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Traitement miracle contre l’obésité ou effet de mode ? Toujours est-il que les médicaments anti-obésité font parler ! Mais de quoi s’agit-il ?

 

Les GLP-1 sont une nouvelle génération de médicaments au nom issu de l’hormone glucagon-like peptide-1. Ce traitement avait initialement été développé pour traiter le diabète de type 2 mais s’avère finalement très prometteur en matière de lutte contre le surpoids et l’obésité.

 

Comment fonctionnent-ils ?

En stimulant la sécrétion d’insuline, ils amènent une sensation de satiété qui ralentit le processus de digestion, l’estomac se vide ainsi plus lentement. Ils ont donc pour effet de réduire l’appétit et de diminuer la prise alimentaire. Les études ont ainsi montré une perte de poids de 15 à 20% en moyenne après 1 injection hebdomadaire sur 3 mois de cure. Après cette perte de poids, les patients atteignent généralement un plateau autour duquel ils se stabilisent en continuant la prise du traitement. Aucune donnée n’est disponible à ce jour sur le suivi à long terme des patients et la possibilité de maintenir le poids atteint malgré l’arrêt du traitement. Le traitement peut aussi être mal toléré chez certains patients qui ne reconnaissent pas bien les signaux de faim et de satiété et qui peuvent ainsi manger en excès allant parfois jusqu’à des vomissements. Toutefois, il semblerait qu’à ce stade, la balance bénéfices / risques soit positive en cas d’obésité importante. Le traitement doit aussi être accompagné d’une activité sportive, puisque la perte de masse grasse s’accompagne d’une perte de masse maigre, or les muscles conditionnent les dépenses d’énergie au repos.

D’autres effets thérapeutiques de cette molécule sont en cours d’étude, notamment sur les risques cardiovasculaires ou la maladie d’Alzheimer.

 

Quel marché ?

Le marché potentiel pour ces médicaments est colossal puisqu’au-delà des patients diabétiques, ils s’adressent aux 2,5 milliards d’adultes en surpoids et obèses dans le monde. Aux États-Unis, 1 million de personnes seraient déjà utilisatrices de ce traitement qui est autorisé depuis 2021 pour la perte de poids et vendu sous forme de stylos injecteurs. En Europe, l’Agence Européenne des médicaments a autorisé ce traitement amaigrissant en 2022.

En France, le fabricant Novo Nordisk rappelle que le produit n’est pour le moment commercialisé qu’en accès précoce à un petit nombre de patients souffrant d’obésité sévère. Il faudra certainement quelques années pour élargir l’autorisation d’utilisation de ces médicaments aux patients en simple surpoids.

 

Quel impact sur le secteur agroalimentaire ?

Le secteur agroalimentaire s’interroge toutefois sur l’impact de l’arrivée de ce nouveau traitement « miracle ». Aux Etats-Unis, le géant Walmart a fait le constat d’une baisse de la consommation de produits alimentaires par ses clients utilisateurs de ce traitement. De quoi inquiéter toute la chaîne agroalimentaire et plus particulièrement les fabricants de produits de snacking sucrés et de produits apéritif. Des études scientifiques ont montré que les catégories de produits les plus impactées dans les pays où ce traitement est utilisé sont la boulangerie et la biscuiterie industrielle, la charcuterie, les chips et les boissons gazeuses. Le marché des produits minceur (denrées alimentaires allégées, compléments alimentaires à effet minceur) a aussi de quoi s’inquiéter.

A l’inverse, cela ouvre de nouvelles possibilités sur le développement de produits adaptés aux patients utilisateurs de ce traitement, comme des compléments alimentaires ou des denrées alimentaires enrichies permettant de pallier les carences nutritionnelles dues au traitement, notamment sur l’apport protéique.

 

D’un point de vue nutritionnel, ce traitement interroge. Pourrait-il avoir un effet néfaste sur les consommations alimentaires en permettant aux patients de consommer des produits de mauvaise qualité nutritionnelle tout en continuant à perdre du poids ? Ou à l’inverse, est-ce que les utilisateurs auront envie d’aliments moins gras et moins sucrés ? Beaucoup de recherches sont encore nécessaires pour bien comprendre tous les enjeux autour de ce traitement.

 

 

Sources :

 

Capital n°393 paru le 23 mai 2024 – Ce traitement anti-obésité qui menace les géants de la malbouffe

Le Figaro paru le 23 mai 2024 – Les médicaments anti-obésité font bouger les industriels de l’alimentaire

L’Express paru le 15 février 2024 – Médicaments anti-obésité – Demain, tous minces ?