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Pour bientôt, l’étiquetage nutritionnel sur les boissons alcoolisées ?

Alors que les pays développés connaissent une épidémie de surpoids et d’obésité, l’attention portée aux apports caloriques s’impose. Ceux liés à l’alcool sont une information utile pour le consommateur qui souhaite équilibrer son alimentation. Or, il n’existe toujours pas d’obligation de transparence à ce niveau pour les boissons alcoolisées.

Et pourtant, un petit coup d’oil sur l’étiquette pourrait en refroidir plus d’un ! Visez un peu la facture calorique d’une coupe de champagne : 90 kcal, c’est plus qu’une petite portion de beurre :-/ On sait bien qu’alcool et santé ne font pas bon ménage, qu’il faut absolument l’éviter à certaines périodes de la vie. Cependant l’impact plus insidieux d’une consommation régulière de boissons alcoolisées – souvent également sucrées (liqueurs, vins doux.) – sur le poids est probablement mal appréhendé (sous-estimé ?). On sait déjà que l’organisme ne prend pas en compte de la même manière les apports caloriques lorsqu’ils viennent des boissons ou des aliments. Alors en y rajoutant quelques grammes d’alcool…

Plusieurs fabricants sont déjà engagés dans les campagnes de transparence vis-à-vis du consommateur, notamment Pernod Ricard et les principaux producteurs mondiaux de bière, vin et spiritueux, réunis au sein de l’International Alliance for Responsible Drinking. Inutile toutefois de chercher l’information sur les étiquettes : ces données ne sont pour l’instant disponibles que sur les sites internet des marques concernées. Un QR code devrait assurer le relais entre le packaging et ces informations, mais le digital est-il réellement suffisant ? D’autant que la réglementation actuelle prévoit que lorsque les valeurs nutritionnelles sont indiquées volontairement, elles peuvent être limitées à la valeur énergétique ! (Règlement n°1169/2011, Art. 30 point 4). Difficile d’évoquer un problème de « place sur l’étiquetage »…

Aujourd’hui, les seules mentions obligatoirement communiquées sur la composition des boissons titrant plus de 1,2 % d’alcool, sont le titre alcoométrique et les allergènes présents. C’est très limité ! La Commission européenne a adopté en mars 2017 (avec 3 ans de retard.) un rapportconcernant la mention obligatoire, sur l’étiquette des boissons alcoolisées, d’une liste des ingrédients et d’une déclaration nutritionnelle. Elle a invité les fabricants à élaborer dans un délai d’un an une proposition d’autoréglementation pour généraliser la mention de ces informations sur toutes les boissons alcoolisées. Le rapport précise que « sur la base des informations examinées, la Commission n’a relevé aucun motif objectif justifiant l’absence d’informations relatives aux ingrédients et d’informations nutritionnelles sur les boissons alcoolisées ».

En octobre 2017, la commission ENVI du Parlement européen (environnement, santé publique et sécurité alimentaire) publiait son avis sur le projet de révision de la réglementation des boissons alcoolisées. Les amendements déposés couvrent un large éventail de dispositions de la proposition de la CE, en particulier les informations nutritionnelles sur les étiquettes des boissons. Le projet de règlement et ses annexes devraient être prochainement soumis au vote en commission parlementaire. En attendant, l’administration française « encourage vivement » les mentions facultatives sur les boissons alcoolisées (DGCCRF, juil. 2017).

Céline Le Stunff, consultante nutrition et affaires réglementaires
FOODINNOV NUTRITION

Interview

Alcool : aliment ou poison ?

Qu’est-ce que l’alcool ?

Il existe plusieurs définitions de l’alcool :

  • Au sens chimique : il s’agit d’une molécule organique, contenant un groupement hydroxyle caractéristique -OH, et de formule générale CnH2n+1OH. Il en existe plusieurs sortes, certains consommables, comme l’éthanol, d’autres toxiques, comme le méthanol. Il est généralement soluble dans l’eau et ne bout qu’à une température très élevée. Il aurait été isolé au Xème siècle par le savant persan Rhazès.
  • Sur le plan pratique, il s’agit d’un liquide incolore et volatil contenant essentiellement de l’éthanol, obtenu par processus chimique ou par distillation de jus fermentés renfermant du sucre.
  • Par abus de langage, l’alcool désigne toute boisson contenant de l’éthanol : vins, bières, eaux de vie, spiritueux…

Qu’est-ce que le degré d’alcool ?

