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De nombreux travaux de recherche ont été effectués sur la capacité des nitrates alimentaires, contenus notamment dans les végétaux, pour améliorer les performances pendant l’effort physique (un effet dit ergogène). Les mécanismes d’action supposés étaient notamment liés à une meilleure vasodilatation des vaisseaux sanguins, permettant ainsi d’améliorer le débit sanguin, et donc la fourniture d’énergie et d’oxygène aux tissus musculaires ; ceci par le biais d’une réduction des nitrates (et des nitrites) en oxyde nitrique (NO), donc le pouvoir vasodilatateur est connu. Bien que cette mécanistique soit communément admise, il reste que le mode exact d’action des nitrates demeure flou. Pour preuve, toutes les études cliniques de supplémentation n’ont pas toujours retrouvé de bénéfices liés à une supplémentation en nitrates, même si l’on peut évidemment mettre en avant des différences en termes d’exercice physique (intensité, durée).
Cette étude clinique a souhaité comprendre un peu plus en détails le mode d’action des nitrates alimentaires, en portant de manière originale sur des sujets sédentaires. Huit volontaires masculins ont été inclus dans cette étude randomisée en double aveugle avec placebo, avec un pour effort physique des extensions actives du genou. Deux conditions ont été définies : jus de betterave (qui fournit des nitrates), et placebo avec volume et apparences équivalents. De nombreuses mesures ont été effectuées sur les volontaires, en particulier pour mesurer le débit d’oxygène arrivant au muscle.
Un résultat inattendu a été retrouvé par les chercheurs : le volume d’oxygène consommé par le muscle a significativement diminué après la consommation du jus de betterave. Ce résultat est inattendu, parce qu’en contradiction avec l’idée communément admise que le muscle va pouvoir consommer plus d’oxygène avec une vasodilatation. Ce résultat est à mettre au regard d’une diminution de la production d’ATP dans le muscle, molécule qui permet la contraction du muscle. Dit autrement, la consommation du jus de betterave réduit significativement le coût en oxygène d’une contraction musculaire. Dans le même temps, les auteurs n’ont pas observé d’effet du jus de betterave sur la durée d’essoufflement.
Cette étude est la toute première à confirmer des bénéfices des nitrates, tout en soulignant que ces bénéfices ne s’expliquent pas par une hausse de la vasodilatation. De ce point de vue, il faut aussi rappeler que les volontaires étaient sédentaires : observer des bénéfices, même chez des personnes a priori non entraînées, montre la puissance d’effet des nitrates. Il convient maintenant de poursuivre les travaux de recherche : à l’échelle clinique pour vérifier que de tels effets sont bien indépendants du sexe, de l’intensité et de la durée de l’exercice physique, et à l’échelle moléculaire pour comprendre comment les nitrates agissent sur les tissus musculaires.
Nitrate-rich beetroot juice ingestion reduces skeletal muscle O2 uptake and blood flow during exercise in sedentary men.
Article publié le 29 septembre 2021 dans The Journal of Physiology.
Lien (accès restreint) : https://doi.org/10.1113/JP281995
Lire également l’éditorial associé à cet article.
The root of the matter: nitrate‐rich beetroot juice reduces skeletal muscle O2 uptake during exercise.
Article publié le 15 novembre 2021 dans Tje Journal of Physiology.
Lien (lecture seule autorisée) : https://doi.org/10.1113/JP282481