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L’acide décanoïque est un acide gras saturé à 10 carbones, qui fait partie de la famille des acides gras saturés à chaîne moyenne. Ces derniers sont notamment retrouvés dans les produits laitiers, mais aussi dans l’huile de coprah. Contrairement aux acides gras saturés à chaîne longue, souvent pointés du doigt (acide palmitique, C16:0), les acides gras saturés à chaîne moyenne ont des caractéristiques physico-chimiques assez différentes, ce qui permet d’envisager des effets physiologiques spécifiques. Le régime cétogène, riche en lipides et surtout en triglycérides à chaîne moyenne, possède certains effets physiologiques qui peuvent être expliqués par la présence de ce type d’acides gras.
Dans cette étude, des chercheurs britanniques se sont focalisés sur les aspects moléculaires de l’acide décanoïque, pour tenter d’expliquer les bénéfices associés. Plus précisément, les travaux ont porté sur la voie de signalisation appelée mTORC1 (mechanistic target of rapamycin complex 1), qui contrôle de nombreux processus physiologiques comme la croissance cellulaire ou l’autophagie. Cette voie n’est pas choisie au hasard : plusieurs travaux ont montré que cette voie était réduite suite à un régime cétogène, conduisant notamment à une diminution de la glycémie et de l’insulinémie. Dit autrement, l’hypothèse des chercheurs est que l’acide décanoïque cible cette voie, et contribue aux bénéfices du régime cétogène.
Les expérimentations ont été réalisées sur des Eucaryotes unicellulaires, appelés Dictyostelium. Dans un premier temps, les chercheurs ont effectivement montré que, chez ces espèces, l’acide décanoïque ciblait bien la voie mTORC1, grâce notamment aux caractéristiques physico-chimiques spécifiques de cet acide gras. Dans un deuxième temps, les chercheurs ont testé l’effet de cet acide gras sur des cellules cérébrales de rat, et ont confirmé une diminution de la voie de signalisation. Enfin, dans un troisième temps, des cellules cérébrales de patients humains ont été mises en culture avec cet acide gras : une fois de plus, la voie mTORC1 est bien ciblée.
L’étude, menée sur différents modèles cellulaires, donne donc des indices moléculaires permettant d’expliquer les effets physiologiques du régime cétogène. Des études cliniques de supplémentation en cet acide gras sont sans doute nécessaires pour confirmer cette spécificité d’effet. En tous les cas, cette étude souligne que tous les acides gras saturés ne se valent pas.
Decanoic acid inhibits mTORC1 activity independent of glucose and insulin signaling.
Article publié le 2 septembre 2020 dans Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS).
Lien (accès libre) : https://doi.org/10.1073/pnas.2008980117