectrice entre matière grasse laitière et moindre risque de NAFLD. Pour ce faire, 237 enfants ont participé à l’étude. Les participants ont rempli par trois fois des questionnaires de consommation alimentaire (rappels de 24h), visant à évaluer leur consommation de produits laitiers entiers. Ensuite, concernant la NAFLD, celle-ci a été mesurée par scanner, avec un « score » reflétant la NAFLD : un score d’autant plus élevé est le témoin d’une NAFLD. Enfin, les acides gras circulants ont été mesurés (20 au total), de manière à pouvoir relier les marqueurs de la matière grasse laitière au risque de NAFLD.

Le premier résultat concerne la corrélation inverse (ajustée sur facteurs confondants) entre consommation de matière grasse laitière et score obtenu au scanner pour évaluer la NADFLD. Plus précisément, chaque verre de lait entier est associé à une diminution de 6,5% du score de NAFLD, montrant le potentiel rôle protecteur de la matière grasse laitière. Le second résultat concerne les acides gras marqueurs de consommation de la matière grasse laitière, à savoir C15:0, iso-C17:0 et C17:0. Ces trois acides gras sont corrélés négativement avec le score de NAFDL, en concordance avec le résultat précédent. Par ailleurs, en construisant un modèle de prédiction du score de NAFLD à partir des 20 acides gras mesurés, le C15:0 et l’iso-C17:0 faisaient partie des prédicteurs les plus élevés (coefficient négatif) du score de NAFLD.

Cette étude s’ajoute donc au corpus scientifique qui suggère l’intérêt nutritionnel de la matière grasse laitière, malgré les recommandations allant dans le sens inverse. Plus précisément, des acides gras spécifiques de la matière grasse laitière comme le C15 :0 et l’iso-C17 :0 sont une nouvelle fois mis en avant, ce qui suggère que ces acides gras pourraient avoir des mécanismes d’action spécifiques et bénéfiques pour l’organisme. Des études de supplémentation sont donc nécessaires pour valider ces résultats épidémiologiques, dont la causalité n’est pas établie.

 

Dairy Fat Intake, Plasma Pentadecanoic Acid, and Plasma Iso-heptadecanoic Acid Are Inversely Associated With Liver Fat in Children.

Article publié le 1er décembre 2020 dans le Journal of Pediatric Gastroenterology and Nutrition (JPGN).

Lien (accès restreint) : https://doi.org/10.1097/MPG.0000000000003040