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L’obésité, et les maladies métaboliques de manière générale, résultent d’un ensemble de facteurs : génétiques bien sûr, nutritionnels également, mais le mode de vie en général possède un impact. Le sommeil passe souvent sous les radars, mais plusieurs travaux de recherche ont bien établi le lien entre le sommeil (aussi bien quantitativement que qualitativement), alimentation et santé humaine. En réalité, le sommeil est aujourd’hui reconnu comme un facteur de risque majeur d’obésité chez les enfants. La relation entre sommeil et gain de poids n’apparaît pas évidente au premier abord : un des mécanismes évoqués correspond au contrôle hormonal de l’appétit, qui pourrait être perturbé chez les enfants en manque de sommeil. En bout de chaîne, c’est le fait de manger sans avoir faim (eating in the absence of hunger, EAH) qui est pointé du doigt : cette attitude répond à des stimuli extérieurs, qui pousserait alors à manger alors même que la sensation de satiété est atteinte (par exemple, manger devant la télévision le soir même après un repas satiétogène). A long terme, le fait de manger sans faim au-delà de la satiété conduit à des apports en énergie plus élevés et qui, répétés toute une vie, peut expliquer l’obésité et les maladies métaboliques.

Mesurer l’EAH est cependant difficile. Seules trois études l’ont mesuré jusqu’à présent, avec des résultats mitigés : certaines ont bien retrouvé cette capacité des personnes manquant de sommeil à manger sans avoir faim, mais d’autres non. Par ailleurs, cette question reste toujours ouverte du côté des enfants. C’est pourquoi une équipe néo-zélandaise a mis en place une étude clinique avec plus de 90 enfants, destinée à vérifier l’existence de l’EAH et donc l’impact potentiel d’un manque de sommeil sur la prise alimentaire. Deux conditions expérimentales ont été réalisées : manque de sommeil (coucher une heure après la normale), et « excès » de sommeil (coucher une heure avant la normale). Chaque enfant a réalisé les deux conditions expérimentales, chacune durant deux semaines, et séparées d’une semaine. Au bout de chaque semaine, l’EAH a été mesurée par le protocole suivant : dans un premier temps un repas satiétogène, suivi quelque temps après d’un buffet avec une prise alimentaire sans restriction (ad libitum). L’hypothèse des chercheurs est que les enfants de la condition « restriction » consommeront plus d’aliments du buffet, que les enfants étant en « excès » de sommeil.

Contrairement aux hypothèses des chercheurs, aucune différence entre les deux groupes n’a été constatée en termes de prise alimentaire. Cependant, une explication probable vient d’un effet « apprentissage » constaté pendant l’expérience : les enfants savaient en effet, au moment de leur deuxième condition, qu’un buffet leur serait proposé, et ont donc adapté leur repas antérieur en conséquence. Ce qui a sans doute eu pour effet de « lisser » les potentielles différences entre les deux groupes. Par ailleurs, l’on peut se demander si une restriction d’une heure « seulement » était suffisante pour pouvoir visualiser des effets entre les deux conditions expérimentales.

Du travail reste donc à faire pour mesurer réellement l’EAH, et donc conclure sur sa prépondérance pour expliquer le lien entre manque de sommeil et obésité. Ces résultats ne remettent cependant pas en cause ce lien.

 

 

Eating in the absence of hunger in children with mild sleep loss: a randomized crossover trial with learning effects.

Article publié le 30 juin 2021 dans The American Journal of Clinical Nutrition.

Lien (accès restreint) : https://doi.org/10.1093/ajcn/nqab203

 

Lire également l’éditorial associé à cet article.

Does sleep restriction increase eating in the absence of hunger? Maybe!

Editorial publié le 30 juin 2021 dans The American Journal of Clinical Nutrition.

Lien (accès restreint) : https://doi.org/10.1093/ajcn/nqab214