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La recherche bat actuellement son plein pour trouver un traitement contre la Covid-19 ou, a minima, pour réduire le risque de formes graves du virus. Il est en effet aujourd’hui acquis qu’il existe une grande variabilité dans la sensibilité au virus : si certaines personnes sont asymptomatiques, d’autres sont à risque de développer des formes bien plus graves, conduisant au décès. Dans ce contexte, la nutrition humaine n’est pas en reste. De nombreux actifs ont été proposés.
Une attention toute particulière a été accordée au statut en vitamine D. La vitamine D joue en effet un rôle dans le système immunitaire, et notamment dans les infections respiratoires. Spécifiquement en lien avec la Covid-19, la vitamine D pourrait, selon plusieurs hypothèses, réduire l’emballement du système immunitaire et le fameux « orage cytokinique » à l’origine de nombreuses formes graves du virus. Courant 2020, l’Académie de Médecine avait ainsi souligné l’utilité de la vitamine D, préconisant notamment le recours à la supplémentation pour les personnes âgées de plus de 60 ans atteintes de Covid-19 et présentant une carence en vitamine D. L’Académie de Médecine avait également insisté sur le fait que la vitamine D ne pouvait en aucun cas être considérée comme un traitement contre la maladie.
Dans cette étude, des chercheurs américains ont suivi dans le temps les infections à la Covid-19 au sein d’un groupe de population, en lien avec l’usage de compléments alimentaires. Il s’agit de la toute première étude du genre (étude épidémiologique prospective) : les études épidémiologiques existantes ne comportaient en effet pas de suivi dans le temps. L’usage de compléments a été mesuré par un questionnaire alimentaire. Les taux circulants de vitamine D ont également été évalués au tout début de l’inclusion des personnes dans l’étude, c’est-à-dire entre 2006 et 2010. Le questionnaire alimentaire a également permis aux chercheurs de voir l’impact de la consommation de compléments en d’autres vitamines (A, groupe B, C et E) et minéraux (calcium, zinc, fer, sélénium).
Le résultat principal de l’étude concerne l’association significative entre l’usage de compléments en vitamine D, et un moindre risque d’infection à la Covid-19. Pour autant, les taux circulants de vitamine D (déterminés certes entre 2006 et 2010) n’étaient pas associés au risque d’infection à la Covid-19. De la même manière, aucune des supplémentations en autres vitamines et minéraux n’étaient associés au risque d’infection au virus.
Bien que les auteurs de l’étude mettent l’accent sur l’utilité potentielle des suppléments en vitamine D, ce résultat doit être mis en regard de la non-association entre taux circulants de vitamine D et risque d’infection à la Covid-19. D’ailleurs, les auteurs ne discutent pas vraiment de ce dernier résultat, pourtant tout aussi important que le premier. En effet, l’usage des suppléments en vitamine D a été évalué sur la base d’un questionnaire déclaratif, sujet à des biais de déclaration bien connus et surtout à des variations de court terme. De l’autre côté, la mesure des taux circulants en vitamine D reflète mieux quelque chose de long terme, donc sans doute plus fiable. De nombreux facteurs peuvent donc influencer les associations retrouvées, et devraient inciter les auteurs à plus de prudence dans leurs conclusions. Par ailleurs, c’est un risque d’infection à la Covid-19 qui a ici été mesurée, et non pas un risque de forme grave de Covid-19. S’il existe des hypothèses mécanistiques pour expliquer un moindre risque de forme grave de Covid-19 par la vitamine D, les données concernant le risque d’infection sont encore moins probantes. Dans ces conditions, ces résultats doivent inciter à la plus grande prudence, et être validés par des études cliniques appropriés.
Ce qui est certain, c’est qu’il est aujourd’hui important d’assurer un bon statut en vitamine D pour l’ensemble de la population, car les carences en vitamine D sont présentes ; en revanche, le surdosage est à proscrire, pouvant exposer une personne à de multiples dangers. De fait, des cas de surdosage en vitamine D sont de plus en plus observés en France, et pris en charge par les hôpitaux. On rappellera que la vitamine D est liposoluble, et peut donc s’accumuler dans l’organisme (contrairement aux vitamines hydrosolubles, qui peuvent être évacuées plus facilement par les urines en cas d’excès). Ce qui est également certain à l’heure actuelle, c’est que les données scientifiques montrent que seuls les gestes barrière sont efficaces pour se protéger, et réduire significativement le risque d’infection par la Covid-19.
Habitual use of vitamin D supplements and risk of coronavirus disease 2019 (COVID-19) infection: a prospective study in UK Biobank.
Article publié le 29 janvier 2021 dans The American Journal of Clinical Nutrition.
Lien (open access) : https://doi.org/10.1093/ajcn/nqaa381