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Le fructose est un sucre simple retrouvé aussi bien naturellement dans des fruits, que dans des aliments transformés sous forme de sirop de glucose-fructose. Il a fait l’objet de multiples études notamment sur la santé cardiovasculaire et métabolique. Il est généralement admis que le fructose est absorbé par le foie, puis converti en lipides, ce qui contribueraient à ses effets délétères. Toutefois, les résultats restent incohérents, notamment car les effets métaboliques du fructose peuvent dépendre de sa source, de sa matrice alimentaire d’origine. Ainsi, les boissons sucrées et les fruits contiennent tous les deux du fructose et pourtant l’un est majoritairement associé à des effets négatifs sur l’organisme contrairement à l’autre. Une seule étude s’est concentrée sur ces sources et constate que seules les boissons sucrées et le jus de fruits peuvent avoir des conséquences sur les lipides intrahépatiques.

L’objectif de cette étude est de poursuivre le travail sur l’hypothèse d’une différence d’impact du fructose en fonction de sa source alimentaire.

Pour cela, les données de trois cohortes prospectives sur environ 40 000 adultes américains (cohorte des professionnels de santé, et cohorte des infirmières) ont été retenues et groupées. L’estimation de la consommation de fructose était réalisée par des questionnaires alimentaires : à la fois le fructose total, et le fructose selon trois sources majoritaires (boissons sucrées, jus de fruits, et fruits entiers). Des échantillons de sang ont été prélevés pour l’évaluation de plusieurs paramètres biochimiques : insulinémie, glycémie, mais aussi marqueurs inflammatoires et profil lipidique (cholestérol).

Tout d’abord, les chercheurs ont pu établir des corrélations entre l’apport total en fructose et les paramètres biochimiques circulants. En particulier, une augmentation de 20g/j de fructose (total, quelle que soit la source) était associé à une augmentation des marqueurs pro inflammatoires (de 1.5 à 1.9%), et à une dégradation des marqueurs lipidiques (rapport TG/HDL augmenté de 5.9%).

 Ensuite, au niveau des sources alimentaires de fructose, l’analyse des cohortes a permis de constater que le fructose provenant des boissons sucrées était associé à un profil métabolique altéré (hausse significative du LDL-cholestérol ; baisse significative du HDL-cholestérol ; hausse significative des taux circulants de triglycérides). La consommation de jus de fruits était aussi associée à des paramètres insulinémiques et lipidiques mais de façon moins importante qu’avec les boissons sucrées. Enfin, le fructose provenant des fruits correspondait à un profil métabolique plus favorable.

Les mécanismes responsables de ces évènements pourraient être liés à l’absorption du fructose par GLUT5 et GLUT2 (non régulé par l’insuline), à la stimulation de la lipogenèse hépatique de novo ou à un excès d’apport énergétique conduisant à une modification des paramètres métaboliques. A contrario, en vertu de l’effet matrice, le fructose contenu dans les fruits peut quant à lui être moins rapidement absorbé, et donc être moins à même de stimuler la lipogenèse hépatique de novo.

Cette étude est conforme avec les recherches précédentes montrant la variabilité des effets métaboliques du fructose selon les sources alimentaires. Néanmoins, même si l’étude a réuni un grand nombre de personnes, avec des questionnaires alimentaires sur plusieurs années, elle était de type « transversale » limitant les liens de causalité. De plus, les questionnaires contenaient des informations auto déclarées et la population d’étude était bien spécifique (professionnels de santé).

 

Fructose consumption from different food sources and cardiometabolic biomarkers: cross-sectional associations in US men and women

Publié le 13 janvier 2023 dans The American Journal of Clinical Nutrition

Lien (open access) : https://doi.org/10.1016/j.ajcnut.2023.01.006