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Au moment de choisir les aliments, l’Homme a-t-il l’intuition de sélectionner ceux qui sont bons pour sa santé ? Au début du XXe siècle, plusieurs travaux menés chez des animaux sont parvenus à montrer que ces derniers étaient capables, intuitivement, de sélectionner les aliments sur la base de leur composition perçue en micronutriments. Aucune étude n’a cependant été effectuée chez l’Homme, pour vérifier si notre espèce avait elle aussi la capacité de sélectionner les aliments sur ces bases (entre autres facteurs).
Cette étude originale, menée par des chercheurs expérimentés en comportement alimentaire, vise à mieux comprendre ce processus de choix en lien avec la composition nutritionnelle des aliments. Trois expériences ont été faites dans cette étude :
- La première, menée sur 40 volontaires, visait à présenter six images de fruits ou de légumes : les participants étaient alors amenés à choisir deux images parmi les six. Les chercheurs ont ensuite corrélé les paires sélectionnées, avec le score total en micronutriments ainsi qu’un score de complémentarité entre les micronutriments ;
- La deuxième expérience, très similaire à la première, sauf que les chercheurs ont décidé de tenir compte des connaissances des participants de la composition approximative en micronutriments. Pour ce faire, les chercheurs ont mené la même expérience que la première, sur 83 volontaires, toujours avec l’idée de sélectionner des paires d’aliments (parmi 6 présentés). Chaque volontaire, après la sélection des aliments, s’est vu poser une question sur la richesse des aliments sélectionnés en vitamines et minéraux ;
- Pour la troisième expérience, les chercheurs se sont appuyés sur les données de l’UK National Diet and Nutrition Survey, qui correspond à des enregistrements de consommations alimentaires pendant 7 jours consécutifs de près de 2000 personnes. Pour pouvoir faire le lien avec les deux expériences précédentes, les chercheurs ont trié les aliments enregistrés, pour n’obtenir à l’arrivée que deux aliments par repas : de la même manière que les paires obtenues lors des deux autres expériences. Et, tout comme les deux autres expériences, les chercheurs ont tenté de corréler ces paires avec le score total en micronutriments et la complémentarité en micronutriments.
Sur l’ensemble des expériences, les chercheurs ont constaté une tendance globale à sélectionner des aliments à la fois complémentaires en termes de composition en micronutriments, et aussi avec un score total en micronutriments élevé. Les chercheurs estiment donc que cette composition perçue en micronutriments influence en partie le choix des aliments.
Les chercheurs attribuent ces résultats à une perception perçue en termes de micronutriments ; cependant, cette perception pourrait tout aussi bien être due à l’attirance vers une certaine variété alimentaire, telle que montrée dans les deux premières expériences (les paires d’aliments identiques étant rarement choisies). Par ailleurs, et pour faire le lien avec les maladies chroniques caractéristiques des sociétés occidentales, un aliment ne peut se résumer à une composition en micronutriments ; d’autres caractéristiques des aliments sont cruciales, et non prises en compte dans cette étude. Par conséquent, cette « sagesse nutritionnelle », telle que les auteurs la nomment, doit être relativisée.
Micronutrients and food choice: A case of ‘nutritional wisdom’ in humans?
Article publié le 18 avril dans Appetite.
Lien (open access) : https://doi.org/10.1016/j.appet.2022.106055