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Le confort digestif est typiquement un sujet tabou, car relatif à des aspects de l’intimité. Pour autant, le confort digestif post-prandial peut être un problème, aussi bien chez les personnes saines que chez les sujets atteints de pathologies gastro-intestinales comme le syndrome de l’intestin irritable. La dimension intime ne facilite ni le diagnostic, ni l’origine exacte de ces troubles. Si certains aliments ont une certaine notoriété pour provoquer des ballonnements post-prandiaux, et donc potentiellement des troubles digestifs, d’autres molécules sont suspectées d’être responsables de ces troubles, avec des niveaux de preuve très variables : c’est notamment le cas du gluten, véritable suspect pendant des années et qui a conduit au développement de produits sans gluten. Plus récemment, ce sont les FODMAPs qui ont gagné en visibilité : ces glucides, plus ou moins complexes et qui englobent une partie des fibres alimentaires, sont suspectés de provoquer des complications intestinales sur la base de leur vitesse (très rapide) de fermentation.

Dans cette démarche d’identification du ou des coupable(s), toute la difficulté consiste à isoler les aliments un par un, mais aussi de comparer avec un placebo pour juger de la pertinence des symptômes observés. Cette étude clinique a ici pour objectif de séparer les effets des FODMAPs de ceux du gluten, en considérant donc deux groupes d’intervention pendant une semaine. Un troisième groupe d’intervention, correspondant au placebo, a également été mis en place. Au total, 103 patients atteints de syndrome d’intestin irritable ont participé à l’étude, avec pour chacun un passage (dans un ordre aléatoire) dans les trois conditions. L’objectif des chercheurs est de comparer la gravité des symptômes associés au gluten et aux FODMAPs, avec l’hypothèse que ceux liés aux FODMAPs seraient plus élevés que ceux liés au gluten.

Les résultats confirment les hypothèses des chercheurs, à savoir : que les troubles gastro-intestinaux liés aux FODMAPs sont significativement plus élevés que ceux provoqués par le gluten et le placebo, et qu’il n’y a aucune différence significative entre le gluten et le placebo concernant ces troubles. Les chercheurs sont pour autant prudents dans leurs conclusions, dans la mesure où une grande variabilité inter-individuelle a été constatée au sein des groupes d’intervention. Cette variabilité témoigne aussi de l’autre difficulté à évaluer les troubles gastro-intestinaux, qui semblent très individu-dépendants.

Pour autant, il s’agit de la seconde étude clinique à retrouver ce résultat que les FODMAPs, et non le gluten, seraient plus à mêmes d’induire des troubles gastro-intestinaux chez les patients atteints de syndrome de l’intestin irritable. Ces résultats ne remettent pas en cause, dans le cas spécifique de la maladie cœliaque, l’éviction du gluten ; en revanche, dans la mesure où les patients atteints de syndrome de l’intestin irritable servent de « modèle » pour extrapoler aux personnes saines, l’intérêt de l’éviction du gluten pour ces populations pourrait être remis en cause.

 

Fermentable oligo-, di-, monosaccharides, and polyols (FODMAPs), but not gluten, elicit modest symptoms of irritable bowel syndrome: a double-blind, placebo-controlled, randomized three-way crossover trial.

Article publié le 7 octobre 2021 dans The American Journal of Clinical Nutrition.

Lien (open access) : https://doi.org/10.1093/ajcn/nqab337

 

Lire également l’éditorial associé à cet article.

FODMAPs or gluten as inducers of symptoms in irritable bowel syndrome: separating the wheat from the chaff.

Article publié le 15 décembre 2021 dans The American Journal of Clinical Nutrition.

Lien (accès restreint) : https://doi.org/10.1093/ajcn/nqab381