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Interview de Gaëlle PANTIN-SOHIER, Professeur des Universités à l’IAE Angers et Titulaire de la Chaire AAPRO (Avantages et Acceptabilité des protéines alternatives)
par Géraldine Gourlaouen, Chef de Projets Innovation chez Foodinnov
Gaëlle, merci d’avoir accepté notre échange et de nous parler plus en détail de la Chaire APPRO et l’objectif de ce beau projet.
Comment est constituée la Chaire et quel en est l’objectif ?
Comme toute Chaire universitaire, c’est un partenariat faisant collaborer le monde de l’enseignement, de la recherche et des entreprises du secteur privé ici en agroalimentaire.
Elle a pour objectif de comprendre l’évolution des comportements des consommateurs vis-à-vis des nouvelles protéines alternatives.
La chaire permet également de favoriser et donner un rayonnement international à cette étude. 2 universités étrangères y participent d’ailleurs l’Université de Laval au Canada et Wageningen aux Pays Bas. En France l’ESA d’Angers et les IAE de Angers et Nantes y collaborent.
Quand a pris forme le projet ?
Le projet a démarré le 4 juin 2021 et en septembre 2022 le nombre de partenaires est monté à 18.
Les 2 premières années la région Pays de la Loire et l’Europe financent le projet puis les partenaires prendront le relais. Cette continuité d’investissement permettra de financer la poursuivre des études via le recrutement d’un post doc.
Dans quel contexte la Chaire a-t-elle établie ?
De plus en plus de consommateurs s’orientent vers des régimes alimentaires flexitariens. Les raisons de ces changements d’habitudes alimentaires quels qu’ils soient (prise de conscience du bien-être animal, de l’environnement ou à la santé) sont différentes selon les individus. Global Market Insights prévoit qu’entre 2021 et 2027 le taux de croissance annuel moyen du marché des protéines alternatives sera de + 17%.
Les acteurs sur ce marché de protéines alternatives sont d’ailleurs de plus en plus nombreux ainsi que les sources qu’ils mettent en avant (végétales, algues, insectes). Un grand nombre de ces entreprises de la Food Tech ont d’ailleurs levé en 2019 plus de 20 Milliards de dollars dans le monde.
Quels sujets de recherches la Chaire AAPRO va-t-elle travailler ?
La stratégie de la Chaire AAPRO s’oriente sur 4 axes de travail
- L’évolution des modes de comportements alimentaires du consommateur.
- Les qualités nutritionnelles des protéines alternatives et leur impact dans les produits finis
- L’acceptabilité de ces protéines alternatives par les consommateurs
- La valorisation et la diffusion des résultats
Une première étude a donné lieu en juin dernier à des informations intéressantes, quelles sont-elles ?
L’étude a permis de mieux comprendre les différences de connaissances et de mise en situation de ces nouvelles protéines.
Les légumineuses notamment sont encore peu connues et utilisées par la génération X (née entre 1965 et 1980). Les modes de cuisson ou de préparation ne sont pas évidentes pour cette catégorie de population. Il y a un véritable travail pédagogique à faire auprès d’eux. La génération Y (née entre 1980 et 2000) quant à elle a une meilleure connaissance de leur utilisation et est susceptible d’en consommer davantage.
Les protéines alternatives notamment végétales, ont une appétence bien plus forte à l’étranger et depuis longtemps. Le niveau de connaissances y est également plus élevé.
Le fait est qu’en France, pays d’une grande richesse gastronomique, le goût reste au cœur des préoccupations.
Le degré d’acceptabilité de ces différentes sources de protéines n’est donc pas équivalent selon les marchés et zones géographiques.
Cependant les recherches sur le sujet des protéines alternatives sont fortes et accélèrent la dynamique sur ce sujet. Les aspects réglementaires et acceptations auprès des consommateurs restent des freins à ce développement.
Le comportement sur les légumineuses aide beaucoup en ce sens. Les aspects réglementaires ne sont pas bloquants contrairement aux insectes et pourtant l’acceptabilité consommateurs n’est pas encore totalement au rendez-vous.
Les médias jouent un rôle très important dans cette acceptation.
De nombreuses valorisations dans la presse ou dans des événements types colloques ou conférences ont d’ailleurs été relayées depuis 2021.
L’intérêt de la chaire prend tout son sens pour favoriser les échanges et la communication entre les industriels, les académiques mais aussi dans la compréhension des consommateurs. Ce type de collaboration apporte plus de transversalité dans les échanges et permet de gagner en agilité et en efficacité.
Merci beaucoup Gaëlle pour nos échanges et à très vite pour suivre les prochains résultats de la Chaire.