Le degré alcoolique (aussi appelé titre alcoométrique volumique / TAV), correspond au rapport entre le volume d’éthanol contenu dans le mélange et le volume total de ce mélange, à 20 °C. On distingue ainsi les alcools forts (mélanges dépassant 25°, comme les eaux de vie), les alcools moyens (entre 10° et 15°, comme les vins), et les alcools faibles (mélanges autour de 5°, comme la bière, le cidre…).

L’alcool est-il un nutriment ?

Le fait que son équivalent énergétique est de 7 kcal par gramme, suffit-il pour élever l’alcool au rang de « nutriment » ? Cette qualification ne dépend pas d’un pouvoir calorigène : les sels minéraux, les vitamines sont bien des nutriments, même s’ils sont privés de potentiel énergétique. Mais si l’alcool ne nous est pas indispensable, nous sommes tout de même capables de le métaboliser. L’éthanol introduit dans l’organisme est absorbé très rapidement et presque entièrement oxydé.

Sur le plan métabolique, que devient l’alcool une fois absorbé ?

Par le passé, la nature de son utilisation par l’organisme a donné lieu à de nombreuses controverses, mais les conclusions suivantes sont aujourd’hui partagées :

  • L’alcool est oxydé sans augmentation des échanges basaux, par conséquent sans utilisation cellulaire.
  • Il n’est presque pas utilisé pour le travail musculaire, quelle que soit l’intensité de celui-ci. Si le travail accompli paraît parfois plus facile ou plus intense, c’est qu’il agit comme un psychoactif stimulant le système nerveux, un peu comme le café. Mais le bienfait momentané retiré d’un « petit verre » se paie ensuite. Les sportifs le savent bien, qui s’abstiennent d’autant plus que l’effort à fournir est prolongé !
  • Les calories dégagées par l’éthanol sont essentiellement utilisées pour la thermogénèse. Cet effet est à double tranchant, car il s’accompagne de la vasodilatation momentanée des vaisseaux périphériques, qui est responsable de la sensation de chaleur ressentie par le consommateur. Or la vasodilatation contribue à dépenser aussitôt une partie des calories produites… On peut tout de même considérer un rôle d’épargne calorique : procurant de l’énergie thermique, c’est autant de moins que l’on aura à demander aux autres nutriments énergétiques, qui seront alors employés pour des tâches plus « nobles ». Lorsque l’alcool fournit des calories superflues, celles-ci se stockent sous forme de graisse.

Comment la consommation d’alcool évolue-t-elle en France, en Europe et dans le monde ?Dans son rapport Global status report on alcohol and health de 2014, l’Organisation Mondiale de la Santé fait état de la consommation d’alcool pur per capita pour chaque pays. C’est au Tchad qu’on remarque la plus grande consommation d’alcool pur avec, en moyenne, 33,9 L/pers. (66,3 % via la bière). Viennent ensuite les Indiens avec 28,7 L/pers. (93,1 % via les spiritueux). Un Allemand quant à lui boit 14,7 L (53,6 % via la bière), un Français 12,9 L (56,4 % via le vin, 23 % via les spiritueux et 19 % via la bière), un Américain 13,30 L (50,0 % via la bière).

Quelles sont les évolutions plus spécifiques à la France ?

Un Baromètre de la consommation des boissons alcoolisées, fondé sur les indicateurs calculés par trois instituts d’études (Kantar Worldpanel, NPD Group, IFOP) est réalisé tous les ans en France par l’association Avec Modération ! L’édition 2017 révèle une diminution sensible des volumes de boissons alcoolisées achetés par les ménages, le recul le plus important depuis 2007 (-1,8 L sur un an et -10 L depuis 2007). Cela correspond à 7 unités d’alcool en moins sur un an. Les Français achètent un peu moins souvent, et des volumes toujours moins importants. Mais le budget moyen de chaque acte d’achat reste stable : on observe un phénomène de montée en gamme depuis plusieurs années.

