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Les acides gras trans, de manière générale, ont mauvaise réputation. Ce sont surtout les acides gras trans produits industriellement qui sont concernés par cette mauvaise réputation : dès les années 1990, leur impact délétère sur le métabolisme du cholestérol a été démontré. Les acides gras trans industriels sont produits à l’issue de procédés comme l’hydrogénation partielle, qui a été très utilisée pour les corps gras et leur incorporation dans divers aliments (biscuits, gâteaux, margarines) dans les années 1970 et 1980. Désormais, ces acides gras sont absents des aliments en France.
Ce qui est moins connu, en revanche, c’est qu’il existe aussi des acides gras trans d’origine naturelle. Caractéristique de certaines bactéries, ces acides gras sont retrouvés exclusivement dans les produits de ruminants (laits, viandes). Du fait de leur caractère naturel, se pose nécessairement la question de savoir si ces acides gras peuvent être bénéfiques ou non pour la santé humaine. A l’heure actuelle, on ignore si les acides gras trans naturels sont délétères ou non sur le plan strictement cardiovasculaire, à l’instar de leurs homologues industriels : certaines études affirment que c’est le cas, d’autres non. L’incertitude provient surtout de la très grande difficulté à mettre en place des études cliniques de supplémentation en acides gras trans naturels.
Dans cette étude, des chercheurs ont cherché à en savoir plus sur les effets physiologiques des acides gras trans naturels sur les cellules cardiaques. Il ne s’agit donc pas d’étudier les effets classiques sur le métabolisme du cholestérol (qui sont de toutes façons insuffisamment explorés pour les acides gras trans naturels), mais bien de regarder la signalisation cellulaire qu’induisent ces types d’acides gras dans les cellules cardiaques. Pour ce faire, des modèles in vitro de cellules cardiaques ont été utilisés, et mis en culture en présence d’acide ruménique (C18:2 9-cis, 11-trans). Les chercheurs ont notamment constaté que l’acide ruménique avait une certaine capacité à se lier à la myosine de la cellule cardiaque.
C’est la toute première étude qui montre, de manière très précise, l’action physiologique d’un acide gras trans naturel sur les cellules musculaires cardiaques. L’article conclut dans une approche pharmacologique, et envisage les éventuelles interactions avec différentes stratégies thérapeutiques pour des maladies cardiaques. Difficile pour l’heure de savoir cependant si ces résultats sont positifs ou négatifs pour les acides gras trans naturels ; d’autres études, pré-cliniques sans doute, sont attendues pour voir si ces petits effets cellulaires sont pertinents physiologiquement.
Allosteric modulation of cardiac myosin mechanics and kinetics by the conjugated omega-7,9 trans-fat rumenic acid.
Article publié le 4 mai 2021 dans The Journal of Physiology.
Lien (open access) : https://doi.org/10.1113/JP281563
Lire également l’éditorial associé à cet article.
When fat meets the engine: implications of dietary rumenic acid on myosin-targeting therapies in heart failure.
Article publié le 10 juin 2021 dans The Journal of Physiology.
Lien (open access) : https://doi.org/10.1113/JP281846