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S’il y a bien une maladie qui préoccupe la majorité des chercheurs en nutrition humaine, c’est l’obésité. Considérée comme une maladie caractéristique des pays occidentaux quelques décennies après la Seconde Guerre Mondiale, sa prévalence est passée de 12% en 1990 à 42% aujourd’hui, aux Etats-Unis. L’obésité est ainsi devenue, au-delà de la simple recherche en nutrition humaine, un problème de santé publique majeur.

Cet article, écrit par un éminent cardiologue américain très impliqué dans la recherche en nutrition humaine, met tous les éléments sur la table, sans aucune langue de bois, et sans doute comme aucun article scientifique auparavant. Le titre de l’article ne trompe pas : Dariush Mozaffarian affirme sans détour que les hypothèses définies pour tenter d’expliquer l’obésité ne sont sans doute pas les bonnes, tout simplement parce que l’obésité ne cesse de progresser.

L’hypothèse la plus répandue est celle que nous nous sommes mis à trop manger, conduisant à un excès d’énergie : cet excès devant être « stocké » quelque part (à défaut d’être brulé par l’exercice physique), cela finit par se répercuter sur le tissu adipeux. C’est le fameux modèle de la « balance énergétique », que certains articles récents ont d’ailleurs remis en cause. Cependant, quelle que soit la validité de ce modèle, les données présentées dans l’article (données propres aux Etats-Unis) montrent que la consommation d’énergie a atteint un plateau à partir des années 2000, après des décennies de hausse continue. Même si les apports en énergie sont souvent sous-estimés, le chercheur estime qu’il est temps de reconnaître les limites de cette hypothèse, que les données disponibles ne permettent pas de soutenir. Dans la continuité, les données ne permettent pas vraiment d’affirmer que l’activité physique aurait décru depuis les années 1990.

Dariush Mozaffarian plaide donc pour que de nouvelles hypothèses soient considérées et explorées : influence du microbiote intestinal (effet sur la dépense énergétique de l’organisme), impact de l’effet inter-générationnel (transmission du risque d’obésité), mais aussi impact de la transition alimentaire entamée au XXe siècle (conduisant certes à une offre alimentaire pléthorique, mais surtout à des ingrédients et des aliments transformés que l’Homme n’avait jamais connu auparavant). Ces hypothèses, toujours selon le chercheur, doivent être explorées de manière urgente pour pouvoir faire reculer l’épidémie d’obésité. En somme, il n’est plus question de se focaliser sur des aspects quantitatifs, mais plus qualitatifs (qualité de l’alimentation), pour tenter d’expliquer cette hausse inexorable de l’obésité.

 

Obesity – an unexplained epidemic.

Article publié le 23 avril 2022 dans The American Journal of Clinical Nutrition.

Lien (open access) : https://doi.org/10.1093/ajcn/nqac075