Les Français restent des consommateurs d’alcool occasionnels, avec une diminution tendancielle de l’usage quotidien, aujourd’hui inférieur à 10 %. La majorité consomment des boissons alcoolisées moins d’une fois par semaine (dont 18 % jamais, en baisse de 4 points cependant). Le nombre de consommateurs quotidiens a reculé de 6 points en 7 ans (9 %) et compte surtout des hommes (13 % contre 6 % des femmes) et des personnes plus âgées (15 % des 60-70 ans contre 2 % des 18-25 ans).

Par ailleurs, la nouvelle tendance en France est de consommer de l’alcool à domicile et non plus dans les lieux qui autrefois étaient propices à la consommation comme les bars et les restaurants. La prévention routière, la crise financière et l’interdiction de fumer dans les lieux publics sont des facteurs ayant encouragé cela.

Comment mesure-t-on l’alcoolémie ?

L’alcoolémie, c’est-à-dire le taux d’alcool dans le sang – parler de « taux d’alcoolémie » est donc un pléonasme – dépend du volume de boisson(s) ingéré, du degré d’alcool de cette (ces) boisson(s), mais également de la corpulence de l’individu, de son sexe et de son état de santé général : fatigue, stress, tabagisme… Le temps écoulé depuis l’ingestion, ainsi que la présence d’aliments dans l’estomac, influent grandement sur l’alcoolémie.

Ce taux se mesure en grammes d’alcool pur par litre de sang (ou mg/100 mL de sang), ou en mg d’alcool pur par litre d’air expiré. Les deux valeurs sont très différentes : 1 g/L de sang équivaut à 0,5 mg/L d’air expiré.

Que représente « un verre » d’alcool ?

Quelle que soit la boisson alcoolisée, un « verre » représente à peu près la même quantité d’alcool, soit 10 g d’alcool pur. Les doses servies dans les débits de boisson sont en effet normalisées : 25 cL de bière à 5°, 12,5 cL de vin (10° à 12°), 3 cL d’alcool distillé à 40° (whisky, gin.) contiennent chacun environ 10 g d’alcool pur. Chaque verre consommé fait en moyenne monter le taux d’alcool de 0,20 g/L à 0,25 g/L.

L’alcoolémie peut monter plus rapidement pour les individus les plus minces, les femmes ou les personnes âgées : un verre peut ainsi représenter 0,30 g/L supplémentaire. À consommation égale sur une même période de temps, un homme aura généralement un taux moins élevé qu’une femme : ses masses corporelle et musculaire étant plus grandes, l’alcool trouve davantage de volume de distribution dans le corps de l’homme, et demeure moins confiné au niveau sanguin

A quel moment l’alcoolémie est-elle maximale ?

L’alcoolémie maximale est atteinte ½ h après absorption à jeun, ou 1 h après absorption au cours d’un repas. En France, il est interdit de prendre le volant en dépassant 0,5 g/L de sang ou 0,25 mg/L d’air expiré. Dans plusieurs pays – Hongrie, République tchèque par exemple – le taux d’alcool maximal au volant est de 0 g/L.

Peut-on présenter une alcoolémie sans avoir consommé d’alcool ?

Effectivement, certaines personnes peuvent présenter une alcoolémie endogène, autrement dit une production bactérienne intra-digestive d’éthanol à partir des sucres ingérés (Dahshan, 2001 ; Cordell, 2013 ; Welch, 2016 ; Hafez, 2017). Le microbiote joue un rôle essentiel dans ce processus de fermentation humaine (auto-brewery syndrome). Chez tous les cas décrits, une pathologie intestinale a été diagnostiquée. La levure à l’origine de cette auto-fermentation, Saccharomyces cerevisiae, est très commune : elle se trouve dans le pain, la bière, le vin… et est justement utilisée par l’industrie pour produire de l’alcool. Normalement, la digestion permet d’éliminer ces levures. Mais lorsque la flore intestinale est trop endommagée, ces levures restent et fermentent les sucres dans l’intestin.

Comment élimine-t-on l’alcool ?

80 % de l’alcool est absorbé au niveau de l’intestin (20 % au niveau de l’estomac). Il est ensuite principalement éliminé par le foie, via une déshydrogénation enzymatique. Cette voie est rapidement saturée : la vitesse de dégradation demeure ainsi constante chez un individu donné : on ne peut l’augmenter (ou la diminuer) par un quelconque moyen.

