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L’heure est à la recherche de protéines végétales qui pourraient être des alternatives aux protéines animales. Si l’attention se porte surtout sur le remplacement des protéines carnées avec des alternatives végétales désormais disponibles sur le marché, l’alternative aux protéines laitières relève d’un plus gros challenge. En effet, les protéines de lait occupent une place de choix s’agissant de la stimulation de la synthèse protéique, et donc de la prise de masse musculaire. Les scientifiques s’accordent sur le fait que l’aminoacidémie postprandiale, et en particulier les taux circulants de leucine, sont déterminants pour cette stimulation. Parce que les protéines de lait, et notamment les protéines de colostrum, sont riches en leucine et rapidement absorbables, celles-ci sont devenues le gold-standard pour stimuler la synthèse protéique. Cela s’applique aussi bien pour les sportifs, que pour les besoins des personnes dénutries voire atteintes de sarcopénie (DADFMS).
De ce point de vue, très peu de données sont disponibles pour les protéines végétales qui semblent intuitivement moins efficaces que les protéines de lait. Sur le plan scientifique, leur moindre teneur en leucine, ainsi que leur absorption plus lente que les protéines de lait, les rendent moins efficaces : ceci est bien établi en comparant protéine de soja avec protéine laitière.
Les protéines de champignons (mycoprotéines) ont un aminogramme intéressant, proche de celui des protéines carnées et de la protéine d’œuf, malgré une teneur en leucine inférieure à celle des protéines laitières. Cette étude vise précisément à avoir des données concernant l’absorption, les taux d’acides aminés post-prandiaux et la stimulation de la synthèse protéique après ingestion de mycoprotéines (fusarium venenatum), pour évaluer son potentiel face aux protéines laitières (référence). Pour cela, 20 volontaires ont été répartis en deux groupes, consommant un bolus soit de protéines laitières soit de mycoprotéines. Les volontaires ont ensuite été soumis à un test d’effort unilatéral, impliquant une seule des deux jambes pour avoir un muscle au repos et un muscle à l’effort. Des biopsies musculaires ont été effectuées aux deux cuisses, pour des analyses fines. Des traceurs isotopiques ont été utilisés pour mesurer l’enrichissement en acides aminés, ainsi que le taux de synthèse protéique.
Globalement, et de manière inattendue, les auteurs ont constaté des paramètres équivalents entre les deux groupes. Les auteurs avaient déjà montré que les taux post-prandiaux de leucine étaient équivalents entre les mycoprotéines et les protéines laitières, et un résultat identique est retrouvé dans cette étude. Le pic d’insulinémie post-prandiale, lui aussi déterminant en vue de la synthèse protéique, est lui aussi équivalent entre les deux types de protéines. Concernant la synthèse de masse maigre, que le muscle soit au repos ou à l’effort, elle est légèrement plus favorisée après la consommation de mycroprotéines que de protéines de lait, malgré des paramètres (insulinémie et aminoacidémie) similaire.
Les mycoprotéines semblent donc faire au moins aussi bien que les protéines laitières en termes de synthèse musculaire. Bien que le nombre de sujets soit faible, la précision de l’étude est remarquable, et met en valeur de potentielles alternatives aux protéines laitières.
Mycoprotein ingestion stimulates protein synthesis rates to a greater extent than milk protein in rested and exercised skeletal muscle of healthy young men: a randomized controlled trial.
Article de recherche publié le 21 mai 2020 dans The American Journal of Clinical Nutrition.
Lien (open access) : https://doi.org/10.1093/ajcn/nqaa092
Milk protein loses its crown?
Editorial associé à l’article, publié le 21 mai 2020.
Lien (souscription requise) : https://doi.org/10.1093/ajcn/nqaa112
Crédits d’image : https://pixabay.com/