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En 2019, un régime sain et durable a été proposé, le régime EAT-Lancet. Celui-ci est censé pouvoir remplir tous les besoins nutritionnels de la population mondiale tout en respectant les limites planétaires en ressources. Ce régime est basé sur la consommation de produits à base de plantes et limite la consommation d’aliments d’origine animale, de céréales raffinées et de produits riches en sucres ajoutés et graisses saturées.
L’objectif de cette étude était d’examiner les changements alimentaires d’une cohorte française sur huit ans et d’évaluer dans quelle mesure ces changements étaient en accord avec le régime de référence EAT-Lancet.
Les auteurs se sont appuyés sur la cohorte NutriNet-Santé entre 2014 et 2022. Les caractéristiques anthropométriques, socio-démographiques et de style de vie des participants ont été collectées. Leur habitude alimentaire a aussi été estimée à trois reprises (2014, 2018, 2022) par le remplissage d’un questionnaire de fréquence alimentaire évaluant la consommation de 264 produits sur un an. L’adhérence au régime EAT-Lancet a été calculée par un index (ELD-I) basé sur la consommation de 14 types d’aliments : céréales raffinées, pommes de terre et tubercules, légumes, fruits, produits laitiers, bœuf, agneau et porc, poulet et volaille, œufs, poisson, noix, huiles saturées, huiles insaturées et confiseries.
Au total, 17 187 participants ayant rempli au moins deux des trois questionnaires alimentaires ont été retenus pour cette analyse. Une grande majorité des participants étaient des femmes (72,6%) et l’indice ELD-I avait une médiane à 36,4 en 2014. L’ELD-I moyen était de 35,1 points en 2014 et de 40,6 en 2018, soit une augmentation de 5,5 points en moyenne. Cette augmentation était notamment due à une diminution de consommation de viande (bœuf, agneau et porc) et à une plus forte consommation de fruits et de noix. Le score moyen n’avait pas augmenté en 2022, puisque la différence moyenne entre 2014 et 2022 n’était que de 4,2 points. Des changements similaires de consommation ont été observés sur cette période, excepté pour les fruits où la consommation a diminué. Les changements d’adhérence au régime EAT-Lancet étaient plus importants pour les femmes, les jeunes adultes et les sujets ayant un haut niveau d’éducation.
→ En conclusion, les résultats suggéraient que de légers changements vers un régime plus durable ont eu lieu entre 2014 et 2018 dans la cohorte NutriNet-Santé mais que ces changements s’étaient stabilisés entre 2018 et 2022. Pour les auteurs, cela signifie que des efforts plus importants sont nécessaires de la part de plusieurs acteurs pour faciliter la transition vers des régimes plus sains pour la population et la planète.
Plusieurs limites sont listées : tout d’abord la cohorte n’est pas représentative de la population générale (sur-représentation des femmes, sous-représentation des personnes avec un statut socio-économique plus bas) ce qui limite la généralisation des résultats et atténue les différences entre les sous-groupes socio-économiques ; ensuite la méthode de recueil des habitudes alimentaires est sujette à des biais de déclaration ; enfin, l’ELD-I ne permet pas de bien établir l’amplitude des changements rapportés.
« Are dietary changes over eight years in the prospective NutriNet-Santé cohort consistent with the EAT-Lancet reference diet? »
Article publié le 09 décembre 2024 dans The American Journal of Clinical Nutrition
Lien (article en accès libre) : doi.org/10.1016/j.ajcnut.2024.12.004
Photo d’illustration issue de la banque d’images Pixabay. Crédit : image par Martin Redlin