Selon l’activité de l’enzyme alcool-déshydrogénase, la vitesse de dégradation peut varier de 0,10 à 0,25 g/L/h selon les individus (en moyenne 0,15 g/L/h). Il faut donc au foie 1h30 pour dégrader l’alcool contenu dans un verre. Cette valeur peut doubler pour les individus les plus minces, les femmes et les personnes âgées.

Quels sont les effets immédiats de l’alcool ?

L’alcool agit principalement sur le système nerveux central, et provoque, dès que l’alcoolémie dépasse les 0,5 g/L de sang, les effets suivants sur la plupart des sujets : rétrécissement du champ visuel et augmentation de la sensibilité à l’éblouissement ; altération de l’appréciation de l’espace et notamment des distances ; diminution des réflexes et augmentation du temps de réaction (1 sec environ en temps normal, mais 1,5 sec dès 0,5 g/L) ; surestimation de ses capacités. L’effet généralement euphorisant de l’alcool peut induire des comportements périlleux : rouler à une vitesse excessive, se montrer agressif. Mais une forte alcoolisation induit un état d’apathie et de somnolence, augmentant la vulnérabilité à l’environnement et diminuant les capacités à se défendre ou à réagir en cas de problème.

L’intoxication est sévère au-delà de 3 g/L, avec risque de coma éthylique élevé (le buveur tombe dans un sommeil profond et ne répond que très difficilement aux stimuli), risques d’hypothermie et d’hypoglycémie. A partir de 3,8 g/L, le sujet risque la mort. Au-delà de 5 g/L, la mort devient fortement probable.

Boire beaucoup d’alcool lorsqu’on fait la fête n’est pas nouveau. Par contre, le binge drinking est un phénomène relativement récent : il consiste à boire le plus possible d’alcool en un minimum de temps, le but recherché étant « l’ivresse pour l’ivresse ».

Boissons énergisantes, dégrisantes, sans alcool…

Quels sont les risques à consommer de manière concomitante boissons alcoolisées et boissons énergisantes ?

Les boissons « énergisantes » sont censées avoir des propriétés stimulantes tant au niveau physique qu’intellectuel. L’Anses a rendu plusieurs avis à ce sujet depuis 2001. A l’issue de l’analyse des cas rapportés dans le cadre du dispositif de nutrivigilance, la caféine a été considérée comme facteur explicatif majeur. Bien connue pour ses effets excitants , elle l’est aussi pour ses nombreux effets indésirables : anxiété, tachycardie, troubles du sommeil, etc. auxquels nous sommes tous plus ou moins sensibles. D’usage très ancien, sa présentation sous forme de boissons énergisantes fait évoluer les modalités de consommation. En France, 32 % des consommateurs de ces boissons les boivent lors d’occasions festives et 16 % en mélange avec de l’alcool. La combinaison des deux favoriserait les situations à risque dues à une surestimation par la personne de ses aptitudes, ce qui peut l’amener à poursuivre sa consommation d’alcool et à augmenter la prise de risques (Anses, 2016).

Les boissons dégrisantes fonctionnent-elles ?

L’abus d’alcool peut avoir des répercussions le lendemain, le phénomène le plus connu étant celui de la « gueule de bois » : maux de tête, fatigue et déshydratation… Mais aucun « truc » (ingestion de café salé, d’une cuillérée d’huile.) ne permet d’éliminer l’alcool plus rapidement, sa vitesse de dégradation par le foie étant constante. En octobre dernier, le PDG d’Outox, le soda «anti-gueule de bois», a écopé de 30 000 ? d’amende pour « pratique commerciale trompeuse » (Le Figaro, oct. 2017). À sa sortie sur le marché français en juin 2010, cette boisson, composée notamment de fructose et d’acide ascorbique, était présentée comme un safety drink (boisson de sécurité) permettant d’«accélérer la baisse naturelle du taux d’alcool » et de « prévenir les lendemains difficiles». Ces deux nutriments «stimulent la fabrication des enzymes qui viennent décomposer l’alcool par oxydation en CO2 et en eau, pour être ensuite éliminés par les voies naturelles», expliquait l’entreprise dans son argumentaire. Dans un avis de 2010, l’Anses avait souligné qu’aucune étude n’apportait la preuve que le mélange fructose/vitamine C ait un effet notable sur le taux d’alcool dans le sang. Ceci avait conduit la DGCCRF à demander à la société de supprimer ces allégations.

Comment les boissons « sans alcool » sont-elles fabriquées ?

