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Le CBD est une substance qui peut être obtenue à partir des plantes de Cannabis sativa L. ou synthétisée chimiquement. En novembre 2020 avec l’affaire Kanavape, la Cour de justice de l’Union européenne a conclu que le CBD n’était pas un stupéfiant et la Commission européenne a estimé que le CBD extrait ou synthétique pouvait être qualifié d’aliment. Cependant sa consommation n’ayant pas été démontrée de façon significative avant le 15 mai 1997, il est considéré comme un novel food.

Plus de 150 demandes d’autorisation de novel foods ont été soumises et dans ce cadre, 19 dossiers étaient en cours d’évaluation. Le 7 juin, l’EFSA a publié un rapport soulignant les lacunes et les incertitudes dans les données scientifiques. Il est demandé aux candidats d’apporter des informations complémentaires sur les point suivants: 

  • La sécurité du CBD destiné à être utilisé comme complément alimentaire ou ingrédient alimentaire doit être démontrée pour tous les groupes de la population générale.
  • La matrice utilisée ou les aliments consommés en même temps que le CBD peuvent impacter sa biodisponibilité. Ce point doit être approfondi aussi bien dans les propositions de CBD comme ingrédient alimentaire que complément alimentaire.
  • Il existe des preuves de la toxicité hépatique du CBD mais aucune NOAEL (No Observable Adverse Effect Level) n’a pas pu être déterminée à partir de l’ensemble des informations étudiées.
  • Le CBD peut avoir des effets biologiques en interagissant avec les récepteurs de différentes voies de signalisation. La plupart des études portent sur les interactions entre le CBD et des médicaments neurologiques, cependant les voies métaboliques du CBD sont communes à de nombreux autres médicaments. Les interactions et les concentrations de CBD auxquelles ces interactions se manifestent sont encore insuffisamment caractérisées et ne permettent pas l’évaluation de l’innocuité du CBD.
  • Après une exposition à long terme, la cinétique et la possible accumulation du CBD chez l’homme ne sont pas totalement connues.
  • Les preuves suggèrent que le CBD affecte la fonction gastro-intestinale en déclenchant la diarrhée. Cependant, il y a un manque de compréhension des effets déclencheurs de ce mécanisme.
  • L’exposition orale au CBD aurait des effets sur le système endocrinien, le système reproducteur et la fonction immunitaire. Cependant le manque important de connaissance ne permet pas d’écarter un risque.

Le groupe scientifique ayant identifié plusieurs dangers pouvant être en lien avec la consommation orale de CBD, l’EFSA a préféré suspendre son évaluation dans l’attente d’avoir de nouvelles informations sur la sécurité du CBD comme novel food.

A ce jour, le CBD reste un novel food non autorisé comme ingrédient ou complément alimentaire en Europe.

Finalement, l’Europe à travers ce rapport de l’EFSA n’est pas la seule à avoir cette position. Aux États-Unis, la Food and Drug Administration (FDA) a souligné son besoin de données supplémentaires pour répondre aux incertitudes et aux manques de données. Par ailleurs, elle a prolongé indéfiniment une audition publique pour obtenir des informations. Au Royaume-Uni, le comité scientifique indépendant (COT) qui fournit les évaluations scientifiques de la Food Standards Agency a déclaré que les données disponibles sur le CBD étaient insuffisantes pour entreprendre une évaluation des risques. Ils ont également publié un « Position paper » indiquant le risque potentiel du CBD dans les produits alimentaires en contenant.

 

Source: Statement on safety of cannabidiol as a novel food: data gaps and uncertainties