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Marie Deniel. D’après La Lettre INRA aux entreprises « En direct des labos », mars 2011.

Dans les pays industrialisés, les régimes alimentaires se sont appauvris en acides gras essentiels et le rapport entre Oméga 6 et Oméga 3 n’a cessé d’augmenter ces dernières décennies. Or, les lipides sont des éléments indispensables au fonctionnement du système nerveux.

Des équipes de Recherche Inserm (Unité Inserm 862 “Neurocentre Magendie” Bordeaux et Unité 901 “Institut de Neurobiologie de la Méditerranée Marseille ») et INRA (Unité Inra 1286 “Nutrition et Neurobiologie Intégrée”, Bordeaux) ont émis l’hypothèse qu’une malnutrition chronique dès le développement intra-utérin, influence l’activité des neurones impliqués dans les comportements émotionnels (dépression, anxiété, …) à l’âge adulte.

Les chercheurs ont fait suivre à des souris un régime reflétant ce déséquilibre entre acides gras Oméga 3 et Oméga 6. Ils ont découvert que le déficit en Omega 3 dans le cerveau perturbe la transmission nerveuse. En effet, on observe que les récepteurs cannabinoïdes – stratégiques pour la transmission nerveuse – voient leur fonction abolie. Ce dysfonctionnement neuronal s’accompagne de comportements dépressifs chez ces souris mal nourries.

Le système cannabinoïde endogène est largement exprimé dans le système nerveux central où il participe à la transmission synaptique. Sur le plan physiologique et comportemental, ce système est fondamental dans la douleur, l’apprentissage, la prise alimentaire et les comportements émotionnels.

Ainsi, les chercheurs ont découvert que chez les souris soumises au régime alimentaire déficient en oméga 3, la plasticité synaptique dépendante des récepteurs cannabinoïdes (CB1R), est perturbée aux niveaux du cortex préfrontal et du noyau accumbens, deux structures impliquées dans la motivation, la récompense et la régulation émotionnelle.

Ces résultats viennent corroborer les études cliniques et épidémiologiques ayant mis en évidence des associations entre un déséquilibre Oméga3/Oméga6 et les troubles de l’humeur, expliquent Olivier Manzoni et Sophie Layé. Pour déterminer si les déficits en Oméga 3 sont responsables de ces désordres neuropsychiatriques, des études complémentaires sont bien sûr nécessaires. 

Référence : Mathieu Lafourcade, Thomas Larrieu, Susana Mato, Anais Duffaud3, Marja Sepers, Isabelle Matias,Veronique De Smedt, Virginie Labrousse, Lionel Bretillon, Carlos Matute, Rafael Rodríguez-Puertas, Sophie Layé, and Olivier J. Manzoni. “Nutritional Omega-3 deficiency abolishes endocannabinoid mediated neuronal functions“. Nature Neuroscience 14, 345–350, Published online 30 January 2011.