Les bières sans alcool sont pour la plupart obtenues en limitant le taux de sucre lors du brassage, puis en raccourcissant l’étape de fermentation. Du gaz carbonique est ensuite ajouté (les bulles provenant normalement de la fermentation). La désalcoolisation par osmose inverse (filtration membranaire) est un procédé plus récent, davantage appliqué au vin. Il est très efficace mais relativement coûteux.

 

Y-a-t-il une limite de consommation en dessous de laquelle on ne court pas de risque ?

Il n’y a pas de consommation d’alcool sans risque, mais des consommations à faible, moyen ou fort risque. Ces risques augmentent au cours de la vie avec la quantité consommée. A long terme, la consommation d’alcool est une cause d’apparition de nombreuses maladies, parfois mortelles, comme la cirrhose du foie, certains cancers dont ceux de la bouche, de la gorge, du foie et du sein et certaines maladies cardiovasculaires.

Quatre cancers sur dix résultent de l’exposition à des facteurs de risque liés à nos modes de vie et comportements, et sont donc évitables. L’alcool est le 2ème facteur de risque de cancer en France, après le tabac. Plus de 15 000 décès par cancer lui sont imputables chaque année.

Il n’existe pas de seuil clair qui permettrait à coup sûr de limiter les risques pour la santé tout au long de la vie… Toutefois, un avis d’experts récent (Santé Publique France, 2017) a tenté de définir des risques acceptables et propose une valeur repère unique pour les deux sexes : 10 verres standard par semaine, et pas plus de 2 verres standard par jour. Il est par ailleurs recommandé d’avoir des jours dans la semaine sans consommation.

La consommation régulière excessive concerne majoritairement les hommes de plus de 40 ans. Que cela soit par habitude ou pour gérer le stress professionnel ou de la vie quotidienne, la banalisation de la consommation rend extrêmement difficile d’envisager qu’elle puisse poser problème. Sans prise de conscience, l’aboutissement d’un tel mode de consommation peut être l’alcoolo-dépendance.

A partir de quand est-on dépendant vis-à-vis de l’alcool ?

La dépendance à l’alcool est définie par un besoin de boire qui peut cohabiter avec l’envie d’arrêter ou de reprendre le contrôle de sa consommation. Elle s’installe souvent de manière insidieuse. Dans un premier temps, les effets euphorisants et relaxants de l’alcool sont recherchés, sans que la personne en soit toujours consciente. Elle y trouve un réconfort qui lui permet de relâcher la pression face à des difficultés, « d’oublier » ses problèmes ou de combler des moments de vide.

À plus ou moins long terme, la personne devient dépendante. Tout d’abord, elle développe une tolérance, et doit boire des quantités plus importantes pour ressentir les effets recherchés. Vient ensuite un moment où elle ne boit plus pour ce que lui procure l’alcool, mais par nécessité : elle cherche à éviter le manque. La dépendance physique se traduit par le ressenti de ce manque qui, faute d’une nouvelle prise d’alcool, peut induire un syndrome de sevrage: anxiété, tremblements, suées, agitation, vertiges, tachycardie, fièvre et, dans les cas les plus graves, crise d’épilepsie et delirium tremens qui peuvent être mortels.

La dépendance psychologique est en lien avec la place que l’alcool a pris dans la vie de la personne qui boit. L’alcool étant devenu l’un de ses piliers, il lui est difficile d’envisager de vivre sans. Lorsqu’elle arrête, elle est fragilisée par l’absence de cette « béquille » et doit affronter des difficultés que l’alcool permettait d’occulter. C’est la raison pour laquelle une personne alcoolo-dépendante doit le plus souvent être aidée pour réussir à arrêter.

Quelles sont les recommandations actuelles en termes de consommation d’alcool ?

L’avis de SPF, publié en mai 2017, rappelle les conseils à délivrer au grand public. Pour chaque occasion de consommation, il est ainsi recommandé de :

  • réduire la quantité totale d’alcool bue,
  • boire lentement, en mangeant et en alternant avec de l’eau,
  • éviter les lieux et les activités à risque,
  • s’assurer d’être entouré de personnes de confiance et de pouvoir rentrer chez soi en toute sécurité.

