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Pendant que l’EFSA ré-évalue la sécurité des édulcorants intenses (l’avis devrait être rendu prochainement), les travaux de recherche se poursuivent sur ces additifs utilisés pour leur pouvoir sucrant, et permettant de réduire les taux de sucre dans les aliments. Comme pour d’autres additifs, c’est sur le microbiote intestinal que les travaux de recherche se concentrent. En 2014, une équipe israélienne avait montré pour la première fois que certains édulcorants intenses (saccharine, sucralose et aspartame) pouvaient modifier la composition du microbiote intestinal, chez des souris. Publiée dans la prestigieuse revue Nature, l’étude avait alors fait grand bruit, et avait renforcé la méfiance des consommateurs vis-à-vis des édulcorants intenses en général.

La même équipe de recherche a cette fois cherché à transposer ces résultats au niveau clinique. Quatre édulcorants intenses ont été testés : les trois qui avaient significativement impacté le microbiote des souris en 2014 (c’est-à-dire saccharine, sucralose et aspartame), plus les glycosides de stéviol (ou stévia). Deux groupes contrôle ont été testés : un groupe contrôle positif (glucose), et un groupe contrôle négatif. Chaque groupe rassemblait 20 volontaires. Pour les groupes supplémentés avec édulcorants, les auteurs ont choisi une dose quotidienne inférieure à la dose journalière admissible (DJA) en vigueur.

De manière globale, tous les édulcorants intenses ont impacté significativement la composition du microbiote oral et le métabolome plasmatique. Plus précisément, la saccharine et le sucralose ont eu un effet significatif et délétère sur la glycémie, en l’augmentant durant des tests de tolérance orale au glucose (tests communément effectués pour vérifier la réponse à une consommation de glucose). Une réponse élevée indique une mauvaise tolérance au glucose, ce qui fait dire aux auteurs que ces deux édulcorants en particulier posent problème. Enfin, les auteurs ont pu transférer une partie du microbiote intestinal des volontaires à des souris dépourvues de microbiote, afin de corréler les changements de glycémie à la composition du microbiote intestinal : et effectivement, les mêmes perturbations glycémiques ont été constatées chez les souris.

Ces travaux confirment donc à l’échelle clinique que les édulcorants intenses modifient la composition du microbiote intestinal. Pour certains comme le sucralose et la saccharine, les réponses glycémiques sont modifiées.

Il revient donc aux agences d’évaluation des risques de juger de la pertinence clinique de ces résultats, sachant qu’il est toujours très difficile d’interpréter des modifications de composition de microbiote intestinal. Concernant la réponse glycémique, des effets significatifs ont bien été constatés, mais avec des hausses équivalentes à 7 mg glucose/dL sang ; sachant qu’une glycémie normale est située entre 70 et 110 mg/dL. Dans son avis exhaustif de 2015, l’Anses n’avait pas pu conclure sur l’impact des édulcorants intenses sur la réponse glycémique, faute de données concordantes.

 

Personalized microbiome-driven effects of non-nutritive sweeteners on human glucose tolerance.

Article publié le 19 août 2022 dans Cell.

Lien (accès restreint) : https://doi.org/10.1016/j.cell.2022.07.016

 

Lire également l’éditorial associé.

A gut reaction: Microbiome-driven glycemic effects of non-nutritive sweeteners.

Article publié le 19 août 2022 dans Cell.

Lien (accès restreint) : https://doi.org/10.1016/j.cell.2022.08.007