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Les recommandations nutritionnelles s’appuyant sur des données probantes sont essentielles pour la qualité de vie, mais aussi l’espérance de vie, des personnes atteintes de diabète. En la matière, et à l’échelle européenne, l’European Association for the Study of Diabetes (EASD) est en charge d’établir ces recommandations. Les dernières recommandations de l’EASD remontant à 2004, il était nécessaire de les mettre à jour, compte tenu de l’évolution des connaissances scientifiques.

Pour établir ces recommandations, la littérature scientifique pertinente a été passée en revue depuis 2004 : essais cliniques et méta-analyses ont été évalués selon l’approche GRADE. Quatre modalités de niveau de preuve ont été retenues par l’EASD : très faible, faible, modérée, ou bien élevée. Les recommandations de l’EASD s’articulent autour de plusieurs points : la prévention du diabète de type 2, le contrôle du poids chez les diabétiques, les apports en glucides, les apports en lipides, les apports en protéines, les préconisations sur les différents aliments, et les préconisations sur les différents régimes.

Globalement, et en dépit du fait que les diabètes soient considérés comme une maladie, l’EASD insiste sur le fait que les recommandations nutritionnelles pour les personnes atteintes de diabète sont à peu près communes aux recommandations nutritionnelles pour la population générale. Ces recommandations concernent essentiellement le diabète de type 2 ; le diabète de type 1 est par moments mentionné. En revanche, les recommandations n’évoquent pas le diabète gestationnel.

 

Prévention du diabète de type 2

  • Les personnes atteintes d’obésité ou de surpoids étant à risque élevé de diabète de type 2, l’EASD recommande une perte de 5% du poids par le biais d’une alimentation restreinte en énergie, ainsi qu’une activité physique accrue (niveau de preuve : élevé)
  • Le contrôle des apports en énergie ainsi que l’activité physique sont préconisés pour le maintien du poids dans des valeurs normales (niveau de preuve : élevé) ;
  • Un mode de vie sain (alimentation saine, pas de tabagisme, etc.) est recommandé pour prévenir les risques de diabète de type 2 (niveau de preuve : modéré).

 

Balance énergétique et contrôle du poids chez les diabétiques

  • Les personnes atteintes de diabète de type 2, également concernées par le surpoids et/ou l’obésité, doivent adopter des mesures qui ont fait leurs preuves scientifiques pour perdre du poids, et maintenir cet état de poids (niveau de preuve : élevé) ;
  • Plusieurs alimentations sont possibles pour favoriser la perte de poids, et peuvent être utilisées, tant que ces alimentations sont en accord avec d’autres recommandations nutritionnelles (niveau de preuve : élevé) ;
  • Ni les alimentations riches en glucides, ni les régimes cétogènes, ne sont efficaces pour la perte de poids (niveau de preuve : élevé) ;
  • La rémission du diabète de type 2 chez les personnes atteintes de surpoids ou d’obésité peut être atteinte par une perte de poids durable (niveau de preuve : élevé) ;
  • Un programme de remplacement du régime alimentaire total à faible teneur énergétique (par exemple, 3 500 kJ/jour [840 kcal/jour] pendant 12 à 20 semaines), fourni par des professionnels de la santé qualifiés, avec des médicaments hypoglycémiants et antihypertenseurs soigneusement ajustés, est recommandé pour obtenir une perte de poids suffisante (10 à 15 % du poids corporel ou plus) afin d’induire une rémission du diabète de type 2. Après la perte de poids, un soutien à long terme de faible intensité pour le maintien de la perte de poids est recommandé (niveau de preuve : élevé) ;

 

