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Le microbiote intestinal renferme plusieurs milliards de bactéries, dont certaines sont aujourd’hui soupçonnés d’exercer des bénéfices. Bien sûr, seul un très petit nombre de ces bactéries ont pu être étudiées avec précision : c’est-à-dire isolées, mises en culture pour qu’elles puissent grandir en nombre, et tester les effets physiologiques d’une supplémentation en ces bactéries (en pré-clinique ou en clinique). C’est notamment avec cette démarche qu’Akkermansia muciniphila avait été identifiée par l’équipe de Patrice Cani en Belgique, pour mettre en évidence des effets protecteurs vis-à-vis de l’obésité et du diabète.

Le laboratoire de Patrice Cani est en pointe mondialement sur ce type de recherches, et ne s’arrête pas là : une nouvelle bactérie potentiellement bénéfique a été isolée, appelée cette fois Dysosmobacter welbionis. Cette bactérie a été isolée dans un premier temps en 2019 par les chercheurs belges. A présent, cette étude porte sur la capacité de D welbionis à exercer des bénéfices physiologiques, toujours en lien avec l’obésité, l’inflammation et le diabète de type 2.

Pour ce faire, plusieurs expérimentations ont été réalisées par les chercheurs. Tout d’abord, mesurer la présence de D welbionis chez l’Homme, pour tenter de relier sa présence à certaines maladies comme l’obésité : pour cela, des données fécales issues de plusieurs cohortes de volontaires ont été recueillies. Et ensuite, réaliser une étude pré-clinique de supplémentation de D welbionis sur des souris nourries avec un régime obésogène, pour vérifier les bénéfices physiologiques supposés de cette souche.

Une grande majorité de personnes semblent être pourvues de cette bactérie, puisqu’elle a été détectée chez près de 70% des volontaires pris en compte dans l’étude. Les indications de bénéfices physiologiques sont données par les corrélations que les chercheurs ont constatées : chez les sujets en surpoids ou obèses, plus l’abondance de D welbionis est élevée, moins les volontaires semblent être à risques de maladies métaboliques (en termes d’IMC ou de glycémie). Ces corrélations n’indiquant pas de causalité, c’est la raison pour laquelle une expérience pré-clinique était nécessaire. Trois groupes de souris ont été définies : contrôle négatif (régime normal), contrôle positif (régime obésogène) et groupe expérimental (régime obésogène + supplémentation en D welbionis). En concordance avec les corrélations observées, la supplémentation en D welbionis a largement atténué les effets du régime obésogène (moindre poids, moindre taille des adipocytes, meilleure sensibilité à l’insuline), permettant aux auteurs de spéculer sur les capacités anti-obésité de cette nouvelle bactérie.

Les auteurs restent néanmoins prudents : cette bactérie doit être testée cliniquement pour vérifier les bénéfices anti-obésité. Au-delà de l’obésité, d’autres pathologies cibles doivent être testées pour explorer les bénéfices physiologiques de D welbionis.

 

Dysosmobacter welbionis is a newly isolated human commensal bacterium preventing diet-induced obesity and metabolic disorders in mice.

Article publié le 20 mai 2021 dans Gut.

Lien (open access) : http://dx.doi.org/10.1136/gutjnl-2020-323778

Crédits d’image : Wikimédia Commons