D’une façon générale, l’option la plus sûre est de ne pas consommer d’alcool dans les situations suivantes :

  • Pendant toute la durée de la grossesse et de l’allaitement,
  • Pendant l’enfance, l’adolescence et toute la période de la croissance (pas avant 15 ans dans tous les cas),
  • En cas de conduite automobile, pratique de sports à risque,
  • En cas de consommation de certains médicaments (notamment les antidépresseurs et tranquillisants), et d’existence de certaines maladies.

Le conseil d’éviction par les femmes enceintes est-il suivi ?

L’alcool est à éliminer totalement dès le début d’une grossesse car il passe très bien dans le placenta et risque d’entraîner des malformations du bébé (Cf. Lettre n°13). Pendant l’allaitement le même comportement est recommandé : l’alcool passe directement dans le lait et alcoolise le bébé. Les recommandations en France sont claires : zéro alcool pendant la grossesse. Les pouvoirs publics prônent l’abstinence totale, car même consommé en faibles quantités, l’alcool peut avoir des conséquences très graves sur le fotus. La consommation pendant la grossesse est ainsi la première cause de handicap mental d’origine non génétique chez l’enfant. La prévalence du syndrome d’alcoolisation fotale (SAF) dans le monde occidental est estimée entre 0,5 et 3 pour 1000 naissances vivantes, tandis que les troubles causés par l’alcoolisation fotale (TCAF) sont estimés à 9 pour 1000 naissances vivantes.

Cette recommandation peut paraître « stricte », mais le problème est que l’on ne sait pas précisément à partir de quelle quantité des troubles, mêmes discrets, apparaissent. Et ceux-ci affectent très différemment les individus. Par principe de précaution, le zéro est préconisé. C’est aussi un repère autour duquel il est facile de communiquer. Les résultats de la cohorte Elfe (18041 femmes ayant accouché en 2011) montrent pourtant que 40 % déclarent avoir bu de l’alcool au cours de leur grossesse (Melchior M, 2015).

French Paradox

Le French Paradox désigne l’étonnante contradiction entre la richesse en matières grasses saturées et en vins du régime alimentaire français (notamment dans le Sud-Ouest et sur le pourtour méditerranéen), et la meilleure santé cardiovasculaire des Français, en comparaison avec les Anglo-saxons. Serge Renaud et Michel de Lorgeril ont proposé une explication dans un article du Lancet en 1992 : les Français faisaient moins de thrombose dans leurs artères coronaires parce qu’ils buvaient du vin, lui-même ayant un effet antiplaquettaire. Cet article fut très commenté. En effet les épidémiologistes à l’époque avaient l’habitude d’expliquer les accidents vasculaires par le cholestérol.

La théorie suscita tout de même beaucoup de travaux scientifiques. Au final, il semblerait qu’un bon nombre d’études épidémiologiques montrent qu’à facteurs de risque équivalents, les Français seraient protégés par une consommation régulière mais faible ou modérée d’alcool (revue récente dans Circulation Haseeb, 2017). Ceci ne fait toujours pas consensus dans le milieu scientifique et les débats se poursuivent. Les propriétés bénéfiques du vin (en particulier celles des polyphénols du vin rouge, mais aussi celles de l’éthanol lui-même) continuent d’être étudiées de près. Le vin aurait un effet antioxydant, augmenterait le bon cholestérol HDL et diminuerait la coagulabilité du sang. Louis Pasteur disait déjà en 1866, dans ses Etudes sur le vin, que celui-ci était « la plus saine, la plus hygiénique des boissons ».

 

Vient de paraitre

Troubles des conduites alimentaires de l'enfant et de l'adolescent

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Salons & Évènements

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28 au 31 janvier 2018, Cologne

Journée annuelle de l'Institut Benjamin Delessert - l'inflammation

2 février 2018, Paris 7ème, Maison de la Chimie

Végétalisation de l'alimentation et impacts nutritionnels : leviers de croissance et de communication - Atelier CCI 35

6 février 2018, Rennes, CCI d'Ille et Vilaine

AgeingFit 2018-2ème édition

6 et 7 février 2018, Nice Acropolis - Palais des Congrès

Nutraceuticals Europe

14 et 15 février 2018, Feria de Madrid

VALORIAL

8, rue Jules Maillard de la Gournerie

35000 Rennes

France

Tél : +33 (0)2 99 31 53 05

Email : valorial@pole-valorial.fr

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