Apports en glucides chez les diabétiques

  • Une large gamme d’apports en glucides est acceptable, à condition que les recommandations relatives aux fibres alimentaires, aux sucres, aux acides gras saturés et aux protéines soient respectées (niveau de preuve : modéré) ;
  • En cohérence avec ce qui est énoncé plus haut, les alimentations très pauvres en glucides, à l’instar des régimes cétogènes, ne sont pas recommandés (niveau de preuve : modéré) ;
  • La consommation d’aliments naturellement riches en fibres doit être encouragée (niveau de preuve : élevé) ;
  • La consommation quotidienne de fibres doit être au moins égale à 35 g (niveau de preuve : modéré) ;
  • Les céréales complètes peu transformées, les légumes, les légumineuses, les graines, les noix et les fruits entiers doivent être les principales sources de fibres alimentaires (niveau de preuve : modéré) ;
  • Les aliments enrichis en fibres ou bien les compléments alimentaires à base de fibres, doivent être consommés uniquement lorsque l’alimentation courante ne permet pas de respecter l’apport conseillé en fibres (niveau de preuve : modéré) ;
  • Les aliments à faible index glycémique peuvent être préconisés, à condition que leur composition soit compatible avec les recommandations pour les fibres, les sucres, les acides gras saturés et les protéines (niveau de preuve : modéré) ;
  • Les apports en sucres et sucres ajoutés doivent être plafonnés à 10% de l’apport énergétique total (niveau de preuve : modéré) ;
  • Les édulcorants intenses peuvent être utilisés pour remplacer les sucres dans les aliments et les boissons (niveau de preuve : modéré) ;
  • Le comptage des glucides peut être utilisé pour déterminer la dose d’insuline au moment des repas (niveau de preuve : modéré)

 

Apports en lipides

  • Les lipides alimentaires doivent principalement être apportés par des aliments végétaux riches en acides gras mono- et poly-insaturés (fruits à coque, graines, huiles végétales non hydrogénées et non tropicales) (niveau de preuve : faible) ;
  • Les apports en acides gras saturés et en acides gras trans doivent être plafonnés à 10% et 1% de l’apport énergétique total, respectivement (niveau de preuve : faible) ;
  • Les acides gras saturés doivent être remplacés par des matières grasses végétales contenant à la fois des oméga-6 et des oméga-3, ainsi que des acides gras mono-insaturés (niveau de preuve : faible)

 

Apports en protéines

  • Pour les diabétiques dont le poids est stable et normal, un apport en protéines de 10 à 20 % de l’énergie totale est recommandé pour les personnes âgées de moins de 65 ans dont le débit de filtration glomérulaire estimé est supérieur à 60 mL/min par 1,73 m². Des apports plus élevés (15-20% de l’énergie totale) sont recommandés pour les personnes âgées de 65 ans ou plus (niveau de preuve : faible) ;
  • Pour les personnes atteintes de diabète de type 2 qui présentent un surpoids ou une obésité avec un débit de filtration glomérulaire supérieur à 60 mL/min par 1,73m², un apport en protéines de 23 à 32 % peut être préconisé à court terme (jusqu’à 12 mois) dans le cadre d’un régime amaigrissant (niveau de preuve : faible) ;
  • Pour les personnes atteintes de néphropathie diabétique modérée, un apport protéique entre 10 et 15% de l’apport énergétique total est recommandé (niveau de preuve : faible).

 

Recommandations sur les aliments

  • Les céréales complètes peu transformées et les aliments complets sont recommandés pour améliorer le contrôle de la glycémie, les facteurs de risque cardiovasculaire et le poids corporel (niveau de preuve : modéré) ;
  • Les aliments végétaux et les fruits entiers sont recommandés pour améliorer le contrôle de la glycémie, ainsi que d’autres facteurs de risque cardiovasculaire (niveau de preuve : modéré) ;
  • Les légumes sont recommandés pour améliorer le contrôle de la glycémie, ainsi que d’autres facteurs de risque cardiovasculaire (niveau de preuve : faible) ;
  • Les fruits à coque et les graines sont recommandés pour améliorer le contrôle de la glycémie, ainsi que d’autres facteurs de risque cardiovasculaire, sans augmenter le risque d’obésité (niveau de preuve : modéré) ;

 

Recommandations sur les profils alimentaires et les différents régimes

  • Le régime méditerranéen améliore la glycémie et les facteurs de risque cardiovasculaire (niveau de preuve : modéré), et réduit le risque de maladies cardiovasculaire ainsi que le taux de mortalité toutes causes confondues (niveau de preuve : de faible à modéré) ;
  • Le régime nordique, ou scandinave, améliore l’indice de masse corporelle (niveau de preuve : élevé), les facteurs de risque cardiovasculaire (niveau de preuve : faible à modéré), et réduit le risque de maladies cardiovasculaires (niveau de preuve : faible à modéré) ;
  • Les régimes végétariens améliorent la glycémie et les autres facteurs de risque cardiovasculaires (niveau de preuve : modéré).

 

Evidence-based European recommendations for the dietary management of diabetes.

Article publié le 17 avril 2023 dans Diabetologia.

Lien (accès restreint) : https://doi.org/10.1007/s00125-023-05894-8