Temps estimé - 11 min

Les données de la littérature scientifique indiquent que la prise régulière d’un petit déjeuner chez les enfants est associée au bien-être, à des comportements alimentaires plus sains, à la pratique de plus d’activité physique ou encore à de meilleurs résultats scolaires.

L’étude de Sincovich et al. [1] montre que 55,0 % des enfants déclarent ne jamais sauter le petit-déjeuner et seulement 9,5 % déclarent ne jamais prendre de petit-déjeuner. Cette étude démontre les raisons socioéconomiques pour lesquelles les enfants prennent ou sautent ce repas, comme le sexe de l’enfant, l’âge, les zones géographiques socialement défavorisées ou non, etc.

     ➯ Mais l’alimentation chez les enfants est-elle toujours bien équilibrée ?

 

Selon l’étude INCA 3 [2], les catégories d’aliments les plus consommées au petit-déjeuner sont :

  • Les céréales du petit-déjeuner ;
  • Le pain (uniquement chez les 0-10 ans) ;
  • Les viennoiseries ;
  • Les sucres et matières sucrantes (incluant notamment les confitures) ;
  • Les boissons chaudes ;
  • Le lait ;
  • Les jus de fruits.

Les résultats relatent également qu’en moyenne 43,2 % des 4-10 ans et 76,5 % des 11-17 ans n’atteignent pas les recommandations nutritionnelles en calcium. Une situation particulièrement préoccupante car l’enfance est une période critique pour la croissance du squelette et la mise en place du capital osseux.

Concernant l’apport en sucres totaux (hors lactose et galactose), il y a un dépassement des références nutritionnelles très élevé chez les enfants : 75 % des 4-7 ans et 60 % des 8-12 ans ont des apports supérieurs aux seuils.

Ainsi, la consommation du petit-déjeuner chez les enfants ne reflète pas une alimentation équilibrée permettant de répondre à leurs besoins nutritionnels.

 

L’ANSES a mis en place une étude [3] dont l’objectif est de proposer un petit-déjeuner à l’école pour tous les enfants afin d’améliorer leur santé à court et moyen terme afin de les éduquer vers une alimentaire plus saine.

À la suite des constats de cette étude, l’ANSES préconise donc, lors du petit-déjeuner, la consommation de produits laitiers, de fruits frais et fruits à coque et de pain complet alors que les boissons sucrées et pâtisseries, biscuits, gâteaux sont à limiter.

     ➯ Les indications des recommandations nutritionnelles suffisent-elles ?

 

D’après INCA 3 [2], le goûter est principalement représenté par la consommation de confiseries/chocolats, boissons rafraichissantes sans alcool, jus de fruits, pains et viennoiseries.

L’étude de Poquet et al. [4] indique des stratégies pour améliorer le comportement des enfants lors de la prise du goûter afin d’orienter vers une alimentation plus saine.

Les stratégies basées sur le plaisir alimentaire semblent prometteuses pour modifier favorablement et durablement les comportements. Mais la stratégie classiquement utilisée d’associer santé et plaisir serait, pour les enfants, incompatible.

Cela signifie que la dimension du plaisir alimentaire doit plutôt être intégrée à l’aspect sensoriel, au plaisir social et liée aux représentations qu’associe l’enfant aux aliments.

Par exemple, la mise en place d’activités ludiques permettant de renforcer les expériences positives avec les aliments sains (comme la réalisation d’ateliers cuisine) serait une stratégie plus efficace pour modifier durablement les comportements des enfants au goûter. Ou alors le fait de proposer aux enfants de se concentrer sur les sensations perçues lors de la consommation d’un aliment (sensation du goût, des textures, consommer en plus petite portion, manger plus lentement…)

 

En conclusion, les stratégies basées sur le plaisir alimentaire pourraient être des alternatives prometteuses, par rapport aux messages santé ou nutritionnels, pour améliorer les comportements alimentaires des enfants aux goûters.

     ➯ Au-delà des recommandations nutritionnelles et de la notion de plaisir, la taille des portions semblent également avoir toute son importance.

 

L’étude d’Acolatse et al. [5] met en évidence que les choix des parents concernant les tailles des portions servies à leurs enfants sont en grande partie guidés par :

  • Les tailles des portions qu’ils se servent eux-mêmes ;
  • Leur intuition ;
  • Les expériences des parents vécus pendant leur enfance (exemple : obligation de terminer son assiette) ;
  • La perception qu’ils ont du niveau de faim de leurs enfants ;
  • Le statut pondéral de l’enfant ;
  • Les influences sociales (autres membres de la famille, autres parents etc.).

Différentes stratégies peuvent être mises en place par les parents pour que la portion soit plus appropriée comme l’utilisation des emballages individuels ou encore de laisser une certaine autonomie à l’enfant sur la portion à consommer en fonction de sa propre sensation de faim.

Il convient donc que les futures recommandations nutritionnelles ainsi que les outils marketing (labels, emballages individuels…) mettent davantage l’accent sur l’aspect très important de la « juste portion ».

 

En conclusion, le défi de demain est donc d’attirer les enfants vers une consommation plus saine au travers de différents moyens :

– Les recommandations nutritionnelles ;

– La dimension du plaisir gustatif et social lors de la prise des repas ;

– L’éducation à la « juste portion ».

Il semble donc essentiel de rappeler ces fondamentaux de l’alimentation équilibrée chez les enfants de 1 à 10 ans, que ce soit dans le choix des aliments mais également des portions consommées. C’est ce qu’a fait CERIN (Centre de Ressources et d’Informations Nutritionnelles) au travers de leurs infographies sur l’alimentation de l’enfant de 1 à 3 ans [6] et de 4 à 10 ans [7].

 

 

SOURCES

[1] Prevalence of breakfast skipping among children and adolescents : a cross-sectional population level study

Article publié le 23 avril 2022 dans le journal BMC Pediatrics

Lien (accès libre) https://doi.org/10.1186/s12887-022-03284-4

 

[2] Etude INCA 3 : Etude individuelle nationale des consommations alimentaires 3 par l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail), 2017

https://www.anses.fr/fr/system/files/NUT2014SA0234Ra.pdf

 

[3] Note relative « aux recommandations nutritionnelles sur le petit-déjeuner et à l’impact attendu de la distribution de petits-déjeuners dans les écoles »

ANSES, 2021

https://www.anses.fr/fr/system/files/NUT2020SA0055.pdf

 

[4] Le plaisir comme levier pour améliorer les comportements lors du goûter chez les enfants

Article publié en février 2023 dans le journal Cahiers de Nutrition et de Diététique

Lien (accès restreint) https://doi.org/10.1016/j.cnd.2022.12.006

 

[5] Child food portion sizes in the home environment : how do parents decide ?

Article publié le septembre 2023 dans le journal Proceedings of the nutrition society

Lien (accès restreint) https://doi.org/10.1017/S0029665123000071

 

[6] Infographie « A table presque comme un grand » – Alimentation de l’enfant de 1 à 3 ans

CERIN mars 2023

https://www.cerin.org/wp-content/uploads/2023/07/depliant_3volets_1_3ans_digital_vf.pdf

 

[7] Infographie « Les enfant, à table ! » – Alimentation de l’enfant de 4 à 10 ans

CERIN août 2023

https://www.cerin.org/wp-content/uploads/2023/08/brochure_alimentation-4-10-ans.pdf