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Les nitrates (NO3) illustrent à merveille toute la difficulté de la nutrition humaine à considérer si tel ou tel composé est globalement bon pour la santé. Lorsqu’il s’agit de nutrition préventive, les nitrates sont vus sous l’angle des additifs alimentaires (E249 et E250) ayant très mauvaise réputation. En revanche, quand il s’agit de nutrition sportive, les nitrates sont synonymes de bénéfices potentiels, ayant fait l’objet d’intenses travaux de recherches pendant la dernière décennie. En effet, les nitrates peuvent être réduits en nitrites (NO2, qui sont d’ailleurs les additifs E251 et E252) dans l’organisme, celui-ci pouvant par la suite être converti en oxyde nitrique (NO). Or, ce dernier gaz est bien connu comme un vasodilatateur : dans le contexte de l’effort physique, cela signifie un débit sanguin accru vers le muscle, et donc potentiellement de meilleures performances. C’est notamment pour cette raison que plusieurs études ont porté sur le jus de betterave : celui-ci est riche en nitrates, et peut donc faire augmenter la performance physique. Cependant, toutes les études cliniques ne vont pas dans le sens de bénéfices : certaines ont en effet rapporté des effets neutres sur la performance physique. Plusieurs facteurs confondants peuvent expliquer ces différences d’effets, notamment le type d’exercice physique. Des facteurs individuels peuvent également être importants, comme la capacité endogène à convertir les nitrates en nitrites.

La présente méta-analyse vise précisément à pooler l’intégralité des études cliniques de supplémentation en nitrates, pour en dégager une tendance globale. Les auteurs ont donc recherché les études de supplémentation en nitrates en double aveugle avec placebo, chez des jeunes adultes. Pour visualiser l’impact de facteurs confondants (sexe, type d’exercice, etc.), les chercheurs ont également fait des analyses groupées de ces études.

Au total, 80 études cliniques ont pu être incluses dans cette méta-analyse. Globalement, la supplémentation en nitrates améliore significativement la performance physique au cours de l’exercice. Les analyses groupées sont cependant intéressantes : elles montrent curieusement que la supplémentation en nitrates n’a pas d’impact chez les sportives, pas d’impact non plus chez les sportifs entraînés, et que le type d’exercice (aérobie vs. anaérobie) importe peu.

Le fait d’être entraîné semble donc rendre inutile la supplémentation en nitrates, qui n’apporte aucun bénéfice supplémentaire. L’effet sexe est en revanche très intéressant, et suggère des différences de métabolisation des nitrates entre hommes et femmes. Cependant, le nombre de femmes incluses dans les études cliniques est généralement faible, ce qui impacte forcément les conclusions de cette méta-analyse. De plus amples travaux de recherche clinique sont donc à effectuer, avec surtout des volontaires féminines.

 

Ergogenic Effect of Nitrate Supplementation: A Systematic Review and Meta-analysis.

Article publié dans Medicine & Science in Sports & Exercise, volume d’octobre 2020.

Lien (open access) : https://doi.org/10.1249/MSS.0000000000002363