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La sécurité des édulcorants intenses fait toujours débat. Au début des années 2010, l’EFSA s’était penchée à plusieurs reprises sur le cas de l’aspartame (E951) : bien que la sécurité ait été établie, les travaux de recherche se poursuivent toujours. Le corpus scientifique sur les édulcorants intenses, de manière générale, est conséquent, avec des résultats parfois contradictoires concernant les effets physiologiques : tantôt des effets neutres, tantôt des effets délétères sont observés.

L’effet carcinogène des édulcorants intenses fait tout particulièrement débat, plusieurs travaux du début des années 2010 suggérant en effet un tel impact. Cette étude française s’inscrit dans ce cadre de manque de données épidémiologiques sur le sujet, données de la cohorte NutriNet à l’appui. Les chercheurs ont axé leurs travaux sur trois édulcorants en particulier : aspartame (E951), sucralose (E955), et acésulfame-K (E950). Les données de consommation de 102 865 adultes français ont été utilisées pour évaluer les consommations en ces trois additifs. D’autre part, les données médicales de ces mêmes personnes ont été analysées spécifiquement en lien avec les cas de cancers, pour pouvoir éventuellement relier consommation d’édulcorants intenses et risque de cancer.

La consommation globale d’édulcorants intenses (tous confondus) est significativement corrélée avec le risque global de cancer (tous types de cancer), avec un risque de 13%. Ce sont surtout les consommations d’aspartame (+15%) et d’acésulfame-K (+13%) qui présentent des corrélations significatives ; aucun lien n’est retrouvé avec le sucralose. Plus spécifiquement sur certains cancers, l’aspartame se retrouve également associé significativement avec le risque de cancer du sein (+22%).

L’article relance donc le débat sur les édulcorants intenses, et sur les additifs de manière générale puisque les auteurs estiment que l’EFSA devrait prendre en compte ces données dans le cadre de la ré-évaluation des édulcorants intenses. Soulignons néanmoins que les études observationnelles ne démontrent pas de causalité, et qu’à ce titre, difficile de savoir comment les agences d’évaluation des risques prendront en compte ce type de données. Par ailleurs, toujours concernant l’évaluation des risques, les auteurs de l’étude se gardent bien de rappeler toute la difficulté d’évaluation des risques liés aux édulcorants intenses, étant donné les résultats contradictoires des études disponibles (notamment cliniques). Ces résultats contradictoires avaient été passés en revue par l’Anses en 2015, laquelle avait eu du mal à synthétiser tous ces résultats.

 

Artificial sweeteners and cancer risk: Results from the NutriNet-Santé population-based cohort study.

Article publié le 24 mars 2022 dans PLoS Medicine.

Lien (open access) : https://doi.org/10.1371/journal.pmed.1003950