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Le microbiote intestinal concentre une partie des critiques émergentes sur les additifs alimentaires. En effet, la question du microbiote intestinal n’est pas prise en compte dans les études de toxicologie règlementairement demandées pour assurer la sécurité des additifs alimentaires. Les édulcorants intenses sont ciblés ; mais plus récemment, c’est surtout le lien entre émulsifiants et microbiote intestinal qui est exploré, avec en particulier le polysorbate 80 (E433) et la carboxyméthylcellulose (E464). Des études pré-cliniques menées par le groupe de Benoit Chassaing ont déjà montré les effets délétères des deux émulsifiants sur le microbiote intestinal ; effets qui ont été confirmés cliniquement pour le E464.

Puisque ces deux additifs ont des impacts sur le microbiote intestinal, il est licite de penser que des probiotiques pourraient contrecarrer ces effets négatifs. Du point de vue scientifique, la souche Akkermansia muciniphila, mise en évidence par des chercheurs belges de Louvain, a largement démontré ses bénéfices sur la santé métabolique. Le groupe de Benoit Chassaing a donc testé l’hypothèse que la souche A. munciniphila pouvait contrecarrer les effets délétères induits par les additifs E433 et E464. Pour ce faire, des souris C57BL/6J ont été supplémentées soit en eau (contrôle), soit en E433, soit en E464 pendant neuf semaines. 10 souris par groupe ont été considérées. Dans chaque groupe, deux sous-groupes ont été formés : supplémentation ou non en A. muciniphila, donc également pendant les neuf semaines.

Les chercheurs ont tout d’abord vérifié que la souche A. muciniphila était bien présente en quantités beaucoup plus élevées dans les sous-groupes ayant été supplémentés en cette bactérie. Premier changement induit par A. muciniphila : le poids. Les souris supplémentées en E433 et E464 ont vu leur poids augmenter, par rapport à celles supplémentées en A. muciniphila chez lesquelles la prise de poids a été contrecarrée. Cette moindre prise de poids peut s’expliquer en partie par une hausse de prise alimentaire contrecarrée chez les souris recevant le probiotique. En parallèle, les résultats de tests de tolérance orale au glucose ont révélé une meilleure tolérance au glucose chez les souris recevant A. muciniphila. Des coupes histologiques au niveau de l’intestin ont également montré qu’A. muciniphila protégeait les souris contre l’inflammation locale induite par les deux émulsifiants.

C’est la toute première étude à notre connaissance montrant que l’effet délétère de certains additifs peut être renversé par la supplémentation concomitante en probiotiques. Au passage, les résultats confortent la pertinence de la souche A. muciniphila sur le plan de la santé métabolique.

 

Akkermansia muciniphila counteracts the deleterious effects of dietary emulsifiers on microbiota and host metabolism.

Article publié le 16 janvier 2023 dans Gut.

Lien (open access) : http://dx.doi.org/10.1136/gutjnl-2021-326835