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L’hypertension, caractérisée par une tension artérielle trop élevée, est la pathologie chronique la plus fréquente en France, affectant environ un tiers de la population adulte. Les causes de l’hypertension sont multiples, mais un rapport américain datant de 2017 préconisait de s’intéresser au rôle du microbiote. Mais pourquoi le microbiote ? Le rationnel biologique peut provenir de la capacité du microbiote à synthétiser des molécules qui ont un lien direct avec la tension artérielle : c’est le cas du monoxyde d’azote (NO), qui agit comme un vasodilatateur. Dans ce cas précis, on se fie surtout à la capacité du microbiote, dès la cavité buccale, de pouvoir les nitrates en nitrites, puis en NO. De manière plus indirecte, on peut aussi songer à la modulation de l’inflammation de bas grade par le microbiote intestinal, modulation qui peut, à terme, impacter favorablement la tension artérielle.
Dans le passé, deux études observationnelles ont déjà associé le microbiote oral avec certains paramètres de santé. Dans cette étude, l’objectif est d’obtenir des relations plus solides, par le biais d’un design expérimental prospectif qui s’affranchit du biais de causalité inverse. Pour ce faire, 1215 femmes (moyenne d’âge de 63 ans) ont été recrutées, avec des données d’une part sur leur microbiote oral, et d’autre part sur leur tension artérielle.
Les chercheurs ont pu mettre en évidence, au total, 15 souches bactériennes associées significativement avec la tension artérielle : 10 de ces espèces sont associées positivement (donc risque accru d’hypertension), et 5 de ces espèces sont associées négativement (donc effet protecteur contre l’hypertension). Ces associations sont restées significatives, même après la prise en compte de facteurs potentiellement confondants.
Parmi les bactéries évaluées protectrices figurent des souches impliquées dans le métabolisme de l’azote : c’est ce qui conduit les chercheurs à privilégier cette voie métabolique, pour expliquer le lien entre microbiote oral et tension artérielle. Les chercheurs soulignent néanmoins que d’autres voies ne sont pas à exclure. Dans l’immédiat, d’autres études épidémiologiques sont attendues pour confirmer ces résultats, avant d’envisager des essais cliniques. Ces études sont attendues aussi pour extrapoler les résultats à la population adulte, qui demeure très impactée par l’hypertension artérielle.
Oral Microbiome Is Associated With Incident Hypertension Among Postmenopausal Women.
Article publié le 2 mars 2022 dans The Journal of the American Heart Association.
Lien (open access) : https://doi.org/10.1161/JAHA.121.021930