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Les rôles physiologiques des acides gras oméga-3 à longue chaîne sont bien connus, en particulier sur le cerveau. Les acides eicosapentaénoïque (EPA, C20:5 n-3) et surtout docosahexaénoïque (DHA, C 22:6 n-3) sont en effet impliqués dans la neurogenèse et la plasticité neuronale, en plus de jouer un rôle dans la diminution de l’inflammation de bas bruit. Autant de rôles qui ont poussé de nombreux chercheurs à creuser l’hypothèse d’un lien avec le comportement, et en particulier des symptômes dépressifs. En effet, plusieurs études épidémiologiques ont établi une corrélation entre taux circulants d’EPA et de DHA et sévérité des symptômes dépressifs : plus les taux d’oméga-3 sont élevés, moins la personne serait à risque de développer des symptômes dépressifs. Si de tels résultats étaient confirmés sur le plan mécanistique, il s’agirait d’une justification de plus pour augmenter les apports en oméga-3 par l’alimentation, apports qui demeurent d’ailleurs insuffisants au sein de la population française.

Dans cette étude, des chercheurs néerlandais ont testé l’effet d’une supplémentation en huile de krill, riche en EPA et DHA, sur les symptômes dépressifs chez des adolescents. Cette étude clinique ambitieuse, randomisée et en double aveugle, a duré pendant un an. Les adolescents ont reçu soit une supplémentation en huile de krill (n=133), ou bien un placebo (n=133 également). Dans le groupe expérimental, les participants ont quotidiennement reçu 260 mg d’EPA et 140 mg de DHA, puis 520 mg d’EPA et 280 mg de DHA : pour rappel, les recommandations françaises préconisent quotidiennement 250 mg d’EPA et 250 mg de DHA. Des analyses sanguines ont été réalisées à l’inclusion de l’étude, à 3 mois, à 6 mois et à 12 mois. Enfin, concernant les symptômes dépressifs, ceux-ci ont été mesurés à 6 mois et 12 mois à l’aide de questionnaires.

Conformément à la composition lipidique des suppléments, les chercheurs ont bien constaté une augmentation significative des taux sanguins d’EPA et de DHA chez les adolescents du groupe expérimental. Cependant, contrairement à leurs hypothèses, les questionnaires utilisés n’ont pas permis de montrer une amélioration des symptômes dépressifs chez les adolescents.

Les chercheurs font l’hypothèse d’une mauvaise observance des compléments en huile de krill pour expliquer cette absence de résultats, malgré le fait qu’une augmentation des taux plasmatiques d’EPA et de DHA a bien été constatée. Est également souligné le choix d’évaluer les symptômes dépressifs par un questionnaire auto-rempli, plutôt que par des tests réalisés par des personnels qualifiés. Plus d’études cliniques sont donc nécessaires pour confirmer les résultats d’études épidémiologiques reliant taux circulants d’oméga-3 et symptômes dépressifs.

 

Effect of one year krill oil supplementation on depressive symptoms and self-esteem of Dutch adolescents: A randomized controlled trial.

Article publié le 12 novembre 2020 dans Prostaglandins, Leukotrienes and Essential Fatty Acids (PLEFA).

Lien (open access) : https://doi.org/10.1016/j.plefa.2020.102208