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L’importance du métabolisme des acides gras dans la fonction reproductive est de plus en plus reconnue, au fur et à mesure que la recherche avance. Plus spécifiquement, les acides gras semblent jouer un rôle clé dans la maturation des ovocytes, entrant dans la composition du liquide folliculaire qui les environne. Plusieurs travaux de recherche ont notamment montré des différences de composition lipidique de ce liquide selon l’indice de masse corporelle (IMC). Des acides gras spécifiques comme l’acide oléique ou palmitoléique ont ainsi été retrouvés en plus grandes quantités chez des femmes obèses. Le ratio oméga-6/oméga-3, qui doit idéalement être autour de 4 d’après les recommandations nutritionnelles françaises, semble également d’importance : des études ont corrélé ce ratio avec les chances de fécondation, sans pour le moment que le lien de causalité soit formellement établi.

Cette étude porte spécifiquement sur les acides gras oméga-3 qui composent le liquide folliculaire, chez des femmes âgées de 18 à 41 ans et en attente de fécondation in vitro (FIV). L’objectif est de visualiser l’impact des lipides alimentaires, et en particulier des oméga-3, sur la composition du liquide folliculaire : l’apport et la qualité des acides gras alimentaires des participantes a donc été surveillé, par le biais d’une supplémentation contrôlée. Deux groupes ont ainsi été constitués. Le groupe « contrôle » a reçu de l’huile de tournesol pour cuisiner les aliments au quotidien, ainsi qu’une boisson non supplémentée en EPA et DHA. Le groupe expérimental, quant à lui, a reçu de l’huile d’olive pour la cuisine des aliments, ainsi qu’une boisson identique à celle du groupe « contrôle », mais supplémentée en EPA et DHA. La durée de l’expérience a duré six semaines au total, sur la base d’études ayant montré qu’une telle durée permettait d’observer des changements de composition du liquide folliculaire. Concernant ce dernier, sa composition lipidique a pu être évaluée en fin d’intervention expérimentale. Les chercheurs ont également évalué la composition lipidique du sérum (en baseline et à la fin de l’intervention), mesure très classique dans les études cliniques mais destinée à vérifier l’observance des participantes de l’alimentation prescrite.

En baseline, les compositions lipidiques du sérum ne différaient pas entre les deux groupes. Comme attendu, à la fin de l’expérience, les taux d’EPA et de DHA ont été significativement plus élevés chez les participantes du groupe « expérimental », indiquant une bonne observance de l’alimentation. Ces différences se sont aussi retrouvées dans la composition du liquide folliculaire : cinq fois plus d’EPA et deux fois plus de DHA dans le liquide folliculaire dans le groupe « expérimental », par rapport au groupe « contrôle ».

Cette étude clinique est la première à montrer qu’une alimentation riche en acides gras oméga-3 à longue chaîne permet d’enrichir spécifiquement en EPA et en DHA le liquide folliculaire, sur un nombre élevé de participantes (49 dans le groupe « contrôle », 53 dans le groupe « expérimental »). L’étude n’a en revanche pas évalué la pertinence clinique de cet enrichissement, avec la question évidente de savoir si cela a eu un impact sur les chances de succès de la FIV des participantes. Bien que les oméga-3 soient parés de toutes les vertus, et que le ratio oméga-6/oméga-3 semble être important, plus de recherches et d’essais cliniques de ce type sont nécessaires pour pouvoir faire des recommandations nutritionnelles solides et pertinentes.

 

The Fatty Acid Composition of Human Follicular Fluid Is Altered by a 6‐Week Dietary Intervention That Includes Marine Omega‐3 Fatty Acids.

Article publié le 12 octobre 2020 dans Lipids.

Lien (open access) : https://doi.org/10.1002/lipd.12288