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Les travaux de recherche avancent concernant les phyto-oestrogènes, ces composés structurellement similaires aux oestrogènes et présents naturellement dans les fruits et légumes, et qui regroupent de nombreux polyphénols. En 2006, l’Afssa (maintenant Anses) publiait un rapport dans lequel étaient soulignées de nombreuses incertitudes liées aux phyto-oestrogènes, en particulier en lien avec la survenue de cancers. Il faut dire que l’activité oestrogénique des phyto-oestrogènes n’est pas à prendre à la légère, car c’est sur ce principe que peut être défini un perturbateur endocrinien. Les phyto-oestrogènes, des « perturbateurs endocriniens naturels » donc, mais dont le rôle physiologique est encore mal défini.

En dehors des hypothèses sur le cancer, d’autres études se sont focalisées sur les maladies cardiovasculaires. La daidzéine, phyto-oestrogène très présente dans le soja notamment, a ainsi été reliée à une moindre survenue d’événements cardiovasculaires délétères, mais d’autres études ont trouvé des résultats opposés. Une autre étude a associé de forts taux urinaires de génistéine, autre phyto-oestrogène très répandue, à une moins bonne santé cardiovasculaire. Ces quelques études fournissent des hypothèses ; cependant, elles ciblent un nombre limité de phyto-oestrogènes, et les mesures (plasma vs urine) ne reflètent pas forcément les mêmes processus physiologiques à l’œuvre.

Dans cette étude épidémiologique prospective, 143 femmes ont été suivies pendant 10 ans, avec une mesure au départ des taux plasmatiques de différents phyto-œstrogènes : daidzéine, dihydrodaidzéine, glycitine, éthyl-phénol, équol, estradiol, genistéine et o-desméthylangolensine (O-DMA). Pendant ces 10 ans, les événements cardiovasculaires de ces 143 femmes ont été enregistrés : infections du myocarde, attaque cardiaque, hospitalisation pour insuffisance cardiaque, et angine de poitrine (ou ischémie cardiaque). La mortalité (cardiovasculaire, et toutes causes confondues) a également été mesurée. L’objectif principal de l’étude est de tenter de relier les taux circulants de phyto-oestrogènes, aux événements cardiovasculaires et au taux de mortalité sur l’échantillon. L’autre avantage de l’étude est qu’elle ne se limite pas à la daidzéine et à la génistéine ; d’autres phyto-oestrogènes et métabolites sont aussi pris en compte.

Les principaux résultats concernent la génistéine et la glycitine : plus ces deux phyto-oestrogènes sont élevés dans le plasma, moins les risques pour santé cardiovasculaire sont élevés. Aucune associaion significative n’a été retrouvée concernant les autres phyto-oestrogènes. Les chercheurs concluent sur un possible intérêt de la supplémentation en ces deux molécules, compte tenu des effets physiologiques potentiels. Compte tenu de la nature prospective de l’étude, se pose toujours la question des mécanismes d’action de ces deux molécules sur le système cardiovasculaire, ainsi que la validation clinique de ces résultats, avant d’envisager un intérêt de la supplémentation.

 

Phytoestrogen blood levels and adverse outcomes in women with suspected ischemic heart disease.

Article publié le 8 novembre 2020 dans l’European Journal of Clinical Nutrition.

Lien (accès restreint) : https://doi.org/10.1038/s41430-020-00800-6