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Le lien entre additifs alimentaires et santé humaine fait toujours autant débat. Au-delà de la toxicité des additifs, a priori écarté pour chaque additif par l’Efsa, ce sont les effets de bas bruit et à long terme (ce qu’on pourrait appeler des effets « nutritionnels », par opposition aux effets aigus de toxicité) qui posent question. Sur ce point précis, les études manquent d’autant plus que les additifs autorisés en Union Européenne sont au nombre de 328.
Quatre parabènes sont actuellement autorisés comme additifs en Union Européenne : E214 (p-hydroxybenzoate d’éthyle, ou éthyl-parabène), E215 (dérivé sodique de l’ester éthylique de l’acide p-hydroxybenzoïque), E218 (p-hydroxybenzoate de méthyle, ou méthyl-parabène) et E219 (dérivé sodique de l’ester méthylique de l’acide p-hydroxybenzoïque). Dans cette étude, une équipe franco-américaine se sont focalisés sur l’E218, et sur le propyl-parabène, additif autorisé aux Etats-Unis mais pas en Union Européenne. Plus précisément, c’est l’effet « obésogène » des parabènes que les chercheurs ont voulu vérifier : cet effet avait été souligné par plusieurs études in vitro et in vivo auparavant.
Pour cela, les chercheurs ont utilisé des cellules du tissu adipeux (des adipocytes), et les ont mises en culture en présence de ces deux parabènes. Par ailleurs, il existe deux types de tissus adipeux : le blanc (qui sert à stocker les lipides), et le brun (qui permet de « brûler » les lipides, pour la thermogenèse). L’hypothèse des chercheurs est que les parabènes impactent aussi bien le stockage des lipides, que leur mobilisation dans le tissu adipeux brun : les deux phénomènes conduisant ainsi à une accumulation de lipides, et donc provoquant une obésité.
Les impacts retrouvés sont visiblement plus flagrants sur le tissu adipeux blanc que sur le tissu adipeux brun, mais les résultats sont difficiles à interpréter. L’exposition des adipocytes blancs aux parabènes a conduit à une hausse de lipides stockés dans les cellules, concordante avec une hausse des prélèvements de glucose par la cellule ; cependant, une hausse des marqueurs de la lipolyse a également été trouvée. Sur le tissu adipeux brun, mêmes résultats paradoxaux : une diminution de l’adiposité, mais aussi une diminution des marqueurs de la lipolyse.
Une partie de ces résultats valident les précédentes recherches in vivo suggérant un effet obésogène des parabènes, puisque l’adiposité du tissu adipeux blanc augmente après exposition aux parabènes. Difficile en revanche de conclure formellement à un impact délétère puisque cela s’accompagne d’une meilleure mobilisation des lipides dans ce même tissu. Lors de la ré-évaluation de la sécurité des parabènes en 2004, l’Efsa avait pris note de ces potentiels effets obésogènes, mais n’avait pas pu conclure suite à des résultats contradictoires. Plus de travaux de recherche sont donc nécessaire, sans doute en vivo pour tenir compte de la complexité de l’organisme. À noter également qu’en 2004, l’Efsa avait ré-évalué conjointement la sécurité des parabènes : ces résultats peuvent donc s’appliquer aux additifs de ce type (E214, E215 et E219), même si le propyl-parabène, utilisé dans cette étude, n’est pas autorisé en Union Européenne.
Disruption of normal adipocyte development and function by methyl- and propyl- paraben exposure.
Article publié le 18 septembre 2020 dans Toxicology Letters.
Lien (accès restreint) : https://doi.org/10.1016/j.toxlet.2020.09.009
Lire également la ré-évaluation de la sécurité des parabènes par l’Efsa en 2004.
Lien (open access) : https://efsa.onlinelibrary.wiley.com/doi/10.2903/j.efsa.2004.83