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Le DHA (acide docosahexaénoïque, C22:6 n-3) fait partie, avec l’EPA (acide eicosapentaénoïque, C22:5 n-3), des oméga-3 dits indispensables : des apports satisfaisants (2 fois 250 mg/jour) ont été définis, et leurs rôles biologiques sont vastes. Outre les rôles bien connus sur l’inflammation et sur la santé cardiaque, le DHA est aussi efficace pour réduire les taux de triglycérides, comme attesté par plusieurs études in vivo et cliniques. Cela concerne les triglycérides plasmatiques, mais aussi les triglycérides hépatiques. Les mécanismes d’action suggérés sont les suivants : une diminution de l’inflammation, une diminution de la synthèse des lipides (notamment des VLDL, en favorisant à l’inverse le catabolisme des lipides), et le remplacement de l’acide arachidonique (C20:4 n-6) des phospholipides. Les dérivés du DHA et de l’EPA sont également mis en avant pour expliquer ces bénéfices. Cependant, à ce jour, il n’y a rien de précis pour expliquer de manière concrète comment le DHA opère pour réduire les triglycérides, à la fois plasmatiques et hépatiques.
Les auteurs de cette étude ont fait l’hypothèse étonnante d’une incorporation du DHA dans des dérivés lipidiques, les N-acyl-taurines. Cette hypothèse provient du fait que plusieurs études ont constaté, après une supplémentation en DHA, une incorporation de ce dernier dans des N-acyl-taurines (NAT). Par définition, les NAT incorporent des acides gras dans leur structure, et le DHA peut s’y greffer. Jusqu’à présent, le DHA-NAT n’avait pas de rôle biologique connu, et les auteurs ont décidé de mener des investigations plus poussées.
Dans un premier temps, les chercheurs ont bien constaté un enrichissement en DHA-NAT après une supplémentation en huile de poisson chez des souris : le DHA-NAT est particulièrement retrouvé dans la bile, soulevant la question d’un effet sur la digestion des lipides. De ce fait, les chercheurs ont voulu savoir si la supplémentation en huile de poisson, et donc l’enrichissement en DHA-NAT, possédait un impact sur l’absorption des lipides : le DHA-NAT inhibe en effet la dégradation des triglycérides alimentaires, et donc l’absorption intestinale des lipides. A noter cependant que le DHA-NAT n’a pas eu d’impact sur la synthèse des VLDL au sein du foie, confirmant un rôle bénéfique seulement au niveau de l’absorption des lipides. Enfin, à l’aide de modèles de souris n’exprimant pas les enzymes permettant la dégradation des DHA-NAT, les chercheurs ont pu confirmer le rôle de ces composés sur la digestion des lipides.
Dans la mesure où les données cliniques obtenues dans cette étude montrent également un enrichissement en DHA-NAT chez l’Homme après supplémentation en huile de poisson, il est probable que ces composés expliquent les résultats des études cliniques, à savoir la capacité du DHA à réduire les triglycérides plasmatiques. Le principal résultat est donc que le DHA agit, par le biais du DHA-NAT sur l’absorption des lipides, et non sur la synthèse de triglycérides dans le foie, pour diminuer les taux plasmatiques de triglycérides.
An abundant biliary metabolite derived from dietary omega-3 polyunsaturated fatty acids regulates triglycerides.
Article publié le 28 janvier 2021 dans The Journal of Clinical Investigation (JCI).
Lien (open access) : https://doi.org/10.1172/JCI143861
Lire également l’éditorial associé.
Triglyceride lowering by omega-3 fatty acids: a mechanism mediated by N-acyl taurines.
Article publié le 15 mars 2020 dans The Journal of Clinical Investigation (JCI).
Lien (accès restreint) : https://doi.org/10.1172/JCI147558