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L’obésité connaît une progression alarmante à l’échelle mondiale depuis plusieurs décennies. Pour tenter de limiter la prise de poids, de nombreuses personnes se tournent vers des alternatives au sucre, notamment les édulcorants artificiels. Ces substances, largement utilisées dans les produits dits “sans sucre” ou “light”, sont pourtant de plus en plus controversées. Des recherches récentes suggèrent que leur consommation pourrait paradoxalement être liée à une augmentation du risque d’obésité et de troubles métaboliques, notamment via des effets sur la tolérance au glucose et le microbiote intestinal. Des études associent également l’exposition prénatale ou postnatale à ces substances à un surpoids chez l’enfant. Face à des résultats parfois contradictoires, il apparaît essentiel d’évaluer plus précisément les effets potentiels des édulcorants sur la santé métabolique dès la période périnatale.
L’objectif de cette étude était d’examiner l’association entre consommation de boissons sucrées ou édulcorées pendant la grossesse et le risque de surpoids des enfants de leur naissance jusqu’à l’âge de 18 ans.
Pour cela, les auteurs se sont appuyés sur une cohorte danoise comprenant plus de 100 000 femmes enceintes entre 1996 et 2002. Les enfants étaient suivis de la naissance jusqu’à 18 ans. Finalement, ce sont plus de 68 000 duos mères/enfants qui ont été inclus dans chaque groupe. Au moment des 18 ans, la moitié des enfants étaient encore suivis (environ 32 000 par groupe).
La consommation de boissons sucrées ou édulcorées était stratifiée en quatre catégories :
- Jamais consommé
- Moins d’une boisson (250 mL) par semaine
- 1 à 6 boissons par semaine
- Plus d’une boisson par jour
À la naissance et pendant les 12 premiers mois, aucune association entre la consommation de boissons avec édulcorants et poids à la naissance et surpoids. À 7, 11 et 18 ans, les enfants dont les mères consommaient plus d’une boisson par semaine avaient plus de chance d’être en surpoids que les enfants dont les mères ne consommaient pas ce type de boisson. La consommation de boissons sucrées quotidiennement diminuait les chances de la progéniture d’être en surpoids à 11 et 18 ans comparé à l’absence de consommation.
Il faut noter que les deux groupes de mères présentaient des différences et que cela pourrait expliquer certains résultats. Ainsi, en moyenne, le groupe consommant des boissons sucrées avait un niveau socio-économique plus élevé et allaitait plus longtemps que le groupe consommant des boissons édulcorées. De plus, il n’y avait pas de mesures entre 12 mois et 7 ans, ce qui est une période où les enfants peuvent prendre rapidement du poids.
Les auteurs rappellent que les édulcorants artificiels peuvent passer dans le lait maternel et donc être transmis à l’enfant par l’allaitement. De plus, il est possible que les femmes consommant ces produits pendant la grossesse et que l’exposition continue durant les premiers mois de vie. Enfin, il faut noter que cette étude ne permet pas de tirer de conclusion sur les liens de causalité existants.
En conclusion, les résultats montrent que la consommation quotidienne de boissons édulcorées pendant la grossesse est associée à un risque accru que l’enfant soit en surpoids pendant son enfance et son adolescence, mais pas quand il est nourrisson. De façon surprenante, la consommation de boisson sucrée était elle associée avec une diminution du risque de surpoids à l’adolescence.
« Consumption of artificial sweeteners during pregnancy and the risk of overweight in the offspring »
Article publié le 21 mars 2025 dans British Journal of Nutrition
Lien (article en accès libre) : https://doi.org/10.1017/S0007114525000455
Photos d’illustration issue de la banque d’images Pixabay. Crédit : Clayton Majona