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Le sélénium (Se) fait partie des micronutriments. A ce titre, il n’est pas synthétisable par l’organisme, et c’est un élément indispensable dans la mesure où il est impliqué dans des processus physiologiques vitaux pour l’organisme. Il faut donc compter sur l’alimentation pour en assurer les apports. Inversement, des apports excessifs peuvent conduire à des risques pour la santé. Les études toxicologiques servent donc à définir des doses pour lesquels la santé humaine n’est pas en danger. Pour les nutriments comme le sélénium, cette dose correspond à la limite supérieure de sécurité (LSS). Aujourd’hui, selon l’âge, la LSS associée au Se varie entre 90 et 300 µg/jour, selon l’Efsa.
La LSS associée au Se a souvent posé question. En général, les études toxicologiques permettent d’identifier des paramètres physiologiques suffisamment puissants pour pouvoir attribuer une toxicité liée à un nutriment en particulier. Or, pour les études sur le Se, les études toxicologiques n’ont pas vraiment pu identifier de tels paramètres. Par ailleurs, plusieurs études scientifiques suggèrent que des forts apports en Se, même en dessous de la LSS en vigueur, sont associés à des risques pour la santé humaine (diabète de type 2 notamment). Tous ces éléments remettent en cause la LSS actuellement en vigueur, mais encore faut-il des études pour identifier avec précision la toxicité du Se.
Cette étude s’est focalisée sur la toxicité du Se administré à des rats et à des dindons, pendant 28 jours. Pour les rats, plusieurs doses ont été administrées : 0, 0,24 (correspondant à l’ANC en vigueur), 2, ou 5 μg Se/g poids corporel. Pour les dindons, les doses sont les suivantes : 0, 0,4 (correspondant à l’ANC), 2, ou 5 μg Se/g poids corporel. L’étude sur deux espèces a pour objectif de dégager une signature toxique du Se, qui serait commune à plusieurs espèces et qui pourrait dès lors être utilisée comme un marqueur fiable de cette toxicité.
Si l’étude n’a pas montré de dysfonctionnements chez les dindons, elles en ont montré chez les rats. Les analyses génétiques ont notamment révélé une sur-régulation d’au moins 27 gènes, constatée chez les rats nourris à hauteur de 2 et 5 µg Se/g poids corporel. Ces 27 gènes sont impliqués dans le métabolisme et le fonctionnement général de l’organisme. Ces résultats sont nouveaux, car cette sur-régulation n’avait pas encore été mise en évidence.
Il est encore trop tôt pour dire que la LSS du Se sera révisée. Les études toxicologiques utilisées pour définir les LSS doivent en effet répondre à des critères et des normes scientifiques bien précises, pour pouvoir être approuvées par les comités d’experts. En attendant, il est toujours utile de rappeler qu’un nutriment en excès peut être toxique pour l’organisme.
Gene Set Enrichment Analysis of Selenium-Deficient and High-Selenium Rat Liver Transcript Expression and Comparison With Turkey Liver Expression.
Article publié le 26 novembre 2020 dans le Journal of Nutrition.
Lien (accès restreint) : https://doi.org/10.1093/jn/nxaa333
Lire également l’éditorial associé à cet article.
Revisiting Selenium Toxicity
Article publié le 9 février 2021 dans le Journal of Nutrition.
Lien (accès restreint) : https://doi.org/10.1093/jn/nxaa433